Dictionnaire international des militants anarchistes
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DAMIANI, Luigi “Gigi”, “Ausinio Acrate” ; “Simplicio”
Né à Rome le 18 mai 1876 – mort le 16 novembre 1953 - Ouvrier peintre - Rome – São Paulo (Brésil) – Marseille (Bouches-du-Rhône) – Puteaux (Hauts-de-Seine) - Barcelone (Catalogne) - Tunis
Article mis en ligne le 9 février 2007
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Luigi Damiani

Orphelin de mère, né dans une famille modeste et religieuse, Luigi Damiani, refusant la religion, avait été placé très tôt dans une maison de correction pour mineurs à Naples. Il y organisait une révolte et tentait de s’enfuir ce qui lui valait d’être emprisonné. A sa libération il allait travailler à Rome dans la boutique de son père. C’est là, qu’en lisant l’histoire de Ravachol dans la presse bourgeoise, il allait découvrir l’anarchisme qui allait devenir pour lui une véritable famille. Dès 1892 il était déjà un actif propagandiste. Son activisme lui valait d’être assigné à résidence en septembre 1894 puis interné à Porto Ercole et à l’isolat de Tremiti, Favignata et Lipari. Revenu à Rome en septembre 1896 il collaborait au journal L’Avvenire sociale (Messine, 31 janvier 1896-26 janvier 1905). Arrêté après la manifestation du 1er mai 1897, il était incarcéré à la prison de Romeo Frezzi.

Le 28 septembre 1897, avec sa compagne Emma Ballerini (voir ce nom), il émigrait au Brésil où il allait s’installer dans l’état de Sao Paolo d’abord à Tieté puis à Alto da Serra. Sa première contribution à la presse anarchiste italienne au Brésil était une poésie (Ad una contessa) paru dans le journal dirigé à São Paulo par Galileo Botti, La Birichina le 28 novembre 1897. Il ne cessera dès lors de collaborer à toute la presse anarchiste apparue à São Paulo tant italienne que portugaise.

Son arrivée au Brésil avait coincidé avec une vague de répression au cours de laquelle avaient été expulsés de nombreux militants italiens dont Felice Vezzani et Arturo Campagnoli. Damiani allait contribuer au réveil du mouvement et à la création, avec Alfredo Mari d’un nouveau journal Il Risveglio (São Paulo, 46 numéros du 9 janvier 1898 au 14 mai 1899). En 1900 il était emprisonné quelques mois sous l’accusation de « violences sexuelles » pour avoir aidé le compagnon José Sarmento à enlever une jeune fille qui par amour, voulait fuir sa famille. Il collaborait également au journal Il Dirito (Curitiba, 32 numéros du 8 octobre 1899 au 11 juin 1902) fondé par Egizio Cini dans l’état du Parana où il allait s’établir en 1902. Il collaborait à cette époque au journal anarchiste brésilien O Despertar publié par José Buzzetti. Il était en même temps le correspondant à Curitiba de La Battaglia (São Paulo, juin 1904- septembre 1912) qui publiera en feuilleton une de ses nouvelles sociales intitulée L’ultimo sciopero.

Il retournait à São Paulo en 1908. En 1911 il remplaçait Oreste Ristori à la tête de La Battaglia puis des titres qui lui succédaient : La Barricata (8 septembre 1912 – 8 mars 1913) et La Barricata/Germinal (16 mars – 17 août 1913). En 1914 il remplaçait Alessandro Cerchiai à la direction de La Propaganda Libertaria (São Paulo, 12 juillet 1913- 31 décembre 1914) et en 1916 Angelo Bandoni à la gérance de Guerra Sociale (São Paulo, 59 numéros du 11 septembre 1915 au 20 octobre 1917). Ses innombrables poésies sociales et articles étaient non seulement un exposé de la théorie anarchiste, mais constituaient également une chronique de la société brésilienne et de la colonie italienne de San Paulo. Parallèlement il participait à toutes les luttes sociales dont la grève générale de juillet 1917 qui sera suivie d’une brutale répression policière. Il collaborait ensuite au journal brésilien A Plebe fondé par Edgard Leuenroth. Après un nouveau mouvement de grève à l’automne 1917, Luigi Damiani - qui avait été membre du Comité de défense du prolétariat aux cotés d’Antonio Duarte Candeias, Francisco Cianci, RodolfoFelipe, Teodoro Municelli et Edgar Leuenroth - était expulsé du Brésil et retournait en Italie.

A son arrivée à Gênes il était arrêté et libéré au bout de vingt jours de prison suite à la campagne menée par le directeur de l’hebdomadaire Il Libertario (La Spezia, 16 juillet 1903 – 26 octobre 1922) de Pasquale Binazzi, auquel il allait collaborer immédiatement ainsi qu’à Guerra di Classe et au quotidien anarchiste Umanità nova (n°1, 26 février 1920) dirigé par E. Malatesta. Après l’arrestation en octobre 1920 de toute la rédaction, il en assurait dans la clandestinité la publication régulière. Après l’attentat contre le théâtre Diana en mars 1921, il reprenait la publication du journal en juillet et la poursuivait jusqu’au 28 octobre 1922, date à laquelle l’imprimerie du journal à Rome était détruite par les fascistes. Luigi Damiani partait alors avec sa compagne Lidua Meloni à Palerme où en juillet 1923 naissait leur fille Valeria. En septembre 1923 il revenait à Rome et fondait l’hebdomadaire Fede (Rome, 16 septembre 1923 – 10 octobre 1926) tiré à 13.000 exemplaires. Il fondait également les mensuels Vita (Rome, 4 numéros de mars à juin 1925) et Parole Nostre (Rome, 8 numéros du 8 février à décembre 1925).

