Enfant de l’assistance publique, Hélène Lecadieu avait été élevée dans un couvent jusqu’à sa majorité. Devenue anarchiste, c’est elle qui signa le bail emphytéotique au nom du Libertaire pour la location d’un terrain au 15 rue d’Orsel où fut installée la rédaction du journal. Elle fut, de mai 1905 où elle avait remplacé Louis Matha à septembre 1910 où elle fut remplacée par Émile Dulac, la gérante du Libertaire ce qui lui vaudra d’être poursuivie à plusieurs reprises, y compris en Cour d’assises pour « antimilitarisme » : le 9 décembre 1910, à la suite de la parution dans Le Libertaire du 5 juin précédent, d’un article sur Biribi intitulé “L’Enfer” signé Eugène Peronnet, elle fut traduite avec ce dernier en Cour d’assises où tous deux furent finalement acquittés. En 1915 elle était membre du groupe Les amis du Libertaire.

Souffrant d’une maladie de cœur elle se retirait à cette époque chez Madeleine Vernet à L’Avenir Social d’Epone où elle décédait le 23 juillet 1916. Lors de ses funérailles au Père Lachaise, André Schneider prononça un discours au nom de Pierre Martin qui, étant très malade -il devait décéder le 6 août suivant - n’avait pu se déplacer. Dans Ce qu’il faut dire (29 juillet 1916), C. Content écrivait : “Quelque temps avant la guerre, Hélène quitta le journal pour se rendre chez des amis. Puis elle revint chez Madeleine Vernet où elle est morte dimanche dernier… Elle vint une des premières au mouvement anarchiste. Dès les premières années, Hélène fut au Libertaire… Elle s’est éteinte bien obscurément, emportant nos regrets”.

A son décès, l’État récupéra le local de la rue d’Orsel faisant main basse sur les meubles, les archives et les livres qui s’y trouvaient.