Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
PERCHERON, Auguste, Henry, Adolphe
Né le 24 octobre 1837 à Poitiers (Vienne) – mort le 21 février 1896 - Revendeur d’étoffes ; chansonnier
Article mis en ligne le 23 décembre 2008
dernière modification le 22 février 2024

par Dominique Petit, R.D.
Auguste Percheron

Militant depuis 1880, Auguste Percheron fréquenta d’abord les groupes socialistes de femmes : le 2 février 1881, il participa à une réunion du Comité des femmes, 49 rue de Bretagne, lors de sa première séance, pour discuter des Cahiers de la femme. Après avoir fait, sous les rires du public, un éloge dithyrambique des femmes, avoir appelé à rendre la femme l’égale de l’homme à tous les points de vue et à lui donner les mêmes prérogatives et les mêmes droits, il s’était prononcé pour la suppression indispensable du code civil. Louise Michel, adhérente au Comité, donna son concours au débat. Puis il participa aux groupes anarchistes et notamment Les Libertaires du 20e arrondissement, le Groupe cosmopolite, le Groupe de propagande les Égaux, les Libertaires ardennais, la Ligue des antipatriotes. Il avait lui-même fondé dans le XXe arrondissement, un cercle littéraire anarchiste La Marotte.

Au printemps 1887 il fut l’un des compagnons qui dénonça l’internement abusif de Gustave Leboucher, l’un des fondateurs de la Chambre syndicale des hommes de peine, à l’asile de Sainte Anne où il alla le visiter.

Il était dans les années 1890 revendeur d’étoffes et « écrivain public ». Chansonnier libertaire il collaborait entre autres à L’Antipatriote (Paris, 2 numéros, du 12 et 26 juillet 1891) édité par Louis Perrault, à L’Attaque (Paris, 66 numéros du 20 juin 1888 au 26 avril 1890) édité par Ernest Gegout et à Vendémiaire (Vannes, 5 numéros de juillet à septembre 1891) dont le gérant était Henri Cholin. Il fut l’auteur de la chanson Les briseurs d’images publiée pour la première fois dans Le Père Peinard en 1892. Cette chanson traditionnelle dans les milieux libertaires fut notamment rééditée dans Le Libertaire n°11 (janvier 1896) et en 1922 dans l’un des recueils Nos Chansons publiés par La Muse Rouge ; en voici deux strophes :

« Autorité, lois et pouvoir/Dont nous portons les lourdes chaînes/ Craignez pour les luttes prochaines/ Vous serez brisés sans espoir/ Vous nous menez des anciens âges/ Et continuez leurs exploits/ Quand nous ne voulons plus de lois/ Nous sommes les briseurs d’images/

Patrie et famille, des mots/ Qu’ont inventé les égoïstes/ Que nous ont doré les sophistes/ et dont se sont épris les sots/ Nous leur laissons les avantages/ S’une double maternité/ Nous nous aimons l’Humanité/ Nous sommes des briseurs d’images ».

Lors de la vague d’attentats en 1894, Auguste Percheron fut arrêté et emprisonné. Le 20 mars 1894, le préfet de police délivra un mandat de perquisition et d’amener à son encontre pour association de malfaiteurs. Le 21 mars, le commissaire du quartier de Charonne se présenta à son domicile, situé à droite au fond de la cour et composé d’une seule pièce au rez de chaussée. Lors de la perquisition, la police découvrit un numéro illustré du Petit Parisien du 24 décembre 1893, représentant Vaillant à l’Hôtel Dieu et l’Écho de Paris du 18 février 1894 contenant des vers d’Émile Henry. Poursuivi pour "association de malfaiteurs", le 22 mars il fut incarcéré à la prison de Mazas. Lors de son interrogatoire il avait reconnu être anarchiste “mais au point de vue théorique simplement”. Le 8 mai, il fut mis en liberté provisoire.
Mais le 30 juin, le préfet de police délivra un nouveau mandat de perquisition et d’amener, pour le même motif. Le 1er juillet à 4H15 du matin, le commissaire du quartier du Père Lachaise, se présenta au 21 rue Vilin. Percheron répondit à la police : « Encore une fois ! », faisant allusion à la perquisition précédente. Il fut de nouveau arrêté et conduit à Mazas où il resta deux semaines au cours desquelles sa santé se dégrada. Il fut remis en liberté provisoire le 16 juillet 1894… Le juge Meyer délivra une ordonnance de non-lieu le 27 juin 1895.

Auguste Percheron décéda le 21 février 1896 à l’âge de 59 ans. Quelques jours avant, avec une centaine de compagnons, il avait participé à la grande soirée familiale tenue le 2 février au 64 rue Gambetta au profit du compagnon Édouard Grange (voir ce nom) au bagne de Calédonie.


Dans la même rubrique

PERBOSC, L.
le 28 décembre 2022
par R.D.
PERACINI, Moïse
le 28 décembre 2022
par R.D.
PEREZ TESAR, José
le 17 décembre 2022
par R.D.
PEREZ, Vicente
le 12 novembre 2022
par R.D.
PEREGRINI, Rufino
le 31 janvier 2022
par R.D.