Réfractaire à la guerre d’Algérie, Bernard Reglat avait d’abord milité au Parti communiste jusqu’en 1963. Travaillant comme éducateur pour handicapés c’’est après avoir activement participé au mouvement de mai 1968 – où il fut l’animateur de l’un des premiers comités de chômeurs -, que Bernard Reglat, membre d’un groupe libertaire autonome, avait été au début des années 1970 le fondateur à Toulouse en 1972 de l’Association pour l’art et l’expression libres (AAEL), l’un des animateur du Contre-journal (Toulouse, au moins 14 numéros de mai 1970 à octobre 1972) tiré en sérigraphie et destiné à être collé sur les murs, puis en 1973 de l’imprimerie 34, deux associations emblématiques de la vie politique toulousaine et impliquées dans de nombreuses luttes : antifranquisme, antifascisme, anti nucléaire, contre la peine de mort, les sectes, les OGM, pour la libération des femmes, le soutien aux Roms, aux sans papiers…

« D’un farouche esprit d’indépendance, fuyant tous les sectarismes » Bernard Reglat s’était toujours « tenu à l’écart des vaines polémqies » et avait su avec ses compagnons faire de l’imprimerie non seulement un outil technique mais, avant tout « une arme politique, un instrument d’expression, d’échange et de critique sociale…un instrument qu’il a su mettre…à la disposition de tous ».

En 1973-74, il fut particulièrement lié à la lutte antifranquiste et fut l’imprimeur de quelques brochures et livres édités en Catalogne par le Mouvement ibérique de libération (MIL) et les éditions clandestines Mayo 37.

Membre des Groupes d’action révolutionnaire internationaliste (GARI), une coordination de groupes anarchistes et autonomes formé pour soutenir les compagnons du MIL et, il participa à cette époque aux nombreuses manifestations pour tenter d’empêcher l’exécution en Espagne de Salvador Puig Antich puis en soutien aux militants des GARI emprisonnés en France.

Il fut également le principal animateur, éditeur et imprimeur du périodique en quadrichromie Basta (Toulouse. Novembre 1975-2011 ?) dont le gérant était Christian Martre qui publia au moins 42 numéros et de nombreux suppléments.

Ces activités lui valurent de nombreuses poursuites notamment devant la Cour de Sûreté de l’État et entraînèrent que l’Imprimerie 34 fut dans les années 1970 plusieurs fois incendiée (trois fois par l’extrême droite et une fois par les sionistes à la suite de publications d’affiches pro-palestiniennes).

Dans les années 1980 l’imprimerie 34 était essentiellement animée, outre Reglat et C. Martre, par Françoise Bouyer, Michel Chitti, Gérard Fabre, Marie Guilhem, Philippe Pley et Georges Rivière.

De 1990 à 1994, l’Imprimerie 34 se dota d’un centre de formation et d’un journal qui permit à plus de 150 jeunes de bénéficier de ce dispositif et de s’initier aux métiers de la presse…

En octobre 2009, avec Raymond Delgado, il fut l’auteur d’une lettre ouverte dénonçant les manipulations et la dénaturation de leurs témoignages dans le documentaire « Histoires secrètes d’Action Directe » de R. Icard et diffusé par Canal plus.

Au début de sa retraite, à plus de 60 ans, Bernard Reglat s’était inscrit à l’Université du Mirail où en 2007 il soutint une thèse de doctorat en sciences de l’éducation (Recherche comparative sur les représentations sociales des démocraties libérales à travers l’éducation civique, juridique et sociale).

Souffrant depuis plusieurs années d’un cancer, Bernard Reglat est décédé le 8 septembre 2010 et a été incinéré à Toulouse le 11 septembre.

oeuvre : Catalogue des ouvrages publiés par l’AAEL & oeuvres de B. Reglat