Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
MURJAS, Étienne, Louis, Pierre dit “{Alexandre}”
Né à Alés (Gard) le 4 janvier 1860 – mort le 2 août 1894 - Tailleur ; correcteur - Paris
Article mis en ligne le 7 octobre 2008
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.

Après des études ches les jésuites à Avignon, Étienne Murjas dit Alexandre avait appris le métier de tailleur puis, au début des années 1880, était monté à Paris où il allait très vite fréquenter les milieux anarchistes. Il fut membre des groupes Terre et Liberté, La Lutte et La Panthère des Batignoles et participa en 1886, avec Octave Jahn, Bidault, Tennevin et Tortelier à la fondation de la Ligue des Antipatriotes. Il avait également adhéré à la Chambre syndicale des hommes de peine fondée par Leboucher et Louiche.

Il participait à de nombreuses réunions et prenait la parole faisant, selon la police « l’apologie des vols commis aux dépens des propriétaires et des riches, préconisant l’emploi de moyens violents et la grève générale ». Le 14 février 1885 il avait été condamné à trois mois de prison pour « provocation à l’attroupement ».

En janvier 1887 il participait activement à la campagne de protestation contre la condamnation à mort de Clément Duval dont il déclarait être l’ami intime et pris l’engagement de le venger en cas d’exécution lors d’un meeting tenu avec entre autres Louise Michel et Octave Jahn le 27 janvier à la salle des Mille Colonnes. Il avait notamment déclaré : “Oui nous sommes des voleurs, c’est notre droit de reprendre aux ventrus ce qu’ils nous ont pris, c’est à dire ce qui nous manque pour vivre".

En 1887 il aurait participé avec Octave Jahn, P. Paillette et Tennevin à la fondation du journal L’Avant-garde cosmopolite (Paris, 8 numéros du 23 mai au 23 juillet 1887) dont le gérant était Adrien Moucheraud. Le 8 juillet 1887 il était condamné à Paris à une amende de 100 fr. Il aurait été à la même époque membre de la Chambre syndicale des hommes de peine dont le principal animateur était le compagnon Jean-Baptiste Louiche et de la Ligue des antipropriétaires fondée par Couchot et spécialisée dans les déménagements "à la cloche de bois".

Le 5 février 1887, lors d’une réunion organisée par le groupe du XIIe arrondissement, il avait pris notamment la défense des ouvriers étrangers en ces termes : “Ce n’est pas sur l’ouvrier italien ou allemand qu’il faut taper, mais sur celui qui l’emploie, car est ce de sa faute à cet ouvrier étranger s’il a cru améliorer sa position en venant en France ? La terre est pour tout le monde. Le vrai coupable est le patron qui lui a dit : "tu as besoin ; je veux bien t’occuper, mais à tel prix", prix qui est toujours de beaucoup inférieur au tarif. C’est sur celui-là qu’il faut frapper et ferme !

Le 12 mars, aux cotés notamment de Louise Michel, Octave Jahn et Hemery Dufoug, il fut l’un des orateurs de la réunion publique organisée salle François, 33 rue Blomet, par la Jeunesse anarchiste, le groupe anarchiste du XVe et le groupe L’Avant garde du XVè. Devant environ 300 personnes, il avait appelé à l’abstention lors des élections prévues en mai ; avat de quitter la tribune aux cris de “Mort aux gouvernants et aux bourgeois !”, il avait déclaré que “l’anarchiste qui prend de l’argent là où il y en a, n’est pas un voleur comme les magistrats le qualifie, puisque cela n’est qu’une petite restitution et que l’anarchiste qui tue un patron ou un bourgeois, ne commet pas un assassinat mais se fait justice".

Le lendemain, 13 mars 1887, il avait été l’un des organisateurs d’un meeting tenu rue de la Montagne Sainte Geneviève par le groupe La Guerre sociale pour célébrer l’assassinat du pendeur Alexandre II et auquel avaient participé plusieurs compagnons dont Sourisseau, Carteron, Cabot, Ulrich et Leboucher, réunion qui s’était terminée par la Chanson des pieds plats. A cette même époque il aurait été l’auteur d’un article sur la Ligue des anti-propriétaires paru dans le journal L’Anarchie.

Au début de l’été 1887, il avait été expulsé de chez le compagnon Tennevin qu lui avait reproché d’avoir parlé à des journalistes du Matin et de La France d’une action devant se dérouler au Cirque d’hiver et qui avait dû être annulée.

A l’automne 1887 il avait fait part de son intention d’être candidat abstentionniste dans le quartier de la Monnaie lors d’élections convoquées à la suite du décès d’un conseiller municipal.

En mars 1888, lors d’une réunion du groupe Ni Dieu, ni maître, il avait annoncé son intention de former un nouveau groupe devant s’appeler Sans foi ni loi.

Au printemps 1888, il aurait été l’un des fondateurs, avec notamment Moreau et Gouzien, du groupe d’action anti-boulangiste.

Selon la police, il cessait à partir de cette année 1888 de fréquenter les réunions anarchistes, où la sincérité de ses convictions avaient été mises en doute. Toutefois il semblait ne pas avoir coupé les contacts puisqu’en septembre 1891, il adressait une lettre à Maître Fernand Labori qui avait été l’avocat de Clément Duval, afin de le rencontrer pour qu’il acepte de défendre gracieusement “un horloger, ouvrier et boutiquier”, condamné par contumace pour avoir fait “œuvre anarchiste à l’égard d’un honorable gardien de l’ordre” et qui avait été “bêtement découvert et à nouvea condamné”. Dans sa lettre Murjas, qui était alors le directeur du journal politico-littéraire des artistes montmartrois La Butte, précisait : “Je fus directement mêlé à l’affaire de mon ami l’anarchiste Duval, comme secrétaire de la Panthère, la fameuse Panthère des Batignolles. Je présidais le meeting de protestation à La Boule noire et vins vous voir avec d’autres amis." Il indiquait également savoir que Labori était “resté l’ami dévoué des anarchistes” comme le lui avait indiqué “son vieil ami Sureau- Charmes Willems alias” qui pourrait être Albert Sureau l’un des premiers adhérents de la chambre syndicale des hommes de peine.

Le 11 décembre 1892, aux cotés de Leboucher, Vivier, Porret, Brunet et Renard, il avait été l’un des orateurs de la soupe-conférence pour "les meurt-de-faim, va-nu-pieds" (voir Portfolio) tenue salle Favié qui, selon les sources, avait attiré de 500 à 3000 participants. Pendant la distribution des soupes, plusieurs compagnons avaient chanté La Marianne, Le Père Duchesne, La Dynamite, Les Pieds Plats… tandis que les mangeurs applaudissaient en criant “Vive la marmite ! Vive Ravachol ! Vive la soupe ! Vive l’anarchie !”.

Amputé d’une jambe, il travailla ensuite comme gérant de journaux et correcteur et en 1893, sur recommandation d’un abbé, fut placé chez les Franciscains de Vaugirard. Alexandre Murjas est décédé le 2 août 1894 à l’hôpital Lariboisière.


Dans la même rubrique

MURILLO ARASANZ, Celso
le 28 juin 2023
par R.D.
MURILLO FUERTES, Pedro
le 28 juin 2023
par R.D.
MUSETTI, Giuseppe “{LEO}”
le 28 juin 2023
par R.D.
MUSETTI, Rosa
le 28 juin 2023
par R.D.
MUNOZ PEREZ, Octavio
le 19 juin 2023
par R.D.