Dictionnaire international des militants anarchistes
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THOMAS, Amédée, Alexandre
Né le 24 mars 1857 à Paris- Ouvrier ciseleur – Paris
Article mis en ligne le 3 août 2018
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Amédée Thomas (parfois prénommé André), qui vivait en concubinage avec une blanchisseuse dont il avait une fille, demeura 49 rue de Belleville et 63 rue des Rigolles. Tiré au sort, il avait été exempté comme fils unique d’une veuve.
Selon la police il refusait souvent de travailler comme ciseleur pour « un exploiteur » et subsistait en vendant « de menus objets sur la voie publique ».

Début 1883 il était membre du groupe anarchiste du XXe arrondissement avec notamment Pouget, Holtz, Mérot, Rebourg (ou Rebours), Zher, Cana et Legrand. Cette même année, avec notamment Edouard Zehr, fut l’organisateur de diverses réunions publiques organisées par les groupes anarchistes de Charonne et Belleville.
Membre en 1884 de la commission de secours aux familles de détenus politiques, il organisa en 1885 et 1886 plusieurs meetings sur la voie publique. La police signalait également qu’il participait aux manifestations périodiques ayant lieu au Père Lachaise, sur les tombes de Vaillant et de Blanqui.

En 1886 il demeurait 1 rue Lesage et était alors le dépositaire des caractères d’imprimerie et de la petite presse qui venaient d’être acquis par le Groupe anarchiste du XXe arrondissement (les communistes libertaires du XXe). Fin 1886, il aurait été le fondateur du groupe Le Tocsin. A l’été 1886 il avait participé aux réunions du Groupe anarchiste du quartier du Père Lachaise fondé en mai autour notamment de Louiche. A cette époque il avait notamment proposé d’organiser pour Paris une commission de secours aux détenus politiques.

Il s’agit vraisemblablement du Thomas signalé en août 1886 dans les réunions de la Ligue des antipatriotes où il diffusait des cartes d’adhésion à la dite Ligue qu’il avait fait imprimer à ses frais et qu’il recommandait de diffuser "contre remboursement" afin de pouvoir rentrer dans ses fonds. (cf. APpo BA 913). Il se serait à l’époque faché avec Bidault qu’il aurait même traiter de "mouchard".

Ligue des antipatriotes (carte d’adhésion)

En 1887, sous le prétexte d’y installer un atelier de ciselure, il avait loué un petit local rue de Ménilmontant où se déroulaient en réalité les réunions du groupe Les Libertaires du XXe.

Suite à la condamnation à mort en janvier 1887 de Clément Duval, il avait été suspecté de préparer un achat de revolvers pour une éventuelle manifestation place de la Roquette en cas d’exécution.
Début février il avait été l’objet d’une perquisition qui semble-t-il n’avait donné aucun résultat. Le 22 février 1887, lors d’une réunion de la Ligue des antipatriotes, il avait informé les compagnons de la présence d’un mouchard lors d’une réunion de la Ligue des antipropriétaires tenue rue Réaumur où avait été organisé un déménagement « à la cloche de bois » d’un compagnon demeurant Place des Fêtes et où les camarades à leur arrivée avaient constaté la présence d’agents dans la loge du concierge.

Il était membre semble-t-il de la Chambre syndicale des hommes de peine fondée par Leboucher et Louiche.

En avril 1887 il avait convoqué une réunion à la salle Bruno afin de reconstituer le groupe anarchiste et le groupe abstentionniste du XXe arrondissement Il y avait lu un manifeste abstentionniste et avait effectué une quête en vue de le publier. Le 3 mai suivant, lors d’une nouvelle réunon du groupe abstentionniste il invita tous les membres du groupe à coller les 8000 exemplaires restant –sur 10000 tirés – du manifeste.

En mai-juin 1887, lors de l’internement abusif de Gustave Leboucher à Sainte Anne, il avait organisé plusieurs réunions pour demander sa libération. Il avait également envisagé d’organiser avec une vingtaine de compagnons armés de revolver et de poivre pour neutraliser les gardiens, l’enlèvement de Leboucher de cet établissement. Il semble que plusieurs compagnons s’étaient présentés le 5 juin à la porte de Sainte Anne où la surveillance avait été considérablement renforcée, mais que ne disposant pas de permission de visite, le gardien les ait éconduit puis que le petit groupe s’était ensuite dispersé.

En septembre 1887 il avait emporté à son domicile le drapeau noir et le drapeau rouge qui étaient arborés lors des réunions du groupe à la salle de la rue Henri Chevreau Il était selon la police le fondateur du groupe Les Travailleurs communistes libertaires du XXe qui comprenait une trentaine de membres dont Cahusac, François Mege, Bidault, Simonin, Frey, Cheron, Schaeffer et Boutin…
En 1887 il était membre de la Ligue des antipropriétaires fondée par Couchot et spécialisée dans les déménagements à « la cloche de bois ».

A l’automne 1887, il fut, semble-t-il, mis à l’écart du groupe Les libertaires du XXe, après que notamment Diamisis lui ait reproché d’exciter les compagnons « à faire de l‘action individuelle, mais que personnellement on ne l’avait jamais vu à l’œuvre ». Déjà en mai 1887, lors d’une réunion du groupe Le Drapeau Noir de Charonne, Charles Laurens, après que Thomas ait refusé de se joindre à la perturbation d’une réunion des possibilistes, lui avait reproché d’être « toujours prêt à exciter les autres, mais que quand il y avait une bagarre, on pouvait toujours le chercher ; il ferait donc bien mieux de rester chez lui à moins cependant qu’il soit payé pour moucharder les camarades et faire de la provocation ». Laurens avait également ajouté qu’il ne l’avait jamais vu travailler depuis 4 ans qu’il le connaissait et qu’à compter de maintenant, partout où il verrait, il le signalerait comme un mouchard et un agent provocateur.

Vers 1888 il était semble-t-il domicilié 43 rue de Belleville, et, cette même année, il aurait également collaboré, avec Malato, Gouzien et Thévenin à la rédaction e la brochure Catéchisme anarchiste.

Il s’agit sans doute du Thomas qui en 1888 aurait été, selon les indicateurs, l’animateur du groupe Les Insurgés qui se réunissait rue de Ménilmontant. Il était alors âgé d’une trentaine d’années et aurait été l’un des diffuseurs de L’Indicateur anarchiste. Lors de la grande grève des ouvriers terrassiers en juillet 1888, et contrairement à Pennelier et Espagnac, il s’était opposé à la participation des compagnons à ce mouvement.

A partir de 1889, la police notait qu’il semblait s’être « retiré complètement de la politique », ne plus assister aux réunions, avoir abandonné ses anciennes opinions et même s’être inscrit sur les listes électorales.

En 1891 un Thomas dit Durand était trésorier du Groupe du XXe : s’agit il du même ?.

Le 13 février 1894 il fut l’objet d’une perquisition sans résultat. Puis lors des rafles anti anarchistes du 1er juillet, il fut l’objet d’une nouvelle perquisition sans résultat et fut arrêté pour « association de malfaiteurs ». Lors de son interrogatoire il indiqua ne plus fréquenter les réunions depuis 5 ans. Incarcéré à Mazas, il fut remis en liberté provisoire le 7 juillet et bénéficiera en juin 1895 d’un non-lieu.


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