Dictionnaire international des militants anarchistes
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CANTARELLI, Vittorio
Né à Castelnovo di Sotto le 16 octobre 1882 – mort en décembre 1957 - Cordonnier - FAI - USI - La Spezia – Paris – Zürich - Bruxelles
Article mis en ligne le 23 septembre 2010
dernière modification le 10 novembre 2023

par R.D.
Vittorio Cantarelli

Vittorio Cantarelli, dont la famille s’était installée à La Spezia en décembre 1888, avait commencé à travailler comme apprenti cordonnier dès sa sortie de l’école élémentaire. Entré en contact très rapidement avec le mouvement anarchiste, il devint rapidement le délégué des cordonniers à la Chambre du travail. En contact étroit avec Pasquale Binazzi et le groupe qui éditait l’hebdomadaire Il Libertario (La Spezia, juillet 1903 à octobre 1922), il en devint le gérant à partir de mai 1905 jusqu’à fin décembre 1908. Il fut également le gérant du numéro unique de 3 Agosto (La Spezia, 3 août 1908) édité pour le premier anniversaire de l’accident de travail dans lequel avaient été tués plusieurs ouvriers des hauts fourneaux de Portoferraio (Elbe). Le 16 juillet 1909 il fut condamné à dix mois d’emprisonnement et 10.000 lires d’amende pour délit de presse.

En novembre 1909, pour éviter son emprisonnement, il émigrait en France d’abord à Nice, puis à Lyon et enfin à partir de septembre 1912 à Paris où il travaillait toujours comme cordonnier et résidait dans le 18e arrondissement.

En 1917 il rentrait en Italie et reprenait son militantisme syndical et politique à La Spezia où il devenait l’un des militants les plus influents de la Chambre du travail fondée en 1910 par Pasquale Binazzi. En juillet 1919, en tant que dirigeant de la Chambre du travail et de l’Union syndicale italienne (USI), il organisait en liaison avec le Comité d’action unitaire national de Milan, les manifestations contre la vie chère à La Spezia - au cours desquelles furent tués deux manifestants -, puis il participait activement au mouvement d’occupation des usines et aux luttes contre la montée du fascisme. Il fut en 1922 le délégué de La Spezia au 4e congrès de l’USI où il s’opposa à la tendance pro-bolchévique. Le 23 avril 1922, avec Malatesta, Fabbri et Binazzi, il fit partie de la délégation de l’USI et du journal Umanità nova qui rencontra à La Spezia l’anarcho-bolchévique H. Sandomirsky qui faisait partie d’une délégation soviétique venue rencontrer divers diplomates européens lors d’un congrès à Gênes.

En septembre 1922, il s’expatriait en France et s’installait à Paris où il allait s’intégrer aux luttes antifascistes et syndicales menées par l’immigration italienne. En 1924 il fut le secrétaire du comité de défense de Bonomini et avec Borghi et Fedelli le promoteur d’un Comité d’alliance libertaire dont il fut nommé secrétaire avec Fedelli et Antonio Scotto. Il était également membre du comité de défense de Mario Castagna, aux cotés de Felice Vezzani, Roberto Giglioli et Paolo Casadei.

En septembre 1925 il participa, comme délégué de la Commission exécutive de la Chambre du Travail de La Spezia, au congrès tenu par l’USI à Paris. Début 1926, sous la menace d’un arrêté d’expulsion, il gagnait Zürich dont il ne tarda pas à être expulsé, puis, après un passage au Luxembourg, il rentrait en France en décembre où, après avoir tenu une conférence antifasciste, il était aussitôt arrêté et refoulé le 14 décembre vers la Belgique où il allait retrouver plusieurs compagnons dont Fabbri, Berneri et Zambonini.

Installé à Bruxelles il allait devenir l’un des plus actifs militants du Comité internatinal de défense anarchiste (CIDA). De nombreuses réunions se tinrent à son domicile et il entretint des rapports avec de nombreux militants de l’époque dont C. Berneri, Hem Day, V. Gozzoli, G. Damiani, M. Gamba, T. Gobbi, etc. ainsi qu’avec divers groupes antifascistes en France. Il collaborait à cette époque au Risveglio (Genève) sous le pseudonyme Civi. En mai 1929 il s’installa à Anderlecht dans la banlieue bruxelloise où il continua ses activités antifascistes tant publiques que clandestines. En 1931 il fut en rapport avec Angelo Sbardellotto, auteur d’un attentat contre Mussolini, ce qui lui valut d’être condamné en 1932 en Italie à 30 ans de prison comme « complice ».

Très actif dans le groupe anarchiste italien de Bruxelles, V. Cantarelli continua son action antifasciste et dénonça également les déviations autoritaires du régime soviétique, organisant en 1935 avec le groupe Pensée et action une conférence sur la répression en URSS. Avec le groupe italien de Bruxelles, il fut également l’un des organisateurs des manifestations contre l’invasion de l’Éthiopie par les troupes italiennes.

Lors de la guerre d’Espagne, il fut avec Mario Mantovani, l’animateur du Comité anarchiste de soutien qui envoyait des volontaires et récoltait de l’argent pour soutenir les familles de ces volontaires. À la fin de la guerre d’Espagne, il continua à s’occuper de ces volontaires après leur rapatriement ainsi que des réfugiés.

Dès le début de la seconde guerre mondiale, il intégra la Résistance d’abord en Belgique puis dans divers pays d’Europe occupée. Le 19 février 1941, il était arrêté en Pologne par les nazis et immédiatement transféré au Brenner et remis aux autorités italiennes. Il fut immédiatement interné à la prison de Civitavecchia pour y purger la peine à laquelle il avait été condamnée en 1932.

V. Cantarelli ne fut libéré qu’à la fin de la guerre et intégra immédiatement la Fédération communiste libertaire ligure (FCL) de La Spezia dont il fut délégué au congrès tenu à Milan en juin 1945. En septembre 1945 il fut le délégué de la FCL de La Spezia au congrès national tenu à Carrare où fut fondée la FAI, à laquelle il adhéra, puis au Congrès national tenu à Florence en mars 1946. Puis V. Cantarelli retourna définitivement en Belgique où, en décembre 1957, il décédait à Bruxelles.


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