En 1900 Auguste Lambin, dont la sœur Céline dite Gibout était également anarchiste, résidait à Troyes où il travaillait chez un teinturier puis comme garçon de laboratoire chez un pharmacien. Selon la police « il suivait assidûment les cours de chimie et se rendait fréquemment à la bibliothèque municipale où il ne demandait que des ouvrages traitant des matières explosibles ».
Le 12 juin 1900 il avait été condamné à 6 mois de prison avec sursis pour « vol et détention d’explosifs ». Suite à un attentat à la bombe dans une église de Troyes le 12 août 1901, il avait été l’objet d’une perquisition par la police qui avait découvert divers produits chimiques et avait été arrêté avec l’espagnol Felipe Franquet (ou Villanueva ?) qui logeait chez lui. Traduit devant le tribunal correctionnel, Lambin, disculpa son camarade, assurant être le seul à pouvoir fabriquer une bombe mais nia être l’auteur de l’attentat. Il fut condamné le 10 décembre 1901 à 18 mois de prison et transféré de la prison de Troyes à celle de Chaumont dont il fut libéré le 6 juillet 1903 après avoir purgé les deux peines de 6 et 18 mois. Après avoir déclaré se rendre chez son frère à Reims, il était parti pour Paris où il aurait résidé sous une fausse identité à Belleville.
Suite à une bagarre à l’église de Belleville le 18 mai 1903 avec des membres de la Libre Pensée voulant empêcher un ancien jésuite d’y prêcher, une bombe placée sur un tronc explosait dans l’église le 31 octobre : sur un pilier avait été collé un petit papier « Premier avertissement » et dans les débris du tronc la police trouva des fragments du Libertaire. Le 14 novembre suivant Lambin était arrêté à Cherbourg, transféré à Paris, inculpé de l’attentat à l’église. Lors du procès le 9 décembre, sa participation à l’attentat ne put être prouvée et il bénéficia d’un non-lieu. Selon Le Libertaire (12 décembre 1903) on l’avait « rejeté à la rue lundi à 8 heures du soir, sans le sou, sans s’inquiéter de savoir de ce qui pouvait advenir. Le malheureux, après avoir passé la nuit dehors, endormi vaguement sur un banc, au risque d’être arrêté à nouveau comme vagabond, est arrivé mardi matin au Libertaire dans un état de dépression que nos camarades devinent ».
Lambin, sous la fausse identité de Maurice Bouché, le compagnon de sa sœur Céline, alla alors en Belgique. Le 17 mars 1904, une bombe était découverte à Liège près du domicile d’un commissaire de police et explosait lors de son désamorçage tuant le commissaire et blessant plusieurs agents. Le 22 mars suivant une nouvelle bombe était trouvée sur la fenêtre du domicile d’un autre commissaire. Le lendemain Lambin était arrêté à la gare de Liège avec un autre compagnon français Paul Gudefin et la police saisissait dans ses bagages un cahier avec des formules de fabrication de bombes, des discours d’Émile Henry et des coupures de presse sur l’attentat de l’église de Belleville. Traduit aux Assises de Liège avec Gudefin et Modeste Boutet l’ouvrier houilleur qui leur avait loué une chambre, Lambin fut confondu par son écriture — il avait écrit une lettre au journal La Meuse, après le premier attentat menaçant d’en commettre un autre si le compagnon G. Thonar soupçonné et arrêté pour ces faits n’était pas immédiatement relâché — fut condamné à mort avec P. Gudefin, peines commuées en travaux forcés à perpétuité, la peine de mort n’étant plus appliquée en Belgique,
Auguste Lambin fut grâcié et libéré à la fin 1928. Rentré e France il se maria à Bourges en 1929.
Auguste Lambin est décédé à Créteil le 3 avril 1959.