Dictionnaire international des militants anarchistes
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HAMELIN, Émile, Théodore “Le Petit Chat”
Né à Trélazé (Maine-et-Loire) le 7 février 1864 – mort en 1939 - Colporteur de journaux ; journalier ; fendeur d’ardoises - AIA – FCAR - Angers & Trélazé (Maine-et-Loire) - Reims (Marne) - Brest (Finistère)
Article mis en ligne le 5 novembre 2007
dernière modification le 17 mars 2024

par R.D.

Émile Hamelin dit Le Petit chat, qui avait été réformé du 90e de Ligne, était domicilié aux Plaines, commune de Trélazé. Colporteur de journaux, il collabora, avant la Première Guerre mondiale, aux Temps nouveaux de Jean Grave.

Condamné en 1883 pour "outrages à agents" par le tribunal d’Angers, Émile Hamelin, secrétaire du groupe La Guerre sociale constitué à l’été 1888, avait été dès 1889 le correspondant à Angers de plusieurs journaux anarchistes dont Le Père Peinard, Le Prolétaire et La Révolte avant de gagner la région parisienne début 1890 avec sa compagne Marie Moreu. En 1889 il était membre du groupe Les Egaux angevins comme son frère qui cette même année avait émigré en Argentine.

Au printemps 1890 il demeurait cité américaine à Saint-Denis et était signalé dans les réunions à Paris du Cercle anarchiste international de la salle Horel.
Venant de Clichy et Saint-Ouen, il était arrivé en mai 1891 à Reims où il demeurait 13 rue Antonin le ¨Pierre et participait aux réunions du groupe anarchiste local avec notamment Bourguer, Beauvillain, Leprêtre et Pflug. Il était également l’un des diffuseurs du Père Peinard. Le 17 mars 1892 il avait été arrêté avec sa compagne à son domicile de Saint-Quentin où la police avait saisi de nombreux journaux anarchistes. Il figurait sur la liste d’anarchistes de Reims établie par le Préfet le 29 mars 1892 où il était mentionné comme “militant” et étant “détenu à Paris”. Cette même année 1892 il résida, semble-t-il, à Roubaix, 5 rue d’Italie, et fut signalé, notamment a printemps, comme circulant en Seine-Inférieure (Caudebec, Lillebonne, Le Havre…) où il faisait de la propagande en faveur du 1er mai. L’année suivante il était à Nantes où il avait alors pour compagne Aimée Manceau également fichée comme anarchiste. En 1893 il fut également candidat abstentionniste aux élections législatives dans la 1ere circonscription de Saint-Nazaire.

Émile Hamelin arriva à Brest avec sa compagne à la fin 1893. Il vivait alors en collectivité avec trois autres compagnons - Regis Meunier, Jean-Marie Petrequin et André Bizien - et leurs compagnes à Lambézellec au lieu dit Keranfurus Izella dans une maison appartenant au compagnon Adolphe Sèvre et surnommée "la maison des anarchistes". Il vendait alors dans les rues Le Pére Peinard, La Révolte et des brochures anarchistes. Le 3 janvier 1894, comme plusieurs autres militants de la région, il fut l’objet d’une perquisition où la police avait saisi journaux, brochures et chansons anarchistes. A l’exception de Meunier, il fut relâché quelques jours plus tard avec Bizien et Petrequin.

Le 10 mars 1894, il retournait avec sa compagne à Trélazé où il était arrêté dès son arrivée.

En 1895 il demeurait à Angers, 85 faubourg Saint-Michel, et diffusait la presse libertaire à la criée. Il travaillait alors comme fendeur d’ardoises à Renazé et circulait dans toute la région pour y diffuser la presse libertaire et faire de la propagande antimilitariste : Le Mans et Saint-Nazaire où en 1896 il avait réussi à fausser compagnie à l’agent affecté à sa surveillance, Nantes (1897), Agen (1897), Toulon et Marseille (1897), La Rochelle et Le Mans (1901), etc.
A l’été 1896 il avait activement participé à l’organisation des conféreces tenues dans la région par Broussouliux.

En août 1899, il fut signalé pour avoir distribué avec un soldat du 25e Dragons à Angers, un Manifeste destiné aux soldats et travailleurs où l’on pouvait lire : “Si l’on vous commande de marcher sur la foule, qu’aucun de vous ne bouge, si l’on vous somme de faire feu sur elle, que nul de vous ne tire”.

