Dictionnaire international des militants anarchistes
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DORLET, Louis “Samuel VERGINE” ; “Louis Dey” ; “Serge” ; “Louis Dorival”
Né le le 2­ janvier 1905 à Cizely (Nièvre) – mort le 18 mai 1989 - Employé de banque ; libraire - UA - UAC - Drancy (Seine-Saint-Denis) – Bona (Nièvre) – Golfe-Juan (Alpes-Maritimes) – Saint-Paul-les-Dax (Landes)
Article mis en ligne le 10 mars 2007
dernière modification le 22 mars 2024

par R.D., René Bianco

Né le le 2­janvier 1905 à Cizely (Nièvre), d’origine paysanne, Louis Dorlet poursuivit des études supérieures en Sorbonne. Connaissant plusieurs langues, il travailla ensuite à la banque Saint-Phalle à Paris. Il était devenu anarchiste dans les années vingt et lorsqu’il effectua son service militaire en Allemagne en 1925, fut condamné lors d’un conseil de guerre à Trèves pour “désertion à l’étranger, dans un pays en état de siège, avec abandon d’uniforme”. De 1927 à 1932, il devait collaborer tout naturellement au Réfractaire, organe de la Ligue des réfractaires à toutes guerres.

A l’issue du congrès de l’UACR tenu à Toulouse en octobre 1931, il fut nommé à la nouvelle commission administrative de l’UAC dont le secrétaire était Odéon et où il fut chargé de la trésorerie et de la corresponndance avec le Midi-Algérie.

En 1932, résidant à Drancy (Seine) où les sans-emploi étaient nombreux, Louis Dorlet fonda un comité de soutien aux chômeurs, organisa un gala à leur profit avec le concours de « La Muse rouge » et publia une feuille, le Chômeur, qui eut quatre numéros (aout 1932 à janvier 1933). Dans une lettre à René Bianco (28 décembre 1986) Louis Dorlet précisait : “J’avais publié un canard intitulé Le Chômeur » entièrement rédigé par mes soins qui ne dura que 3 iy 4 numéros. Dans le même temps j’avais organisé un gala au profit des chômeurs qui étaient plus de 3.000 à Drancy… J’avais l’assistance de plusieurs adhérents de la Muse Rouge, dont Colladant qui interprétait Couté et qui venait gracieusement de Paris avec sa voiture d’infirme. L’accordéoniste Médard Ferreiro était la vedette…”. Avec l’appui de la municipalité socialiste dont Émile Aubin, an cien rédacteur du Libertaire en 1914, était membre, il créa une coopérative de consommation longtemps dirigée par un anarchiste, Courtois, ancien monteur en chauffage.

Lors du congrès de l’UAC tenu à Paris les 20-21 mai 1934, Louis Dorlet Samuel Vergine fut nommé à la commission d’administration de l’organisation et devint secrétaire de rédaction au Libertaire, organe de l’Union anarchiste, aux côtés de Lucie Huberty, René Fremont, Nicolas Faucier et Ribeyron. Cependant Louis Dorlet collaborait volontiers aux publications libertaires indépendantes comme Le Flambeau, publié à Brest (1927-1934), le Semeur d’Henri Barbé, l’Éveil social publié à Aulnay-sous-Bois et qui devait fusionner en 1934 avec Terre libre, futur organe de la Fédération anarchiste. A l’automne 1934 il fut remplacé comme secrétaire de rédaction du Libertaire par Nicolas Faucier.

Très lié à F.­Planche et E.­Bidault (voir ces noms), Louis Dorlet participa également à la publication de La Conquête du pain (octobre 1934-décembre 1935) et, fin 1936, fonda avec Paul Marmande la Revue populaire qui n’eut que trois numéros (numéro 3 en janvier 1937) imprimé par Bidault, illustrée par Albin et dont le gérant était Augustin Vial. Il collabora également au Combat syndicaliste, organe de la CGTSR (voir Besnard Pierre).

Mobilisé en 1939, affecté dans un hôpital vétérinaire en Alsace où il soignait des chevaux, Louis Dorlet fut fait prisonnier quinze jours après l’armistice et envoyé au stalag 3A à Halbes puis dans un kommando de travail non loin de Berlin dont il tentera à plusieurs reprises de s’évader. Affecté à la Reichsbahn dans les derniers mois de la guerre, il parvenait à s’évader avec une dizaine d’autres prisonniers. Arrêté par les troupes soviétiques, il était bientôt libéré et rentrait en France en juillet 1945.

Louis Dorlet s’installa à Bona près de Saint-Saulge (Nièvre) comme libraire et reprit sa collaboration au Libertaire, anima la publication La Revue populaire (Bona) et écrivit dans Les Nouvelles Pacifistes de Louis Louvet ainsi que dans l’organe régional Le Monde Nouveau (Marseille, 6 numéros de février à octobre 1946). Dès octobre 1948, il apporta son soutien à Louis Lecoin qui entreprenait la publication de Défense de l’homme (n°1, octobre 1948) dont Vergine devait devenir le directeur en 1955, signant ses nombreuses contributions de divers pseudonymes­ : Serge, Louis Dorival, Louis Dey. En 1953 la revue tirait à 3.000 exemplaires et comptait 2.500 abonnés.

En 1965 il fit partie du groupe de vieux militants qui avaient soutenu la création du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme (CIRA) de Marseille. Installé près de Cannes avec sa deuxième compagne, une institutrice, il acquit un terrain à Golfe-Juan où il bâtit lui-même une maison qui devint un lieu de passage pour les compagnons anarchistes. Il collaborait parallèlement à Liberté (Paris, 1958-1971) de Louis Lecoin ainsi qu’à l’organe de l’UPF L’Union Pacifiste (Paris, 1966 -). En 1975, il connut de graves ennuis de vision et dut abandonner la publication de la revue (dernier numéro, n°­314, mai-juin 1976). Il se retira ensuite à Saint-Paul Les Dax (Landes) d’où il poursuivit sa collaboration à la presse libertaire dont Espoir (Toulouse), et Le Libertaire (Le Havre, 1978-) jusqu’à sa mort survenue le 18 mai 1989 à l’hôpital de Dax (Landes).

OEUVRE­ : Le Sabre et la soutane, La­ Brochure mensuelle, juillet-août 1936.­ L’Antidote : les bases scientifiques de l’individualisme et les conclusions qui en découlent, (suppl. Défense de l’homme, mai 1969, 34 p.).­¯ L’Esprit troupeau et ses conséquences, (idem, mai 1971, 78 p.).­¯Autopsie de la Bible (idem, novembre 1971, 77 p.).- Parlementarisme, violence individuelle et violence étatiste, (idem, mai 1973, 24 p.).­¯ Au fil de mes souvenirs (propos libertaires), Marseille, Éd. Culture et Liberté, 1986.


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