Dictionnaire international des militants anarchistes
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DOMERGUE, Léon, Adrien
Né à Chambonas (Ardèche) le 1er décembre 1855 - Cordonnier - Lyon & Villeurbanne (Rhône)
Article mis en ligne le 8 mars 2007
dernière modification le 22 mars 2024

par R.D.

Léon Domergue se fixa à Lyon en janvier 1883 venant de Montpellier. Dès son arrivée il participa aux activités du groupe anarchiste La Lutte et était l’un des rédacteurs du journal du même nom qui avait fait suite au Droit social et à L’Etendard Révolutionnaire et qui publia 19 numéros et un supplément du 1er avril au 5 août 1883 et dont les gérants furent tour à tour Lemoine, Morel et Louis Chautant ; le 14 juillet 1883, il pavoisa d’un drapeau rouge orné d’un crêpe.

Le 21 juillet suivant, assisté de Grillot, Chomat et Bordat (jeune), il avait été membre du bureau de la réunion publique organisée à la salle de l’Elysée par le groupe anarchiste La Lutte et à laquelle avaient assisté environ 280 personnes dont 25 femmes. Il y avait notamment déclaré : “On a choisi le 14 juillet pour démolir les bastilles, nous sommes libres et le 14 juillet est pour nous un jour de deuil. Quand les serfs eurent démoli la bastille, ils furent fusillés parce qu’ils réclamaient leur part de propriété. Ceux de Roubaix ont dit : nos frères gémissent, allons à l’Hôtel de Ville voir ces ventrus qui mangent notre pain. Ils sont arrivés sur la place avec cet honorable drapeau rouge qui représente le sang du peuple ; ils ont trouvé des argousins”, puis se tournant vers le commissaire présent dans la salle, il avait ajouté : “Un commissaire de police désigné par son écharpe a reçu le premier coup, et je ne regrette qu’une chose c’est que le coup n’ait pas mieux porté”.

Le 8 octobre 1883 à la salle de l’Elysée, assité par Sourrisseau (secrétaire), des citoyennes Fouilliux et Cognet (assesseurs), il avait présidé la conférence d’Arsène Crié sur La Révolution internationale.

Il fut un des rédacteurs du Drapeau noir (Lyon, 17 numéros du 12 août au 2 décembre 1883) qui avait pris la suite du précédent suite aux poursuites contre ses gérants ; puis il assuma les fonctions de secrétaire de rédaction du journal l’Émeute (Lyon, 7 numéros du 9 décembre 1883 au 20 janvier 1884) qui toujours pour les mêmes raisons avait pris la suite du précédent et était géré par Pierre Labille. Ce journal connaîtra le même sort et sera remplacé par un nouveau titre Le défi (3 numéros, du 3 au 17 février 1884), remplacé à son tour par L’Hydre anarchiste (Lyon, 6 numéros du 24 février au 30 mars 1884).

Le 18 janvier 1884 il fut condamné à 3 francs d’amende suite à une réunion le 5 novembre 1883 du groupe du Drapeau noir qu’il avait présidé et qui n’avait pas été déclarée à la Préfecture. Puis à l’été 1894 il adhéra à un groupe socialiste républicain.

En 1886, il fut déclaré en faillite et dut laisser son atelier de fabricant de chaussures, 50, grande rue de la Guillotière, pour s’établir cordonnier à Chaponost (Rhône) avant de revenir vers 1888 à Villeurbanne où il gérait en 1892 un atelier employant deux ouvriers. Il faisait alors figure de socialiste avancé abonné au journal révolutionnaire l’Action. En 1893, de mauvaises affaires l’obligèrent encore à quitter Villeurbanne ; il s’installa à Montluel (Ain) et y demeura jusqu’au début de 1895. Il revint alors à Lyon. Le 7 septembre 1896, il reçut à son domicile la visite d’Émile Pouget, l’anarchiste parisien directeur de l’hebdomadaire La Sociale(Paris, 76 numéros du 12 mai 1895 au 18 octobre 1896). Il n’en fallut pas plus pour qu’on l’inscrive sur la liste des anarchistes soumis à la surveillance de la police dont il ne sera radié qu’en 1899. Ses affaires étaient alors redevenues prospères ; il occupait trois ouvriers et jouissait dans son quartier d’une très bonne réputation.


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