Présenté comme un militant anarchiste espagnol réfugié en France, un certain Salvador Alvarez Gamundi (né le 14 août 1868 à Sollers), qui était alors dit comptable, avait été l’objet le 13 août 1897 d’un arrêté d’expulsion qui lui avait été signifié à Fontainebleau le 17 août alors qu’il pmurgeait une peine de 15 jours de prison pour vagabondage. Le 30 novembre 1899 il avait été condamné à Nîmes à 1 mois de prison pour “vagabondage”, puis le 20 décembre à 8 jours à Narbonne et à l’expulsion. Il fut emprisonné à Montpellier en 1900. Le 20 octobre 1900, il était condamné à Perpignan à deux mois de prison pour « infraction à un arrêté d’expulsion », puis le 31 octobre suivant à deux ans de prison pour « outrages par écrit » à des magistrats de Perpignan. Il était alors qualifié « d’anarchiste dangereux à surveiller de près » et « à isoler le plus possible ». Il aurait collaboré au Libertaire. Le 26 novembre 1900, il était transféré à la prison de Nîmes dont il était libérable le 15 octobre 1902, puis le 11 janvier 1901, suite à une mesure d’amnistie, il était libéré et amené à Cerbère pour être remis aux mains des autorités espagnoles. Toutefois l’arrêté fut rapporté le 2 mars 1901, Salvador Alvarez danqs une lettre au préfet (21 janvier 1901) avouant qu’il était de nationalité française et s’appelant en réalité Isidore Baffoné. A sa libération il s’était rendu à Avignon où il aurait voulu se fixer, étant interdit de séjour dans les Bouches-du-Rhône. Toutefois il était signélé dans une manifestation le 20 mars 1901 à Marseille, avant d’être arrêté le 7 à Cadenet, puis en août 1903 à La Ciotat.
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Nous ignorons s’il il y eut un véritable Salvador Alvarez et/ou un échange d’identité ou s’il s’agit d’une totale fausse identité adoptée par Baffone. Il fut également soupçonné, au début des années 1900 d’être le Marius Bernard, inscrit comme “nomade” à l’état vert n°3 des anarchistes disparus et/ou nomades et condamné en 1894 à Grenoble à 6 mois de prison et 5 ans d’interdiction de séjour pour “vagabondage” Il avait de nouveau été condamné en 1896 à Melun à 6 mois de prison et 5 ans d’interdiction pour infraction à l’interdit de séjour.
Né à Suez (Egypte) de parents français, Isidore Baffoné était le fils d’André et de Zoé Bousquet, résidait à La Ciotat où il était employé de commerce et titulaire d’un permis de vendre des journaux. Tiré au sort avec la classe 1888, il avait été exempté pour « tare centrale de l’oeil droit ».
En 1897 sous le nom de Baffone il avait ét condamné à Saint-Junien (Haute-Savoie) à 1 an de prison et 5 ans d’interdiction de séjour pour « vol ».
Vers 1899 il serait parti pour Barcelone où il aurait séjourné quelque temps avant de revenir en France où en novembre 1901 il résidait chez sa mère 10 rue Grande à La Ciotat.
Inscrit — sous le nom de Marius Bernard — à l’état vert n°3 et n°4 des anarchistes disparus et/ou nomades, il circulait à pieds dans l’Aisne et la Marne (Reims Mourmelon, Chalon) où en février 1902 il avait été détenu pour vagabondage et avait prétendu se nommer Pierre Durand, né à Tunis. En novembre 1902 il était signalé avec le compagnon Louis Joreau de passsage à Limoges en direction d’Angoulême. Tous deux étaient signalés en Vendée, les Deux Sèvres, La Sarthe…
Début 1903 il était domicilié à La Ciotat où sa mère aurait tenu un petit commerce de cordages et où il était l’objet d’une “surveillance spéciale”. En mars 1903 il était détenu à Versailles pour « vagabondage et infraction à une interdiction de séjour ». Il était à cette époque inscrit à l’Etat vert n°3. L’été 1903 il était signalé à Apt où il colportait des “cahiers de papiers à cigarette” ; selon le rapport de police il émettait « facilement des théories subversives à qui veut bien l’entendre et se fait une gloire d’être anarchiste ». En septembre suivant il était signalé à Montélimar avec le compagnon Georges Bill également inscrit à l’Etat Vert. Un bon de secours pour être logés une nuit gratuitement leur avait été remis au commissariat. Engagés à quitter le département ils étaient partis pour Privas après qu’un bon de chemin de fer leur ait été délivré. Ce même mois de septembre Baffoné était signalé à Albi « dans le dénuement le plus complet » et demandant des secours. Selon la police il aurait déclaré « avoir habité plusieurs mois à Paris sous de noms d’emprunt pour échapper aux recherches… et avoir été en relations avec plusieurs compagnons de la capitale ».
