Dictionnaire international des militants anarchistes
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CLARAMUNT CREU, Teresa
Née à Sabadell en 1862 – morte le 11 avril 1931 - Ouvrière du textile - MLE – Sabadell (Catalogne) - Londres - Saragosse (Aragon) - Séville (Andalousie)
Article mis en ligne le 19 janvier 2007
dernière modification le 10 septembre 2023

par R.D.
Teresa Claramunt Creu

Dès octobre 1884, le nom de Teresa Claramunt apparaissait dans les documents publiés par les militants anarchistes collectivistes de Sabadell où, cette même année elle avait fondé un groupe anarchiste féministe suivant les positions de FernandoTarrida del Marmol. Elle avait également été avec Certudes Fau membre du bureau de la réunion tenue à Sabadell et présidée par Lopez Montenegro où avait été fondée une association de défense des ouvriers et décidée la lutte pour la diminution des horaires de travail. Elle participait en 1885 au congrès anarchiste catalan de Barcelone puis à la fin de la décade aurait été au Portugal.

Le 1er mai 1891 elle avait fait débrayer un très grand nombre d’ouvrières à Barcelone.

En 1893 elle était arrêtée avec plusieurs centaines de militants après l’attentat commis le 7 novembre par Pallas au théâtre du Liceo de Barcelone. Dans une lettre publiée en 1897 par La Revue Blanche et reproduite par Le Père Peinard, elle raconta cette arrestation : " Nous fûmes arrêtés, mon mari et moi, à Camprodon (Gérone) le 14 juillet 1896. La garde civile nous accompagna jusqu’à Barcelone ; lorsqu’ils nous eurent interrogés, le gouverneur et le juge, reconnaissant notre innocence, donnèrent des ordres pour notre mise en liberté. Par la suite je fus interrogé par le fiscal (procureur public)… Ce monsieur m’avertit que j’aurais beaucoup à souffrir si je persistais à garder le silence sur mes complices… Il me fit ensuite mettre au secret et, à la nuit, je fus conduite à la prison qui est régie par des nonnes… et fus ainsi logée au quartier commun. Toutes les détenues ont un hamac à leur disposition ; je fus privée de cette commodité et dus coucher sur le plancher qio, étant souvent lavé, était très humide. Toute communication, même avec ma famille, me fut interdite. Je fus contrainte d’assister aux offices religieux ; j’eus beau manifester que je n’étais point catholique, mes protestations furent vaines… Le jour suivant on arrêta une pauvre veuve qui, par reconnaissance pour quelques légers services, commit "le crime" de nous apporter des vivres. Cette femme fut gardée au secret onze semaines, laissant une petite fille de dix ans abandonnée à elle-même… Ils me transportèrent au fort de Montjuich, escorté par deux gendarmes à pieds et deux à cheval… Je fus destinée au cachot n°2 qui est, après le n°0 (le cachot où l’on torture), le pire de tous. Ce cachot est obscur, non aéré, petit, humide et sale : au bout de sept jours, mon corps était tout enflé. Pour couchette on me donna une paillasse si sale que je ne pus dormir : paillasse et couverture pullulaient de poux et autres insectes… Je fus ensuite transférée au cachot qui sert de chapelle ; il est grand et contient divers compartiments, mais c’est le plus isolé et je fus tristement impressionnée (jusqu’à en tomber malade) par la pensée que je me trouvais dans le lieu où les condamnés à mort passent leurs derniers instants… Je passai ainsi sept mois. Quant vint l’époque du conseil de guerre, je fus un peu mieux traitée… et il n’y eut d’autre changement pour moi que la concession d’être avec mon mari après que notre acquittement nous eu été notifié. Je restai dans ce cachot jusqu’à mon départ pour l’exil”. Elle s’exila ensuite au Portugal.

En juin 1896, après l’attentat contre une procession religieuse rue Cambios Nuevos, elle était arrêtée et internée à Montjuich. Lors du procès tenu en décembre contre plus de 300 anarchistes et où seront prononcées huit peines de mort (dont cinq seront exécutées : Tomas Ascheri, Luis Mas, Antonio Nogues, Juan Alsina et José Molas), Teresa Claramunt était condamnée à la déportation hors d’Espagne.

