Angel Tomas Cortes qui avait commence à militer très jeune dans le mouvement libertaire, avait été chargé, lors de la révolution, de la distribution de vivres à la mairie de Cheste (Valence). Avec le groupe des Jeunesses libertaires (FIJL), il s’était également occupé de l’alphabétisation des illetrés du village au siège de l’Ateneo libertario. Il participa ensuite à l’organisation des collectivités qui regroupèrent à Cheste plus de 700 personnes sur les 5000 habitants que comptait le village.
A la fin de la guerre il avait gagné Alicante pour tenter de s’y embarquer mais fut fait prisonnier par les franquistes et interné au camp de Los Almendros puis d’Albatera. Sauvé par son jeune âge, il fut assez rapidement libéré et regagna son village où il s’intègra au réseau de résistance mis en place par la CNT — il était semble-t-il en contact avec Angel Tarin Haro du groupe Ponzan —, puis, sur le point d’être découvert, avant de passer clandestinement en France par Andorre vers 1940.
Installé en Ariège il y participa alors pendant quelque temps au ravitaillement de compagnons espagnols travaillant pour les allies (réseau de Francisco Ponzan) et effectue trois missions en Espagne pour y chercher des militants et/ ou ramener de la propagande et du soutien économique aux familles de prisonniers.
Devenu bûcheron sous une fausse identité — il ne récupérera son identié qu’en 1965 —, il quitta Tarascon sur Ariège en 1942 et alla (ou fut envoyé) à Rians (Cher) pour travailler dans une société fabriquant du charbon de bois pour les Allemands. Parallèlement il se rendait régulièrement à Marseille pour y chercher des fausses cartes d’alimentation. C’est au cours d’une de ces expéditions qu’il fut arrêté à Marseille cette même année 1942. L’intervention du consul du Mexique qu’il avait contacté en vue d’une émigration, lui évita une déportation à Buchenwald et il fut finalement déporté en Corse où il va s’intégrer au groupe de Résistance de paul Semidei.
A la Libération il s’installa à Méounes les Montrieux (Var) où il allait devenir l’épicier du village et où il allait rencontrer sa compagne Jeanne Griseri, fille d’un antifasciste italien. Angel Tomas continua de militer à la FIJL (secrétaire de propagande) et à la CNT en exil, participa aux travaux du Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA) de Marseille, aux diverses rencontres libertaires tenues dans la région et aux initiatives des groupes anarchistes de Toulon.
Angel Tomas est décédé le 10 août 2020.
En septembre 2015, la journaliste et chercheuse Joëlle Palmieri lui avait consacr” un long et beau portrait Angel Tomas ou la lutte contre l’oubli réalidé après des entretiens qui ont été déposés aux Archives départementales du Var (Mémoires du Val d’Issole).