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HALLÉ, Maurice, Marie, Eugène.
Né le 17 octobre 1888 à Oucques (Loir-et-Cher) - mort le 6 février 1954 - poète, chansonnier ; correcteur – Loir-et-Cher - Paris
Article mis en ligne le 30 juillet 2014
dernière modification le 17 mars 2024

par ps

Maurice Hallé travailla tout d’abord avec son père, maître-charron à Oucques dans la Beauce. À quinze ans, à la demande d’une tante il vint à Paris comme garçon de salle, mais ne pouvant supporter ce travail qui ne lui laissait aucun répit pour lire et s’instruire, et sa tante qui brûlait régulièrement les livres achetés à la librairie voisine, il retourna chez son père.

En 1910, il réussissait à faire paraître une plaquette d’une dizaine de monologues en vers Au pays où qu’on parl’ ben (Bibl. Nat. 8° Yf 1691). Il fonda un groupe Les Gâs d’choux nous avec qui il chantait le dimanche dans les cabarets du canton, mais ses vers satiriques ne furent guère appréciés des fermiers qui délaissèrent le maître-charron, et celui-ci dut liquider son atelier.

Après la mort de sa mère, qui était cultivatrice, Hallé revint à Paris. Il se lia alors avec des chansonniers qui l’aidèrent et il chanta dans des cabarets. Fernand Desprès de La Bataille syndicaliste le présenta notamment à Léon Israel, secrétaire du groupe La chanson du peuple. Il fréquentait également les milieux libertaires, ce qui lui valut des tracasseries policières et il connut même la prison., séjour qu’il évoqua en ces termes : « …J’ai chanté la haine du Maître// L’amour des peuples, la raison// Alors j’ai connu la prison// Injustement comme tant d’autres// Pour les hommes, j’aurais voulu// Plus de bonheur, moins de souffrance// Et le jour qu’il l’aurait fallu// Combattre pour leur délivrance// Pour nos Droits, sacrés, accourir// parmi les gueux, les miens, les nôtres// Combattre avec joie et mourir// Pour le peuple, comme tant d’autres ». C’était en 1913 et il collaborait alors à la Muse rouge et à la Guerre sociale.

Réformé durant la Première Guerre mondiale, Hallé continua à se produire dans les cabarets (la Bolée, Lapin agile, Les Noctambules, etc). Ayant cessé de collaborer à La Guerre sociale ralliée à l’Union sacrée, il dénonça la guerre, toutes les guerres faites toujours au profit de quelques uns, notamment dans le texte Le Héros où il écrivait : « je suis le héros// Je suis le héros que l’on sanctifie// Je suis le héros qu’on glorifie// Les jours de banquets où vont discourir// Les marchands de gloire// Et les profiteurs de la mort// Et de la misère / Je suis le héros // Celui qu’on acclame// Le « glorieux blessé »// Le panneau-réclame// Entouré des soins // pour des causes louches et d’obscurs besoins// Des politiciens// Vivre ! //… Oh maudits soient ces hommes, nos bourreaux// Ces monstres qui, de nous, firent des héros ».

Le 18 mai 1917, il lança La Vache enragée, et fonda, en 1919 " La Goguette de la Vache enragée " qui finit par s’établir place Constantin-Pecqueur, XVIIIe arr. Le cabaret était en même temps la mairie de la Commune libre de Montmartre que Hallé constitua avec le peintre Jules Depaquit et dont il était maire. En 1921, il créa avec le poète Roger Tozini la " Foire aux Croûtes ", exposition de peinture en plein air. La même année, il fit paraître un recueil de poèmes Par la grand’route et les chemins creux (nouvelle édition, 1933, Bibl. Nat. 8° Ye 13 401). Dans le poème Les Chemineaux, il écrivait : « . Ils marchent sans but, n’ayant ni patrie // Ni feu, ni logis ; les intempéries// S’abattent sur leur dos voûté// Leur toit, c’est le ciel ; leur lit c’est la terre// Ils aiment crier qu’ils sont libertaires// Anarchistes et révoltés//… Ils s’en vont, traînant leur misère humaine…// Coucahnt aux beaux jours, à l’ombre des chênes// L’hiver à l’ombre des prisons ».

Des artistes, des lettrés fréquentaient la " Goguette de la Vache enragée ". Ils venaient entendre ce tout petit bonhomme flottant dans un vieux costume de velours et dont la voix fluette grinçait dans l’aigu " (cf. Contre-courant, 10 avril 1954, étude de Serge-Paul), le poète beauceron qui, dans ses chansons, avait conservé le parler du terroir, qu’il célébrât les vagabonds, ou qu’il s’élevât contre la guerre et les injustices.

En 1928, après de mauvaises affaires, Hallé fut expulsé de son cabaret. Il avait fini par trouver un emploi de correcteur au Journal Officiel.

On devait l’entendre encore, après la Libération, dans des goguettes, au Balto, rue Custine, dans le XVIIIe arr., puis à " l’Acropole ", près de la Porte d’Orléans.

Le 19 décembre 1922, M. Hallé avait épousé Marguerite, Marceline Veschambre. Il est décédé le 6 février 1954 à Paris XIII. Une rue de la ville d’Oucques porte le nom du chansonnier.


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