En juillet 1897 elle avait fait partie d’un groupe de 28 bannis - selon la presse : Abdon Navarro, Juan Ventura, Pedro Pardo, José Miquel, Pedro Bunes, A. Bell Oller, Cristobal Ventosa, Pedro Pons, Sebastiano Serdanons, F. Manobens, Anselmo Tamonet, Emilio Navarro, J. Bonnet Pons, José Artigas, Magin Fonoll, Jaime Torrens, Vicente Py, Tomas Codina, Narciso Puig, José Tarres, Manuel Barrera, Cayetano Oller, Rugiero Alfredo, Salvador Prats, Antonio Gurri, José Testart et Juan Montseny - qui avaient été embarqués à Barcelone dur le navire Isla de Luzon à destination de Liverpool d’où ils avaient ensuite gagné Londres où notamment Louise Michel était venue les accueillir à la gare d’Euston. A leur arrivée en Angleterre, les proscrits avaient proclamé le manifeste suivant : “Anglais, travailleurs, homes libres, Salut ! En arrivant sur la terre classique de la liberté, nous vous saluons de tout cœur. Fils de l’Espagne, nous sommes expulsés de la terre qui nous a vus naître parce qu’on ne veut pas y tolérer des hommes faits pour être libres.
C’est avec une vraie joie que nous acceptons la peine de l’émigration parce que, en échange, nous avons échappé à la terrible inquisition espagnole, qui a ourdi un procès indigne d’une nation civilisée, pour condamner des homes honorables, fusiller les uns dans les fossés de Montjuich et enterrer les autres dans des bagnes immérités.
Nous avons aussi la douleur de penser qu’il reste au pouvoir des inquisiteurs 129 espagnols, amants de la justice, pour la liberté desquels nous faisons des vœux fervents.
Hommes honorables de tout le monde, salut !".
(cf. L’Intransigeant, 1er août 1897)

A Londres elle continua de travailleur comme ouvrière tisseuse.

En 1898 elle revenait à Barcelone où elle participait aux campagnes de protestations contre de nouveaux procès à Montjuich concernant une nouvelle série de militants poursuivis (1897-98). En 1900 elle organisait le groupe féministe anarchiste de Gracia et participait aux cotés de Leopoldo Bonafulla à la fondation du journal El Productor. Après avoir pris part à la grande grève de Barcelone en 1902, elle entamait une grande tournée de propagande en Andalousie qui se terminera par son arrestation à Ronda et son expulsion de Malaga. A la même époque elle collaborait au journal féministe libertaire Humanidad Libre (Valence, 1902, 3 n°).

A partir de 1909 elle était à Saragosse où elle allait contribuer à l’essor de l’anarchisme dans les milieux ouvriers aragonais et où en 1912 elle participait à une grande grève ce qui lui valut d’être emprisonnée. C’est en prison qu’elle allait contracter une maladie la paralysant petit à petit. Puis elle allait à Seville, en espérant que le climat améliorerait son état et où elle se chargeait de l’éducation des enfants d’Antonio Ojeda et où en 1923 elle participait à un meeting.

En 1924 elle retournait à Barcelone et vivait alors chez Francisca Saperas. Elle aurait participé à un dernier meeting en 1929, mais la paralysie l’obligeait à abandonner tout militantisme. Teresa Claramunt est morte à Barcelone le 11 avril 1931.

Teresa Claramunt a collaboré à un très grand nombre de titres de la presse libertaire dont El Productor, La Huelga General, El Rebelde, Tribuna Libre, El Productor literario, El Porvenir del Obrero, Fraternidad, La Alarma, El Proletario, Buena Semilla, etc.

Œuvres : -La mujer : consideraciones generales sobre su estatuto ante los prerrogativas del hombre (Mahon, 1905) ; -El mundo que muere y el mundo que nace (Barcelone, 1896).


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