Dictionnaire international des militants anarchistes
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VIAL Louis, Paul
Né le 2 mai 1886 (ou 1884 ?) à Meximieux (Ain) - mort le 21 décembre 1969 - Ouvrier guimpier puis tisseur – Lyon (Rhône) – Cayenne (Guyane)
Article mis en ligne le 28 mai 2010
dernière modification le 2 mars 2024

par R.D.

Orphelin de mère à l’âge de 9 ans, Louis Vial avait commencé à travailler à Lyon dès ses 16 ans et avait adhéré au groupe du Nid rouge. Marié et père d’un enfant, il demeurait 30 rue de Crimée à La Croix Rousse. Il était militant au syndicat des ouvriers apprêteurs et avait refusé de devenir contremaître. Il fréquentait assidument les réunions politiques et syndicales et avait activement participé aux campagnes antimilitaristes, notamment lors de l’affaire Aernoult-Rousset.

Fin 1917, soldat au 1er régiment mixte de zouaves et à la suite de la distribution dans des usines de Lyon et de la banlieue, à la Croix-Rousse, Sathonay, Caluire, de tracts défaitistes signés d’un Comité d’action révolutionnaire des ouvriers et soldats qui exaltait l’exemple donné par les Russes, il fut inculpé ainsi que treize autres suspects dont trois femmes. Déféré le 9 avril 1918 devant le conseil de guerre de Lyon, Louis Vial qui avait déserté, était alors en fuite sous un faux nom. Arrêté quelques semaines plus tard (le 31 mai 1918), il fut inculpé outre de désertion, de "faux et usage de faux" et "vol" et fut jugé par la Cour d’assises du Rhône qui, le 24 juillet 1918, le condamna à huit ans de prison pour vol qualifié : le groupe de déserteurs - Gabriel Grain, E. Séguin, Legout, M. Thévenot et Alfred Prieur -, auquel son cas fut joint et qu’il avait hébergé dans son refuge du 18 rue Calas, avait en effet pillé une villa pour trouver les moyens de survivre. Vial fut le seul à nier sa participation à ce pillage, affirmant que ses convictions politiques lui interdisaient le recours à de tels expédients. Devant la Cour d’assises il s’était présenté comme le responsable desl menées ’antimilitaristes. De plus, en août 1918, depuis sa cellule les compagnons Gabriel Grain, Seguin, Prieur et Thévenot avaient envoyé à la justice des lettres innocentant Vial du vol (cf. Le Libertaire, 27 juillet 1928).

Le 21 mars 1919, il comparut de nouveau devant le 3e conseil de guerre qui, pour “désertion, fabrication de fausses permissions et fausses feuilles de route”, lui infligea dix ans de travaux forcés et vingt ans d’interdiction de séjour. Devant le conseil de guerre il avait revendiqué son action antimilitariste, s’était proclamé libertaire et avait protesté énergiquement contre sa récente condamnation pour vol et recel.

Transféré au bagne de Cayenne en 1922, après 38 mois d’incarcération à la Centrale de Caen, Vial y retrouva quelques compagnons anarchistes. Il échoua lors de deux tentatives d’évasion puis participa en 1927 à l’une des tentatives d’évasion d’Eugène Dieudonné (Bande à Bonnot) avec lequel il parvint à gagner le Brésil. Il y participa à la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti ce qui lui valut d’être arrêté et renvoyé à Cayenne par les autorités brésiliennes. Interné aux îles du Salut pendant quelques semaines, il fut condamné à 2 années supplémentaires pour son évasion puis bénéficia de la confusion des peines.

En octobre 1927 le Comité de défense sociale de Lyon entamait, avec le CDS de Paris, une vigoureuse campagne pour obtenir sa grâce. Eugène Dieudonné sera le signataire de sa défense publiée dans le n°4 (octobre 1928) du Bulletin du Comité de Défense sociale (Paris, 5 numéros de novembre 1927 à décembre 1929) défense éditée en brochure sous le titre Un innocent au bagne : Louis Paul Vial et tirée à 20.000 exemplaires. Après une premier meeting tenu à Lyon en mai 1928 avec le concours de Dieudonné, plusieurs dizaines d’autres seront organisés tant à Paris qu’en banlieue et en province…

L’ensemble des syndicats lyonnais réunis sous l’égide de la Bourse du Travail, conduisirent une campagne pour sa libération. L’ordre du jour voté au meeting organisé le 24 mai 1928 affirmait son innocence pour l’accusation de vol qualifié, notait que la condamnation se fondait sur les affirmations de deux condamnés qui avaient varié dans leurs propos, soulignait les preuves de haute moralité données en sa faveur, tant en liberté qu’au bagne, et réclamait sa libération, son rapatriement ainsi que l’amnistie pour l’assignation à résidence qui le frappait.

Libéré au printemps 1929 et rapatrié, Vial présida une séance du IIe congrès de la CGT-SR qui se tint à Lyon en novembre 1929. Il fut embauché en 1929 dans une coopérative lyonnaise de consommation.

Louis Pail Vial est décédé le 21 décembre 1969 à Toulon.


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