Dictionnaire international des militants anarchistes
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HERMANN, Caroline “{CARRY}” ou “{CLARY}”
Née vers 1861 à Paris VIII (ou à Prague ?) - Couturière – Paris
Article mis en ligne le 5 juillet 2023
dernière modification le 20 avril 2024

par Dominique Petit, R.D.
Caroline Hermann

En octobre 1892, Caroline Hermann s’installa au 11 rue Baillif, au 2e étage, dans un vaste appartement dont une partie servait d’atelier, pour un loyer annuel de 1.000 à 1, 700 fr.(selon la presse). Elle y employait habituellement quelques ouvrières (8 ou 10 mais le nombre variait d’un journal à l’autre). Ses affaires semblaient prospères. Selon certains journaux, elle vivait avec un nommé Leroux, courtier en marchandises qui venait quelquefois la voir. Selon d’autres journaux elle habitait rue Baillif en compagnie de sa mère et de sa nièce, une jeune fille de dix-huit ans (ou elle habitait avec son mari et sa fille, âgée de dix-huit ans).
Mme Carry était la couturière attitrée des « petites dames » ; elle comptait même parmi sa clientèle quelques « horizontales de haute marque » : Liane de Pougy, Louise d’Offémont, Madeleine Laporte.
Elle connaissait depuis de longues années la famille Ortiz, elle aurait rencontré Eve Schiroky en Autriche.

Depuis le début de l’année 1894, la police recherchait Léon Ortiz qui était en cavale, sa mère Eve Schiroky n’avait plus reçu la visite de son fils, rue Poncelet. La police savait pourtant qu’elle le rencontrait et apprit les fréquentes visites d’ Eve Schiroky, 11 rue Baillif, chez Mme Carry, Elle y conduisait quelquefois son second fils, qui y restait parfois plusieurs jours.
Une enquête fut faite, à la suite de laquelle la police eut la conviction qu’Ortiz allait chez Mme Carry d’une façon régulière, y recevait même des lettres et y couchait souvent. Le juge d’instruction se demanda alors si Eve Schiroky et Mme Carry n’avaient pas une part de complicité dans les vols du cambrioleur anarchiste et n’en profitaient pas.
M. Espinas, juge d’instruction délivrait un mandat d’amener contre Mme Carry, qui était arrêtée par M. Orsatti, commissaire de police du quartier du Mail. Le juge d’instruction l’inculpait de complicité de vol et de recel.
Le 21 mars 1894, Mme Carry fut perquisitionnée à son domicile. Elle faillit se trouver mal ; elle supplia le commissaire de la laisser continuer un essayage qu’elle faisait au moment de l’arrivée de M. Orsatti, mais celui-ci ne put lui donner satisfaction.
Il commença ensuite une minutieuse perquisition. et saisit une grande quantité de papiers, de lettres. Mme Carry protestait de son innocence, déclarant qu’elle était simplement l’amie d’enfance d’Ortiz pour lequel elle avait une sincère amitié, sans connaître toutefois son affiliation aux anarchistes. Elle avouait les nombreuses visites d’Ortiz. La veille de son arrestation, il était venu en bicyclette et était monté rapidement comme s’il voulait éviter d’être vu par la concierge ; elle affirmait ignorer les vols commis par Ortiz et les autres accusations qui pesaient sur lui.
Pendant la perquisition, on sonnait à la porte. Le commissaire alla ouvrir lui-même et se trouva en présence d’Eve Schiroky. Celle-ci en voyant un étranger, et devinant sans doute ce qui se passait, voulut sa retirer, mais le commissaire la fit entrer et lui demanda son nom. Elle refusa de répondre ; mais Mme Carry dit tout de suite la vérité. Le commissaire écrivit alors un mot et envoya un agent faire une course ; au bout d’une demi-heure l’agent revenait avec la réponse et le magistrat déclarait alors à Eve Schiroky qu’il la mettait en état d’arrestation.
La perquisition finie, les deux femmes furent emmenées dans deux voitures et écroués au Dépôt. Eve Schiroky fut envoyée à la prison de Saint-Lazare en compagnie de Caroline Clarry.
Elles étaient inculpée de complicité dans les vols commis par Ortiz. Le dossier était transmis au juge d’instruction Meyer, chargé de l’affaire d’association de malfaiteurs. Mme Carry avait été libérée le 7 avril par le juge Meyer.
Depuis l’arrestation d’Eve Schiroky, son plus jeune fils, Philippe, âgé douze ans, était hébergé par la mère de Caroline Carry, qui recueillit l’enfant qui se trouvait seul.
La Préfecture de police ne lui attribua pas de numéro de dossier et ne releva pas sa date de naissance, se contentant de noter l’âge et le lieu de naissance (Paris VIIIe arr.) dont on ne trouve pas trace dans l’état-civil de Paris.