Dictionnaire international des militants anarchistes
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FREMONT, René, Maurice
Né le 23 décembre 1902 à Laval-en-Brie (Seine-et-Marne) - tué le 10 juin 1940 - Ouvrier métallurgiste - UACR – UA - CGT – CGTU – Paris
Article mis en ligne le 14 juin 2007
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.
René Frémont (1936)

Réné Frémont - qui selon N. Faucier serait né en 1903 à Montereau - avait d’abord été membre des jeunesses communistes. Vers 1920 il venait à Paris et devenait anarchiste au contact de militants syndicalistes révolutionnaires et anarcho syndicalistes. Il participait en 1924 aux réunions hebdomadaires des Jeunesses Anarchistes qui se tenaient à la Librairie Sociale rue Louis Blanc (10e arrondissement). A la fin des années 1920 il participait également aux conférences hebdomadaires organisées 48 rue Duhesme par le groupe des XVIIe et XVIIIe arr. dont la secrétaire était Lucile Pelletier. Il résidait alors à Asnières, 39 rue Gallieni.

En 1928 il était membre de la commission administrative de l’Union Anarchiste Communiste (UAC). Il avait en outre adhéré dès sa fondation début 1928 au groupe des Amis du Libertaire dont Faucier était le secrétaire.

En mai 1929, lors des élections municipales, il avait été candidat abstentionniste dans le XVIIIe arrondissement aux cotés de L. Pelletier, Michel et Catalogne.

Le 1er février 1930 il avait remplacé Ribeyron comme gérant du Libertaire. Au printemps 1930 il avait été autorisé à rendre visite à la prison de la Santé à Jean Ribeyron "détenu politique" de l’UACR. Les 19-21 avril 1930 il fut le délégué du XVIIIe arrondissement au congrès tenu à Paris par l’UACR.

De nouveau délégué du XVIIIe, Frémont fut élu administrateur du Libertaire lors du congrès de l’UACR qui se tint à Toulouse les 17 et 18 octobre 1931 et abandonna en novembre 1931 son emploi de mécanicien ; il lui fut alors alloué une indemnité mensuelle de 1 500 F. Les autres membres de la rédaction étaient alors Marcel Chatelain (gérant), Maurice Catalogne (secrétaire de rédaction), Beauchet Mualdes et Jean Groote.

Á partir de janvier 1934 il résida 366 rue de Vaugirard où il vivait en concubinage avec Andrée Jeanne Mouinié originaire de Villeneuve-sur-Lot. D’octobre 1934 à mai 1935, il fut gérant du journal. Le 3 avril 1932 il participait comme délégué du XIXe arrondissement et du Libertaire au congrès de la Fédération anarchiste parisienne (FAP) où il était nommé à la commission administrative de l’Union anarchiste communiste révolutionnaire (UACR) qui en 1934 deviendra Union anarchiste (UA).

“Sa valeur militante” écrivit Nicolas Faucier “ses facultés d’orateur populaire et chaleureux à la fois, devaient le conduire au secrétariat de l’Union Anarchiste”. Lors du congrès de l’UAC les 20- 21 mai 1934, où il était délégué du groupe du XXe, il avait été élu à la rédaction du Libertaire dont il fut le gérant pendant 26 numéros. Suite à un article intitulé “Ton corps est à toi” paru dans le Libertaire du 5 avril 1935, il fut condamné par défaut à quinze jours de prison et 100 fr d’amende, puis acquitté en appel en octobre suivant. Il collaborait également à La Revue anarchiste (Paris, 25 numéros de décembre 1929 à avril 1936) publiée entre autres par Fernand Fortin. A ce même congrès, dit de l’unification, il avait été nommé à la commission administrative de l’Union anarchiste, aux cotés de Brière, Dhermy, Faucier, S. Faure, Jean Girardin, Marchal, Le Meillour, H. Lucien, Mualdés, Ribeyron et Vergine.

Après l’émeute parisienne du 6 février 1934, Frémont, qui demeurait alors 15 rue de Belleville, représenta, avec Anderson, Faucier et Lecoin, l’Union anarchiste à la réunion du Comité de liaison et coordination des forces antifascistes, que tint à son siège, le 7 février, la direction de la CGT, et qui décida de la grève générale du 12 février à laquelle participèrent les anarchistes ; ceux-ci prirent part également à la grande manifestation du 14 juillet 1935, non en tant que formation politique mais avec leurs syndicats respectifs, le préfet de police ayant refusé la présence du drapeau noir à la manifestation. Il demeurait alors 101 rue d’Angoulème à Paris 11e et figurait sur la liste de vérifications de domiciles d’anarchistes. Il était également le locataire du local et librairie du Libertaire, 29 rue Piat avant son déménagement à l’automne 1936 au 9 rue de Bondy.

Le 24 juin 1935, à la suite de l’article "Ton corps est à toi" sur l’affaire des stérilisés de Bordeaux (affaire Bartosek) paru dans Le Libertaire du 5 avril, il avait été condamné par défaut à 15 jours de prison et 100 francs d’amende avant d’être acquitté en appe le 28 octobre suivant.

