Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CRUZ GUTIERREZ, Francisco “SEISDEDOS”

Né vers 1863 — brûlé vif le 11 janvier 1933 — Paysan — MLE — CNT — Cadix (Andalousie)
Article mis en ligne le 9 mars 2014
dernière modification le 12 juillet 2024

par ps

Vieux militant anarchiste de Casas Viejas (Caix) Francisco Cruz Gutierrez Seisdedos avait connu toute la génération de militants formés au sein de la Première Internationale et des évènements de la Mano negra. Très solidaire il était toujours prêt à partager le pain et le premier, lors des inondations, à aller ravitailler les fermes isolées de la région. A la fin des années 1920, alors que la compagne d’un vacher de Majaverde était mourante d’une maladie extrêmement contagieuse et que le médecin avait interdit à quiconque de la voir sous peine de mourir, il était resté seul avec son mari pour l’assister, puis avait ramené sur son dos au village le cadavre qu’il avait enterré toujours seul au cimetière.

Au début des années 1930 son modeste domicile servait de local de la CNT et d’Athénée libertaire où il aimait à raconter aux jeunes militants l’histoire du prolétariat révolutionnaire.

Lors du mouvement révolutionnaire de janvier 1933, les compagnons de Casas Viejas avaient proclamé le communisme libertaire le 10 janvier. Le lendemain, à l’arrivée d’une forte troupe de la Guardia Civil et de la Garde d’assaut, beaucoup de militants avaient pu fuir. Francisco Cruz était resté dans sa cabane qui fut incendiée par la troupe et où il fut brûlé vif avec 5 autres compagnons dont 2 de ses enfants et Manuel Quijada Pino. Seuls deux jeunes, dont Maria Silva Cruz La Libertaria, parvinrent à s’échapper.

Furent également tués le lendemain à Casas Viejas les militants cénétistes Antonio Barberan Castellet, Pedro Cruz, Jeronimo et Juan Silva Gonzalez, Fernando Lago Gutierrez, Juan Galindo Gonzalez, Cristobal Fernandez Exposito, Manuel Benitez Sanchez, Juan et Manuel Cruz Benitez, José Utrera Pérez, Juan Grimaldi Villanueva, Andres Montiano Cruz, Manuel Pinto Gonzalez, Francisco Garcia, Josefa Franco, Manuela Largo, Balbino Zumaquero (ou Sumaquero) Montiano, Fernando Largo et Rafael Mateo et détenus près d’une centaine de militants. Le local de la CNt avait également été incendié et tous les enfants du village firent contraints d’aller au cimetière pour y défiler devant le tas de cadavres.

Ce massacre marqua la rupture de la CNT avec la République et fut à l’origine de nombreux livres et brochures dont Casas Viejas de Ramon Sender (Madrid, 1933), Han pasado los barbares : la verdad sobre Casas Viejas de Vicente Ballester (Séville, 1933), España 1933 : la barbaria gubernamental (Barcelone, 1933), La Verdad sobre la tragedia de Casas Viejas (Barcelone, 1933).


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