Fils du militant anarchiste Ugo Del Papa, Romualdo était dès son adolescence membre du cercle des jeunesses anarchistes Bruno Filippi de Carrare.
En juillet 1921 il émigrait clandestinement en France d’abord à Brignoles, puis en 1927 à Toulon (Var) avec sa compagne Henriette Louis Tallandier dont il aura trois enfants. Il était alors en contact avec un grand nombre de militants italiens exilés — dont C. Berneri, Gino Bibbi et Ugo Boccardi — et participait activement à la lutte contre le fascisme.
Selon un rapport de la Sureté nationale, il aurait “en compagnie de trois de ses compatriotes, assailli et blessé à coups de revolver, dans la nuit du 24 au 25 janvier 1922, des douaniers qui surveillaient un train de marchandise” (rapport du 13 décembre 1939). Le 19 août 1924 il fut condamné à Toulon à 25 francs d’amende pour “violences et voies de fait” (affaire des antifascistes).
En 1935 il était à La Seyne, où il habitait le quartier des Mouissèques, sous la menace d’un arrêté d’expulsion et où il était membre du groupe dont le responsable était Ugo Boccardi.
Dès le début du soulèvement franquiste il partait pour l’Espagne s’enrôlait dans la Colonne Durruti jusqu’en juin 1937, où malade il rentrait en France. Il travaillait alors aux chantiers navals de La Seyne jusqu’à la déclaration de guerre où il était arrêté par la police et interné d’abord au Fort Sainte-Catherine de Toulon et était l’objet le 13 novembre 1939 d’une proposition d’expulsion ; dans son rapport le chef de la sureté le qualifiait ainsi : « Intelligent, leader des anarchistes de La Seyne, partisan des moyens violents, Del Papa est très répandu dans les milieux extrémistes. Très dangereux, fréquentait des réunions du parti communiste, semble actuellement n’avoir que mépris pour cette tendance. » Puis il était envoyé au camp du Vernet d’Ariège. Le 17 septembre 1941 il était conduit par des gendarmes français à la prison de Menton puis remis aux autorités italiennes. Le 12 novembre 1941 il était condamné à cinq ans de confinat et envoyé à Ventotene.
Après la fermeture de Ventotene en mai 1943, il retournait à Carrare pour y participer à la résistance. Le 8 septembre 1943, à l’annonce du désarmement des soldats italiens par les Allemands, il allait à la caserne Dogali pour exhorter les soldats à ne pas obéir et à rejoindre la résistance. Avec notamment Renato Macchiarini, Alcide Lazzarotti, Edmondo et Renato Ravenna, Giuseppe Andrei, Orlando Battaglini, Gastone Galeotti et Olivo Merlini — tous militants anarchistes — ilorganisait le premier groupe de partisans libertaires, la brigade SAP-FAI qui ultérieurement (mai 1944) sera renommée Renato Macchiarini et comptera 12 escouades de 17 hommes chacune. Dans les semaines qui suivaient il participait aux réunions des diverses forces antifascistes qui constituaient un Comité de Salut public qui deviendra ensuite le Comité de Libération Nationale (CLN) dont les premiers délégués anarchistes étaient R. Viti, U. Mazzucchelli et Romualdo Del Papa. Tous les partisans anarchistes, qui étaient hégémoniques dans la région, n’étaient pas d’accord sur la participation au CLN. A ce sujet Romualdo témoignera : « Nous sommes entrés au CLN pour maintenir la position de suprématie politique que nous avions acquise à force de sacrifices et pour aider la population. Nous ne croyons pas avoir en aucun cas contrevenu à nos principes. Nous avions ainsi la possibilité de contrôler l’administration et la gestion de notre ville. Nous permettions que le CLN ait une politique révolutionnaire d’opposition au gouvernement fasciste de Rome. Dès les premièrs signes de politique gouvernementale, nous nous sommes retirés » (Umanità nova, 13 mai 1945).
Romualdo Del Papa a également participé à de nombreuses actions. Lors d’une mission de liaison dangereuse près de Altopascio, il avait été le seul à s’en tirer : les deux compagnons qui l’accompagnaient avaient été tué pour l’un — V. Perissimo — et fait prisonnier et déporté en Allemagne pour l’autre — R. Macchiarini. A la libération de Carrare en février 1945, il fit partie avec d’autres militants anarchistes dont O. Ludovici. I. Macchiarini, Renato et Adolfo Viti, de la junte provisoire de gouvernement qui faisait office de conseil municipal.
En septembre 1945 il participait à Carrare comme un des délégués de la Fédération Communiste Libertaire de Massa Carrara au congrès d’organisation de la Fédération Anarchiste Italienne (FAI). Il était ensuite le rédacteur responsable de l’organe de la FCL de Carrara Il 94 (un numéro le 15 septembre 1945, puis un numéro le 10 février 1946). Il soutiendra par la suite une longue polémique avec U. Marzucchelli sur leurs conceptions respectives de l’anarchisme.
Romualdo Del papa est mort à Carrare le 20 Décembre 1965.