Aux cotés notamment de R. Louzon, H. Barbé, Hagnauer, Jean Bernier et H. Poulaille, R. Frémont appartint enfin, en juillet 1935, au comité provisoire d’organisation de la Conférence nationale contre la guerre qui siégea à Saint-Denis les 10 et 11 août suivants. Toutefois les délégués de l’UA se retirèrent de la Conférence à la suite de la présence de l’ancien royaliste Georges Valois délégué du groupe Nouvel âge.

Selon André Senez, R. Frémont aurait participé en 1936, avec Ribeyron et Faucier, comme délégué de la tendance syndicaliste de la CGT, à l’assemblée constitutive du Front populaire à laquelle avaient pris part plus de cent organisations de gauche et d’extrême gauche. En février 1936 il était l’animateur et l’orateur d’une vaste tournée de propagande dans toute la France ayant pour thême « Le front populaire peut-il nous sauver ? ». Pendant les mouvements d’occupation et de grèves, il dénonçait le rôle du parti communiste, disant que “si le PC n’avait pas existé, la bourgeoisie l’aurait inventé” (témoignage de Senez).

En janvier 1936 Frémont déménagea au 366 rue de Vaugirard. Il était à cette époque l’administrateur (il avait remplacé Michel Smoulevitz) et permanent appointé (150 francs par semaine) du Libertaire.

Le 26 août 1936 il participait comme orateur de l’UA au grand meeting de soutien à l’Espagne révolutionnaire tenu salle Wagram qui réunit près de 3.000 personnes et auquel participèrent également Le Meillour (UA), Marchal (Fédération anarchiste de langue française), Paul Lapeyre (CGTSR), Boudoux (Fédération du bêtiment), R. Monclin (La patrie humaine), Chazoff (UA), Suzanne Lévy (avocate), et David Antona (secrétaire de la CNT). En novembre 1936 il fut avec Anderson le délégué de l’Union anarchiste à l’enterrement de Buenaventura Durruti à Barcelone.

Lors du congrès tenu par l’Union anarchiste les 30-31 octobre et 1er novembre 1937, il fut élu secrétaire général aux cotés de François Mahé (trésorier), André Scheck (administrateur du Libertaire), et de L. Anderson, Cam, Raymond Rollet, H. Guérin, N. Faucier, F. Servant et M. Duviquet (rédaction du Libertaire).

En janvier 1938, Frémont vint à Marseille et demanda à Schiano de réorganiser la Fédération provençale de l’Union anarchiste à partir des groupes Germinal, de Saint-Henri et d’Antibes. Lors des accords de Münich, il fut condamné par défaut le 12 décembre 1938 avec Scheck, Vintrigner et L. Anderson à 6 mois de prison suite à la diffusion d’un tract antimilitariste. Au même procès tenu devant la 12e chambre correctionnelle avaient été également condamnés à 6 mois de prison N. Faucier et L. Lecoin pour des artciles parus dans Le Libertaire et SIA.

En 1939, il devint secrétaire général de l’Union anarchiste ; il y était assisté d’une commission administrative comprenant François Mahé, André Scheck (trésorier), L. Anderson, A. Barzangette, R. Boutefeu (Coudry dit), E. Brière, Doutreau (Duviquet dit) N. Faucier, H. Guérin, R. Pedron, R. Ringenbach Ringeas, R. Rollet Tellor, et F. Vintrigner. Il était alors le secrétaire de rédaction du « Libertaire. Il demeurait alors 366 rue de Vaugirard avec sa compagne Andrée Mouinié, employée aux PTT.

Dans les quelques mois qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale, les anarchistes, eurent conscience de leur solitude et de leur impuissance, la classe ouvrière étant dans son ensemble, ralliée à la défense nationale dans une guerre antifasciste. Frémont écrivait dans Le Libertaire du 8 septembre 1938 qu’il ne restait plus “aux pacifistes que la solution individuelle pour se soustraire au crime collectif”, position qu’il confirmera le 13 mars 1939 et à laquelle se rallieront les délégués au congrès de la Fédération parisienne de l’Union anarchiste : “En cas de guerre, les militants doivent sauver leur peau et réaliser une organisation clandestine leur permettant de rester en liaison entre eux, même si toute propagande leur est impossible ; de cette façon, le moment venu, ils pourront agir avec cohésion et à bon escient.” (Arch. PPo. dossier UACR, carton 50, rapport du 20 mars 1939). Dans l’attente d’un sursaut révolutionnaire, René Frémont répondit à l’ordre de mobilisation et rejoignit en septembre 1939 à Rochefort-sur-Mer les aciéries de marine où il avait été mobilisé.Incorporé au 214e régiment d’artillerie divisionnaire, il fut tué le 10 juin 1940 à La Croix au Bois près de Sedan lors d’un bombardement. Le lendemain, son jeune frère était à son tour tué à quelques kilomètres de là.


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