Dictionnaire international des militants anarchistes
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NERUCCI, Raffaele
Né à Castelfranco di Sotto le 11 juin 1876 - Commerçant - Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 17 octobre 2008
dernière modification le 7 janvier 2024

par R.D.

Raffaele Nerucci avait commencé à militer très jeune dans le mouvement anarchiste. Après plusieurs emprisonnements, il émigrait en 1901 en France et s’installait à Marseille où en 1909 il était signalé comme l’un des principaux membres du groupe anarchiste italien. Il avait alors ouvert, avec sa compagne Louise Corvetto, un petit restaurant buvette, sorte de cantine ouvrière, située d’abord 6 rue Jobin au quartier de la Belle de Mai, puis 1 traverse du Château-vert (en 1912), 50 Boulevard de Paris (1913) où de nombreux compagnons venaient prendre leurs repas et où certains logeaient et où il mettait à disposition journaux et brochures anarchistes. Il correspondait à l’époque avec les titres les plus importants de la presse libertaire italienne, dont L’Avvenire anarchico (Pise, n° 1, mai 1910) et Il Libertario (La Spezia, n°1, 16 juillet 1908).

Il avait été l’un des fondateurs du groupe anarchiste de la Belle de Mai et était en étroit contact avec notamment Charles Malato.

C’est à son initiative que fut publié en mars 1910 un manifeste bilingue franco-italien intitulé "La Protestation des anarchistes" et commémorant la Commune de Paris, puis en décembre 1911 avec le militant espagnol Corbella un manifeste bilingue italo-espagnol ; il prit la parole lors du meeting organisé le 24 décembre 1911 à la Bourse du travail pour protester contre la répression en Espagne. Les autres orateurs étaient Barrat, Durand, José Costa pour les groupes espagnols de Paris, Salvador Segui du Comité pro-presos de Barcelone et Sébastien Faure. Nerucci était alors le principal animateur du groupe Pietro Gori qui regroupait une cinquantaine de militants et sympathisants.

En 1913 il était membre du groupe international de Marseille qui se réunissait au bar Hagellon du quartier de la Poudrette et dont faisaient également partie Sébastien Giacomini, Giovanni Frangioni et le compagnon espagnol Eusebio Carbo. Il était membre du groupe Pietro Gori avec son frère Dante (voir ce nom).
Suite à des dissensions au sein du groupe Pietro Gori de Marseille qui avait cessé de fonctionner depuis quelques mois, Raffaelle Neucci avait été, en mai 1913, l’un des signataires d’un appel à une réunion le 18 mai au bar Magellione, Grande route d’Aix, à Saint Louis, en vue d’organiser un théâtre social qui organiserait des conférences et ferait de la propagande en présentant des pièces sociales en langue italienne.
Les autres signataires étaient Arturo Rovini, Emilio Caselli, Foresto et Egidio Sbrana, Giovanni Frangoni, Dante Nerucci, Vicenzo Paoletti, Guido Bigongioli, Guido Barcucci, Tranquillo Rovai et Ferrucio Casini.

Il prit début 1914, l’initiative d’un regroupement de révolutionnaires (anarchistes, socialistes, mazziniens) qui publia le journal trilingue (français, italien, espagnol) Pro vittime politiche (numéro unique de février 1914) consacré surtout à la défense d’Augusto Masetti, et organisa le 21 juin 1914, à la veille de la guerre, un meeting qui rassembla environ 250 italiens de diverses tendances. A l’issue de ce meeting fut voté un ordre du jour blâmant énergiquement le gouvernement italien pour la répression déclenchée lors de la « semaine rouge ». Un manifeste imprimé par Nerucci fut également distribué où il appelait à la révolution sociale et déclarait que les révolutionnaires devaient se tenir prêts « pour le grand jour où elle allait éclater ».

Lors de la déclaration de guerre, fortement influencé par Maria Rygier, il prit partie pour intervenir contre l’agression allemande et autrichienne. En mars 1915 il forma un groupe réunissant divers révolutionnaires italiens partisans de l’entrée en guerre de l’Italie et proposa de faire de la propagande auprès des italiens résidents en France. Début 1916, il publiait pour justifier ses positions la brochure Dal di la del Rubicone, le Rubicon représentant pour lui l’incapacité des anarchistes opposés à la guerre à comprendre le moment révolutionnaire que le conflit offrait. La brochure imprimée à Pise était préfacée par C. Malato.

Nerucci, qui depuis des années était un indicateur, adhéra par la suite au Parti républicain italien et devint après guerre un fervent fasciste et le fondateur en 1925 du Faisceau de combat de Marseille.

Dès février 1910, les militants anarchistes de Castelfranco l’avaient soupçonné d’être « un espion au service de la police française ».


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