Au début des années 1900 il était l’un des correspondants du Libertaire à Angers.

Au printemps 1903 il était avec notamment Guichard et S. Mercier, l’un des animateurs du syndicat des hommes et des femmes de peine qui venait d’être fondé dans la région.
Cette même année 1903 il était avec Malaguais et Émile Guichard le responsable du groupe anarchiste d’Angers-Trélazé et invita Louise Michel à donner une conférence à Trélazé. C’est chez lui que fut hébergé E. Armand lors de sa tournée de conférences sur "le communisme pratique" en septembre et octobre 1905 à Trélazé. Depuis une quinzaine d’années, chaque semaine, il allait en bicyclette visiter les contrées de la région pour y vendre la presse libertaire (Les Temps nouveaux, Le Libertaire, L’Avant Garde, La Voix du peuple…).

Membre du groupe local de l’Association internationale antimilitariste (AIA) il fut arrêté le 8 octobre 1905 à la gare de Saint-Nazaire où il distribuait la brochure antimilitariste Aux conscrits qui lui avait été envoyée par le groupe Germinal d’Amiens et ce qui lui valut d’être condamné le 7 mars 1906 par la cour d’assise de Nantes à un an de prison et 200f. d’amende pour “provocation de militaire à la désobéissance”. Arrêté au printemps 1906, alors qu’il était candidat antimilitariste aux élections, il fut incarcéré à Angers en régime de droit commun.

En 1909 il fut signalé à Amiens et l’année suivante à Lorient.

En septembre 1910 un télégramme du commissaire de police de Morlaix signalait sa présence en Bretagne (Lorient, Hennebont, Guingamp, Saont Brieuc, etc) et dans les Deux-Sèvres et la Sarthe et le décrivait ainsi : “Vêtu d’un pantalon velours marron, gilet lustrine noire, casquette bleue, porte un sac en toile grise contenant journaux et brochures anarchistes La Guerre sociale, les Temps nouveaux, Le libertaire ; distribue ses journaux de porte en porte et sur les places”. A cette époque il était en étroit contact avec le groupe parisien Les Originaires de l’Anjou adhérent à la Fédération communiste anarchiste.

En 1914 il était le secrétaire du groupe d’Angers adhérent à la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR). Le groupe se réunissait à la salle de la coopérative de la Doutre, Boulevard Henri Arnault.

Pendant la guerre il faisait partie du groupe des amis de Ce Qu’il Faut Dire et diffusait ce journal fondé par Sébastien Faure. Il souscrivit au Libertaire dès sa reparution et dans les années 1920 collabora à l’organe mensuel des Jeunes syndicalistes Le Cri des Jeunes (Lyon, 1920-1925) et tenta de relancer un groupe antimilitariste Les amis de la paix. En 1919, comme il l’avait déjà été en 1906, 1910 et 1914, il fut candidat abstentionniste lors des élections législatives. En 1919 il avait également fondé à Angers un groupe des Amis des journaux d’avant-garde et un Groupe des amis de la paix. Fin 1919, il fut condamné avec le compagnon Baron, pour placardage d’affiches antiparlementaires.

En 1922 il fut l’auteur du rapport du goupe d’Angers présenté au 3e congrès national de l’UA tenu à la Maison du peuple de Levallois les 2-4 déécembre.

A l’automne 1923 il était le secrétaire adjoint du groupe de Trélazé dont le secrétaire était Louis Moreau. En décembre 1924 il participait au 2e emprunt pour Le Libertaire quotidien.

Par la suite, il collabora à La Calotte que Lorulot fonda en 1930. Hamelin qui résidait alors 89 rue des Plaines, au quartier des Justices d’Angers jouxtant Trélazé, et ne fut rayé du Carnet B du Maine-et-Loire qu’en 1932, voire en 1938 peu avant son décès survenu fin 1938 ou début 1939. Un article nécrologique le concernant parut dans L’Idée libre, février 1939, sous la signature de Lorulot.

Tout au long de sa vie à Angers-Trélazé, Émile Hamelin avait été obligé de déménager plus de quarante fois à la suite de l’intervention de la police auprès de ses propriétaires successifs.


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