Luigi Damiani (années 1930)

Après l’attentat de Gino Lucetti contre Mussolini, son domicile était perquisitionné le 25 septembre 1926. Le 13 octobre il partait pour Gênes et Milan puis passait clandestinement en France où en novembre il était à Marseille. Il collaborait au journal de Virgilia d’Andrea Veglia (Paris, 8 numéros de mai 1926 à novembre 1927) et fondait le mensuel gratuit Non Molliamo (Marseille, janvier à mars 1927) édité par le Comité Italien d’action antifasciste et dont les trois numéros seront diffusés clandestinement en Italie. C’est à Marseille que naissait en mai 1927 son fils Andrea. Le 30 septembre il était expulsé de France et allait en Belgique. En septembre 1928, avec le compagnon Percino, il était arrêté à Liège pour « une tentativre d’assassinat » de l’agent provocateur Cestari et emprisonné jusqu ‘en décembre. Début 1929 il passait au Luxembourg, puis rentrait clandestinement en France. Après avoir été hébergé chez divers compagnons, dont Damonti à Amiens, il retrouvait sa famille à Puteaux et participait à une nouvelle série de Fede (Paris puis Bruxelles, n°1, 1er mai 1929- 4 avril 1931) dont Virgilio Gozzoli était le directeur. En mars 1930 il était à nouveau arrêté pour “infraction au décret d’expulsion et emprisonné vingt jours.

Retourné en Belgique où il n’était pas autorisé à séjourner, il allait alors séjourner dans divers pays : d’abord à Hambourg où il travaillait comme traducteur, puis après la proclamation de la République à Barcelone où il aurait préparé un plan pour faire sortir Malatesta d’Italie et était, selon la police, membre de l’Office libertaire de correspondance dont le responsable espagnol était Rafael Martinez. En septembre 1931 il était expulsé d’Espagne et gagnait avec sa famille l’Afrique du nord, d’abord à Oran puis en Tunisie où sa compagne allait décéder en décembre 1932. L. Damiani collaborait au journal Domani ainsi qu’à plusieurs titres de la presse anarchiste italienne de l’exil dont L’Adunata dei Refrattari (New York), La Lanterna (Toulon & Marseille, 13 numéros de juillet 1932 à octobre 1934) et Il Risveglio (Genève).

S’agit-il du Damiani qui le 25 octobre 1936 à Marseille, avait été nommé trésorier de la Fédération anarchiste provençale (FAP) aux cotés de Saglietti (secrétaire), Auguste Pascal (secrétaire adjoint), Martial et G. Bacconi ?

Avec avoir obtenu, non sans mal, un laissez passer des autorités françaises, il parvenait à regagner l’Italie en février 1946 et intégrait la rédaction de Umanità nova. Lors du congrès interrégional de la FAI les 21-26 février 1948, il était nommé gérant de l’hebdomadaire. Mais il devait cesser petit à petit ses activités journalistiques suite à la détérioration de sa vision par un glaucome pour lequel il avait déjà été opéré en Tunisie. En juin 1951 il était poursuivi pour “apologie de l’attentat” contre le consulat franquiste de Gênes et était condamné à huit mois de prison. Après une nouvelle opération, il se retirait à Carrare, puis regagnait Rome où le 16 novembre 1953 il décédait.

Œuvres : -L’ultimo sciopero ; -La Repubblica ; - I paesi nei quali non bisogna emigrare, la Questione sociale al Brasile (Milan, 1920) ; - Il didietro del re : memorie di un mancado regicida raccoltre e tradotte da simplicio (Rome, 1921) ; - Il problema della libertà (Rome, 1924) ; - Voci dell’ora, riflessioni (Rome, 1924) ; - La palla i el galeotto (France, 1927) ; - La Bottega, scebe della roconstruzione fascista (Detroit, 1927) ; - Cristo e Bonnot (Chicago, 1928) ; - Fecondita (Newark) ; -Viva Rambolote (Newark, 1929) ; - Del delito et della pene nella societa di domani (1930) ; - Astorno, una vita (Newark) ; - I ceti medi e l’anarchismo (Tunis, 1937) ; - Carlo Marx e Bakunon in Spagna (Newark, 1939) ; - Razzismo e anarchismo (Newark, 1939) ; - Rampogne, versi di un ribelle (Turin, 1946) ; - Il problemo della libertà (1946) ; - Sgraffi (1946) ; - Discorsi nella notte (1947) ; - Le ragioni di una antitesti tra comunisti ed anarchici (1948) ; - L’utopia anarchica e la realtà anarchica (1948) ; - Diabolica carmina, poesie panagerggianti e anticlericale (Rome, 1949) ; - La mia bella anarchia (Cesena, 1953).


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