Né des suites d’un viol Luis Moreno Sabater avait dû travailler dès son plus jeune âge. C’est encore adolescent qu’il avait adhéré à la CNT et avait participé aux réunions et manifestations. Dès le coup d’État franquiste de juillet 1936 il avait tenté de s’enrôler comme milicien, mais avait été refusé en raison de son âge. Il avait alors à Monovar une petite amie âgée de 15 ans. Puis il avait été mobilisé et à la fin de la guerre avait été grièvement blessé et hospitalisé à Olot (Gérone) où un médecin équatorien lui avait fortement conseillé de s’exiler pour échapper à la répression franquiste.
Passé en France par Le Pertus lors de la Retirada, il fut interné dans divers camps où il retrouvait le compagnon Cesar Orquin dont il ne se séparera plus. Enrôlé avec ce dernier dans la 118e Compagnie de travailleurs étrangers (CTE) pour aller travailler aux fortifications de la Ligne Maginot il fut fait prisonnier lors de la percée allemande du printemps 1940, puis fut déporté avec lui le 13 décembre 1940 au camp de concentration de Mauthausen (matricule 5052). Il devint alors le bras droit de Cesar Orquin, devenu le Kapo du Kommando extérieur Cesar, qui s’évertua à préserver la majorité des déportés placés sous sa responsabilité.
En mai 1941 Luis Moreno fut affecté au Kommando Völckabruck, puis en septembre 1942 au Kommando Ternberg et enfin en décembre 1944 au Kommando Redl-Zipf. Pendant toute leur déportation Luis Moreno et Cesar Orquin s’étaient opposés à l’influence des communistes.
Après sa libération le 5 mai 1945, et de l’hostilité constante des communistes Luis Moreno lors de son entretien avec la commission d’aide Onusienne IRO, avait changé d’état civil et adopté le patronyme de Luis Orquin Serra, devenant le « frère » de Cesar Orquin. Après plusieurs mois passés en Autriche il gagnait Paris où il était rejoint par sa petite amie de Monovar avec laquelle il se mariait. En 1950 il embarquait avec elle sur le navire Campañ à destination de l’Argentine où il rejoignait Cesar. C’est à son bord qu’était conçu son fils prénommé Atlantico.
A Buenos Aires Luis Orquin trouvera un travail d’horloger et sera embauché par Testorelli au quartier de San Isidro, l’un des plus célèbres horlogers d’Argentine. A partir de 1951 Cesar Orquin résidera à Mendoza, mais les deux « frères » continueront à se voir fréquemment. En 1962 naissait son deuxième fils Amiel Orion, mais à la fin des années 1960, le couple se séparait et sa femme retournait en Espagne. Luis Orquin ontinua de travailler jusqu’à ses 72 ans, en 1990.
Luis Orquin Serra (Luis Moreno Sabarer) est décédé à Buenos Aires le 9 septembre 2003.