Dictionnaire international des militants anarchistes
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STUYCK, Xavier, Louis “{REIVAX}”
Né à Bruxelles en 1856 - Vendeur-magasinier – Bruxelles - Anvers
Article mis en ligne le 29 mai 2023
dernière modification le 20 avril 2024

par Dominique Petit, R.D.

Son père s’appelait Nicolas Charles et sa mère Joséphine Elisabeth Dondelaer. Il parlait la langue française, mais comprenait aussi le flamand.

Stuyck était célibataire et à la fin des années soixante-dix du XIXe siècle, lorsqu’il devint actif dans le mouvement révolutionnaire à Bruxelles, il habitait au 26 rue de l’Union à Sint-Josse-ten-Noode. La police le décrivait alors comme suit : « taille : 1 m 66, cheveux et sourcils bruns, front round, yeux bruns, bouche ordinaire, menton ordinaire, barbe noire et pleine, nez assez gros, visage plein, moustache noir. »
Stuyck travaillait comme vendeur-magasinier « Aux 100.000 Coupons » qui était situé boulevard Anspach 99.

A la fin des années 1870, Xavier Stuyck était l’un des grands du mouvement révolutionnaire bruxellois. Dès le début, il milita dans Le Cercle d’Études Sociales et la police écrivait en 1879 qu’il « …est un des principaux membres du Cercle révolutionnaire démocratique, assiste régulièrement aux séances, réunions où il prend généralement la parole. » Et le 27 août : « Stuyck propose de former avec Chauvière une société démocratique révolutionnaire dans chaque chef lieu de province. Ces sociétés formeraient à leur tour des sections dans les petites villes qui seraient sous les ordres des sociétés des chefs lieux de province, et que année deux grands congrès seraient tenus à Bruxelles, auxquels chaque membre sociétaires des chefs lieux de province seraient tenus d’ assister pour rendre compte des résultats obtenus dans les réunions et conférences. »

Durant la période 1879-1880, Stuyck était trésorier du Cercle Démocratique radical et il devient l’une des figures de proue des Cercles Réunis révolutionnaires. Il siègea à son Comité central et au Comité provisoire du Parlement du peuple. En tant que l’un de leurs organisateurs, il s’impliqua en outre dans les congrès nationaux révolutionnaires de Bruxelles, Verviers et Cuesmes, respectivement en septembre et décembre 1880 et en mars 1881, et milita au sein de l’Union révolutionnaire nationale.
Stuyck parlait couramment la langue flamande et il entretenait des contacts étroits avec les anarchistes allemands du Leseverein. Par exemple, le 31 décembre 1880, il était conférencier lors de leur fête de fin d’année.

En 1881, il avait également participé à un certain nombre d’expériences de conspiration.

En 1883, il s’installa temporairement à Gand et plus tard à Anvers, où il collabora au magazine anarchiste De Opstand.

Stuyck avait auparavant été journaliste actif. En 1880, il écrivait chaque semaine dans la revue révolutionnaire Les Droits du Peuple et en 1881 dans La Justice Sociale. Il avait également contribué par des articles au journal anarchiste parisien, La Révolution sociale et à la revue non moins anarchiste de Verviers, La Persévérance. Il utilisait régulièrement le nom d’emprunt Reivax, qui est une inversion de son prénom.

Stuyck était un véritable révolutionnaire et, dans le sillage de Chauvière, il s’était avéré être un blanquiste convaincu. Ce blanquisme représentait une structure organisationnelle pyramidale rigide, une idéologie collectiviste-communiste et - en comparaison avec l’anarchisme - un ensemble de revendications plutôt opportunistes. Les blanquistes étaient pour des revendications politiques directes - suffrage universel et élus à mandat impératif - mais ils rattachaient ces revendications concrètes à un agenda de la société existante et en ce sens ils étaient bien sûr des révolutionnaires. Stuyck a dit : « …le moyen que je préconise, c’est la violence, c’est une révolution sociale complète sans l’emploi de ce moyen nous ne parviendrons pas à nous affranchir de la tyrannie des despotes qui nous gouvernent et dont nous ne sommes que les valets.” De ce point de vue, Stuyck prôna à plusieurs reprises l’armement des ouvriers. Par exemple, le 18 septembre 1879 lors d’une réunion du Cercle Démocratique : « donner de l’argent aux ouvriers c’est encourager la paresse et le vice et (…) il serait plus utile de leur acheter des armes pour les aider à conquérir leurs droits”. Ce Stuyck signifiait bien que le blanquisme s’était manifesté en janvier 1880 lorsqu’il réagissait au nom des groupes révolutionnaires de quartier dans Le Prolétaire contre l’anarchisme de Laurent Verrycken et de sa Ligue Collectiviste Anarchiste. Dans une lettre au lecteur, il prôna le matérialisme, l’athéisme, le collectivisme et le centralisme. Il écrit entre autres sur le collectivisme : « nous sommes collectivistes, sans les inconséquences du principe anarchiste, principe essentiellement individualiste, c’est-à-dire que, pour nous, la loi de solidarité prime toute autre loi et qu’elle doit régir, non telle commune ou telle agglomération de communes, mais le monde entier, et que cette loi sublime, par laquelle l’égalité est seule possible, est contenue dans cet aphorisme autoritaire : Quand un seul des membres du corps social souffre, il est du “devoir” de tout le corps entier de concourir à l’apaisement de ses souffrances. Quand une partie du corps social ou le corps entier souffre, il est du ’devoir’ de chacun des membres de concourir à l’apaisement de ses souffrances. C’est pourquoi nous professons avec tous les socialistes du Nord que le communisme est le seul état de société qui peut à la fois réaliser la liberté, l’égalité et la solidarité. Enfin nous sommes centralisateurs ’en ce moment’, parce que nous ne pouvons réaliser que la possibilité du triomphe général. » Le collectivisme de Stuyck était étroitement lié à l’anarcho-communisme, mais il accusait l’anarchisme d’être trop « chacun chez soi ». Il n’était d’ailleurs pas favorable à la position fédéraliste et, comme le montre la citation, plaidait pour une approche globale centrale. D’autre part, il écrit : « Nous nous abstenons de nous prononcer sur le gouvernement de l’avenir, parce que nous n’avons aucune autorité pour en juger, et que nos enfants seront plus aptes que nous, et malgré nous, d ’ailleurs, à se donner une forme gouvernementale stable et bonne, où le prolétaire sera le maître tout puissant et où son représentant ne sera plus que le commis chargé d’accomplir ses ordres. »

Au milieu des années 1880, après la disparition du mouvement révolutionnaire, Stuyck revint à Bruxelles, et toujours dans le mouvement anarchiste. Par exemple, vers le 18 mars 1886, lui et Alexandre Colignon se rendirent à Liège où, suite à une commémoration anarchiste de la Commune de Paris, le peuple descendit en masse dans la rue et commença à piller. Fin mars 1886, comme plusieurs autres compagnons, il fut l’objet d’une perquisition en tant qu’administrateur du journal Ni Dieu ni maître. Il était alors, sous le nom Monnier-Stuyck, l’un des animateurs avec Collignon, Arthur Govaerts et M. Winaud, du cercle anarchiste La Liberté de Bruxelles.

En 1888, il y eut un bref rétablissement des groupes blanquistes à Bruxelles, mais en décembre 1892, Stuyck était toujours signalé par la police comme « anarchiste dangereux ».


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