Dictionnaire international des militants anarchistes
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KANNO, Suga “{YUGETSU}”
Née à Osaka (?) le 7 juin 1881 – pendue le 25 janvier 1911 - Institutrice ; journaliste - Tokyo
Article mis en ligne le 25 janvier 2008
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.
Suga Kanno (collage Eric Beaunie, 2020)

Fille d’un samouraï, Suga Kanno (parfois orthographié Kano) était au début du 20e siècle la compagne du militant socialiste Kanson Arahata. Le 22 juin 1908 elle fut arrêtée avec son compagnon lors de l’affaire dite des « drapeaux rouges » (pour célébrer la libération de prison d’un militant, des anarchistes avaient manifesté avec des drapeaux portant des slogans anarchistes en noir sur fond rouge). Lors du procès elle se proclama anarchiste mais fut acquittée tandis que son compagnon était condamné. Elle se rapprocha alors du théoricien libertaire Shushui Kotoku avec qui elle allait rapidement vivre en union libre.

En 1909 circulaient au Japon plusieurs brochures éditées par des militants japonais vivant aux États-Unis attaquant la personne de l’Empereur et le régime. Suga Kanno, partisane de l’action directe, réunissait alors autour d’elle un certain nombre de militants dont Takishi Miyashita désireux de tuer l’empereur lors d’un attentat à la bombe. Elle était alors la directrice de la revue Jiyu Shiso (Pensée libertaire) qu’elle éditait avec Kotoku et qui fut interdite dès le second numéro. En tant que directrice elle fut condamnée à une très forte amende (50 yens) qu’elle ne put acquittée et fut envoyée au bagne le 18 mai 1910 pour y purger une peine de 50 jours. Pendant qu’elle était emprisonnée, la police au cours de perquisitions avait découvert chez l’un des militants du matériel nécessaire à la fabrication de bombes. Elle profitait de ce fait pour gonfler les faits et déclencher une vaste répression où allaient être arrêtés plusieurs centaines d’anarchistes et socialistes. Le 31 mai Suga Kanno était accusée de « crime de lèse majesté » et traduite en justice devant la Cour suprême. Le 18 janvier 1911 elle était condamnée à mort avec 23 autres accusés dont Shusui Kotoku, Tadao Niimura, Takichi Miyashita, Rikisaku Furukawa, Sakamoto Seima. Outre Kotoku, 19 autres des condamnés n’avaient aucun rapport avec un quelconque projet d’attentat, et 12 d’entre eux verront leur peine commuée en travaux forcés à perpétuité. Malgré une campagne nationale et internationale déclenchée en leur faveur, Kotoku était exécuté le 24 janvier 1911. Le lendemain 25, Suga Kanno était à son tour pendue.

L’un des survivants de cette affaire, Sakamoto Seima, déposera une demande de réexamen de l’affaire qui sera rejetée en juillet 1967 par la Cour suprême.

Œuvres : -Mémoires de prison (éd. en 1950).


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