Dictionnaire international des militants anarchistes
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LIOTHIER, Benoît
Né à Saint-Priest-en-Jarez (Loire) le 25 juillet 1883 - ouvrier métallurgiste - FCAR - CGT – Saint-Étienne (Loire)
Article mis en ligne le 11 octobre 2012
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.

Benoît Liothier, pendant son service militaire, avait été condamné le 13 juin 1905 à trois ans de prison par le conseil de guerre d’Alger (ou de Tunis ?) pour violences à supérieur, et envoyé aux compagnies de discipline. ; il bénéficia d’une réduction de peine de 6 mois.

En 1910, il était considéré comme un des plus dangereux antimilitaristes de Saint-Étienne et, dès la fin de l’année fut proposé pour l’inscription au Carnet B. Militant des Jeunesses syndicalistes, il était en effet, avec Jean-Baptiste Rascle, Tyrlot et Malot, un des plus fervents animateurs de la campagne contre les bagnes militaires et tenait la caisse du Sou du soldat. Aux cotés de Berthet et Salichon, ilétait également l’un des responsables locaux du Comité de défense sociale (CDS).

En janvier 1911, Benoît Liothier proposa à la Bourse du Travail de Saint-Étienne qu’aucun politicien ne puisse prendre la parole dans les meetings qui se tenaient dans ses locaux, vœu qui fut toutefois repoussé par l’assemblée. Par contre il fit adopter un autre vœu refusant de se soumettre à une délibération du conseil municipal qui avait refusé toute aide à la bibliothèque de la Bourse sans autorisation préalable du maire.

Le 12 février 1911, lors d’un meeting en faveur de Jules Durand il avait traité Briand de "bandit" et avait appelé à une grève générale de 48 heures. Il était à cette époque membre du groupe Germinal. Le 6 mars, lors d’une réunion du groupe de La Libre pensée, il avait déclaré que “le drapeau était une loque tricolore” et que c’était “bêtement que l’on salue le drapeau, comme l’on saluait le Saint-sacrement”. Au printemps et été il participait activement à la campagne contre la loi des retraites ouvrières.

En 1912, il fut le principal orateur d’une série de conférences à Chazelles-sur-Lyon, Grand-Croix, Saint-Chamond et Vienne (Isère) organisées tant par les milieux libertaires que par le Parti SFIO et où il prêcha l’unité nécessaire des révolutionnaires de toutes tendances contre la guerre. Pour y avoir également préconisé le sabotage des lignes télégraphiques en cas de mobilisation, il fut arrêté à la fin de l’année et condamné, le 6 janvier 1913, par le tribunal correctionnel de Saint-Étienne à deux ans de prison ferme ; mais, en juillet, la cour d’appel de Lyon le relaxa. Il put alors participer à la campagne contre la loi des trois ans, aux côtés de Jean-Baptiste Rascle. Il fut à cette époque, avec Laurent Moulin et Philippe Goy, l’un des animateurs du Foyer populaire, groupe anarchiste principal de Saint-Étienne qui se réunissait au café Ferriol et était adhérent à la Fédération anarchiste communiste révolutionnaire (FCAR). Il fut le secrétaire de ce groupe dont étaient entre autres également membres Goy, Rousset, Mathieu dit Piger, Jean Gardant, Régis, Claude Charrat, Antoine Clemençon, Salichon, Sedin, Exbrayat, Lacour et Catherine Bernard.

Auteur dramatique à ses heures, il écrivait des pièces engagées : en mars 1912, l’une d’elles, qui dénonçait Biribi sous le titre Aux Travaux, avait été jouée devant près d’un millier de personnes à Roanne par le groupe artistique stéphanois avant d’être interdite par le sous-préfet ; au début de 1914, Liothier fit représenter à Saint-Étienne un drame antialcoolique : La Source fatale.

En même temps, il participait activement à la vie du syndicat de la métallurgie, dont il fut le secrétaire à partir de 1910 au moins et qu’il représenta au congrès national de la corporation en 1912 ; l’année précédente pourtant, il avait cédé le secrétariat à Torcieux revenu de Paris. L’ardeur de ses convictions libertaires avait en effet rendu Liothier minoritaire et, à quelques mois de la déclaration de guerre, il envisageait la création d’une nouvelle Union des métaux d’où auraient été exclus Torcieux et Urbain Malot accusés de modérantisme. En août 1914, il fut de ceux qui se cachèrent un temps dans les bois du Pilat pour échapper à une arrestation éventuelle. Mobilisé début août 1914, il fut libéré en novembre et entra chez Lescure à Saint-Étienne. Il ne fit pas parler de lui pendant la guerre, même au plus fort de l’agitation pacifiste de mai 1918. Le commissaire déclarait à son sujet : « Il a mis de l’eau dans son vin. »

Après la Première Guerre mondiale, il adhéra au Parti communiste, et intervint dans des réunions publiques. Jusqu’en 1927, il fut responsable de l’hebdomadaire communiste le Cri du Peuple. En décembre de la même année, il perdit ses responsabilités au Cri du Peuple. Le 9 février 1928, il demanda des comptes politiques et financiers au comité de rayon, et reçut un blâme le 12 février. Il démissionna aussitôt, puis fut exclu du Parti.


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