Dictionnaire international des militants anarchistes
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ROLLAND Gaston, Émile “Antonio RASPIOL” ; “TONTON”
Né le 28 avril 1887 à La Chapelle-Saint-Mesmin (Loiret) – mort en 1982 - Graveur sur cuivre - Paris - Gironde
Article mis en ligne le 3 juin 2009
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.

Ayant dû quitter l’école très jeune, Gaston Rolland était devenu un ouvrier graveur sur cuivre, spécialiste en bijoux. Il était d’une grande générosité envers des compagnons dans le besoin.
« Artiste sorti du peuple » selon Le Libertaire (25 mars 1924), Gaston Rolland qui était, avant 1914, lecteur de la Guerre sociale et fiché comme anarchiste individualiste et illégaliste. Il était alors domicilié 19 Impasse de l’Orillon (XIe arrr.), Refusant la mobilisation dans une section d’infirmiers militaires, il s’était insoumis et, sous le nom d’ Antonio Raspiol, réussit à vivre de son travail à Paris et Marseille grâce à de faux papiers fournis par un compagnon espagnol.
Très bon ouvrier, il créa de nouveaux modèles (l’alliance à feuilles de lierre, la bague à marguerites) et gagnait très bien sa vie. Végétarien, il vivait chichement, “tout son argent servant à secourir les autres”.

En octobre 1916, il hébergea durant quelques jours à Marseille un insoumis nommé Bouchard qui passa ensuite en Espagne, puis en Suisse et le dénonça après avoir été arrêté à Evian. Le 4 septembre 1917, Rolland, sur le point de partir pour l’Espagne, était lui-même arrêté à Marseille. Interné au Fort Saint-Nicolas, il fut ensuite transféré à Grenoble où il fut inculpé avec E. Armand, Roberto, un Espagnol et Bouchard. Le 4 janvier 1918, ils étaient respectivement condamnés aux peines suivantes : Armand, cinq ans de prison, Roberto, quatre ans de la même peine, Bouchard, cinq ans de détention, Rolland, trois ans de prison.
Lors de l’audience Rolland assuma d’avoir hébergé et nourri Bouchard et revendiqua le droit d’asile : “Dans ceux qui frappaient à ma porte, je voyais des hommes poursuivis, de malheureux êtres humains traqués comme des bêtes fauves par la vindicte publique et qui, comme moi, n’avaient pas voulu être des assassins en pactisant à la guerre. Ils cherchaient un gite pour s’abriter, une table pour manger, moi, insoumis et réfractaire comme eux, je leur ouvrais largement ma porte, d’autant plus que ces hommes étaient de mes amis, des camarades” (cf. Le Libertaire, 6 janvier 1922).

Rolland réussit à s’évader de l’hôpital de Grenoble où il était soigné pour tuberculose. Repris à Paris lors d’une perquisition, il fut condamné par le conseil de guerre de Paris, le 19 juillet 1918, et cette fois pour insoumission à quinze ans de travaux forcés. A l’accusation de "faux et usages de faux" il avait répondu : “A un insoumis, trois moyens étaient bons : premièrement vivre de la prostitution d’une femme ou vivre sur le dos des camarades ; deuxièmement, faire le cambrioleur ou autres ; troisièmement, avoir recours aux faux papiers. C’est le moyen le plus propre, l’unique moyen me permettant de vivre honnêtement de mon travail” (cf. Le Libertaire, 24 octobre 1922).

Des campagnes furent entreprises après la guerre pour sa libération ; le 22 décembre 1921, le reste de sa peine de travaux forcés fut commué en dix ans de réclusion. Début 1922 il était tuberculeux à a Maison centrale de Poissy en attente d’un transfert au bagne de Guyane. Il fut définitivement libéré en juillet 1924 lors d’une amnistie. Il écrivait aussitôt au Libertaire pour dénoncer la situation d’Émile Cottin : " Cottin est anémié, affaibli et dégringole la pente, la volonté est annihilée complêtement, le ressort est détendu, ce n’est plus un homme mais un automate. Il faut faire quelque chose pour lui, c’est un cri de détresse qu’il faut pousser pour ce malheureux. Il lui faudrait des soins” (cf. Le Libertaire, 7 août 1924).

Le 12 octobre 1924, il avait assisté au congrès de la Fédération anarchiste du centre tenu à Foëcy chezl e compagnon Louis Grandjean et qui avait réuni une trentaine de compagnons.

En octobre 1929, Gaston Rolland, qui demeurait 17 rue de l’Amiral Mouchez (13e arr.), devint trésorier du Comité de défense sociale (CDS) et de la 3e série de de son bulletin (Paris, 5 numéros de novembre 1927 à décembre 1929) où il avait remplacé G. Courtinat. Le CDS dont étaient également membres Lucie Job et Jouteau, comptait alors 12 comités régionaux : Alger, Biarritz, Bordeaux, Limoges, Lyon, Marseille, Montigny en Gohelle, Reims, Roubaix, Toulouse, Tours et Trélazé.

En 1929 il était également l’un des responsable (trésorier) avec M. Theureau, G. Grégoire, P. Lentente et M. Langlois de la Colonie enfantine Libertaire qui au cours des deux mois d’été allait envoyer à la campagne chez Jeanne Morand, cinq enfants d’ouvriers.

A partir de mai 1931 (n°10), il fut le trésorier du bulletin de la Ligue internationale des réfractaires à toutes les guerres, Le réfractaire (Paris, 13 numéros d’octobre 1927 à décembre 1932), dont les principaux animateurs étaient A. Martin, M. Theureau, H. Dubois et Sylvain Chevalier. Á la même époque, il était, avec A. Mai et Maurer, membre de la commission de contrôle du groupe de L’Entraide.

En février 1934, suite à des raisons de santé, il abandonnait son poste de trésorier du Comité de défense social (CDS) où il était remplacé par Albert Cané.

Quarante ans plus tard, dans le journal de Louis Lecoin, Liberté, une souscription fut ouverte en sa faveur qui rapporta plusieurs milliers de francs (Liberté du 1er janvier 1965). Rolland vivait alors à Le Lissan, près de Gradignan (Gironde).

Gaston Rolland mourut en 1982.


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