A la mi-octobre 1903 il était détenu à la prison d’Alençon (Orne) pour « vagabondage et tapage nocturne » après avoir été condamné le 12 octobre à 6 semaines de prison et 11 francs d’amende. Il avait été également condamné à 1 an de prison pour « apologie de l’anarchie et outrages à l’armée » et avait été écroué fin octobre à la prison de Caen dont il était libérable en octobre 1904.
Libéré de la prison d’Alençon le 2 avril 1904 suite à une amnistie, il était signalé avec le compagnon Léon d’Hervilly en mai 1904, depuis Châlons-sur-Marne où ils avaient vendu de la pâte à décalquer et avaient couché à l’asile de nuit, et où Baffone tentait d’obtenir un secours pour un moyen de transport jusqu’à Paris ; il adressait une lettre au préfet de la Marne pour se plaindre de la surveillance continuelle dont il était l’objet « pour avoir professé, dans un moment d’égarement, des idées que je reconnais subversives et utopistes » ; selon le rapport de gendarmerie il avait notamment à l’asile de nuit « récriminé contre cette société qui fait que les uns couchent sur la paille tandis que d’autres se vautrent dans les richesses jusqu’au cou » et, auprès du Maire « s’était dit anarchiste avec autant de droit que ceux qui se proclament républicains ». Dans sa lettre Baffone ajoutait que malgré les bons rapports en sa faveur et le fait ne ne pas avoir été condamné, il ne parvenait pas à obtenir sa radiation de la liste des anarchistes, ce qui l’empêchait notamment de travailler. Il lui fut délivré un billet de train jusqu’à Château-Thierry.
En août 1904 il était détenu à Saumur (Côte-d’Or) pour « vagabondage, violences et menaces anarchistes — apologie du meurtre du ministre de l’intérieur de Russie ».
Il aurait été expulsé d’Italie en mars 1905.
En janvier 1907 il était signalé à Saint-Bonnet-le-Château (Loire) avec le compagnon Georges Bill. Dans une carrière abandonnée, tous deux auraient trouvé quelques objets provenant d’un vol et les avaient rapporté à la gendarmerie, puis, à Montbrisson, s’étaient présent au juge d’instruction et avaient demandé « à être délivré de la surveillance à laquelle ils étaient soumis ».
Le 22 mars 1907 il était détenu à la prison de Florac (Lozère) et le 24 était condamné à 8 jours pour vagabondage.
La gendarmerie signalait au printemps 1907 que, par étapes, il se dirigeait vers Paris.
Au cours de l’année 1907 il fut signalé dans les départements de l’Ardêche, Allier, Cher, Indre, Vienne, Haute-Vienne, Charente, Indre et Loire, Deux Sèvres, Vendée, Maine et Loire, Loire Inférieure, Morbihan, Ille et Vilaine, Finistère, Côtes du Nord, Calvados, Manche, Seine Inférieure, Somme, Pas-de-Calais, Nord, Aisne, Oise, Marne, Ardennes, Meuse, Haute Marne, Côte d’Or, Jura, Doubs, Belfort, Vosges, Meurthe-et-Moselle, Seine et Marne, Seine-et-Oise, Nièvre, Saône-et-Loire, Ain et Haute Savoir où il circulait la plupart du temps à pieds.
A l’été 1908, après avoir, semble-t-il, été expulsé d’Italie (il avait été arrêté en août à Cuneo pour port d’arme prohibée et condamné à 1 mois de prison), il était signalé circulant sur la Côte d’Azur puis en octobre dans le Var. Selon la police il était alors employé de commerce et était borgne de l’œil droit.
En novembre 1908 il était détenu à Marseille pour avoir menacé par écrit un commerçant de La Ciotat.
En 1910 il était inscrit à l’Etat Vert n°4 des anarchistes et nomades.Il circulait alors dans la région de Quimperlé et Lorient.
En 1912, colporteur et chanteur ambulant, il était toujours signale circulant dans le Var où il était étroitement surveillé mais où son attitude ne donnait lieu à aucune remarque défavorable. Toutefois la police notait qu’il voyageait avec une petite serviette noire qui contenait des brochures anticléricales (La Peste religieuse de J. Most) qu’il vendait. A la fin de l’année il se trouvait dans les Basses-Alpes.
Fin août 1920 il avait été arrêté pour “mendicité” à Bourganeuf (Creuse).
Au printemps 1921 il était arrêté dans le Finistère pour « vol de bicyclette, mendicité, outrages et rébellion ». Condamné le 30 mai 1921 par la Cour d’appel de Rennes à 1 an de prison et à la relégation, il avait été embrarqué le 10 mai 1922 à dstination du bagne de Guyane où il tait arrivé le 22 mai suivant (matricule 13118).
Le 21 octobre 1924 il s’évadait mais était repris le jour suivant avant d’être condamné le 4 novembre à 15 jours de cachot.
Isidore Baffoné est décédé au bagne du Maroni le 30 octobre 1928.
Outre les condamnations ci dessus mentionnes, il avait été condamné entre 1894 et 1910 à plus d’une vingtaine de peines (variant de 6 jours à 6 mois) dnas les divers départements où il avait circulé et essentiellement pour vagabondage, filouterie et mendicité.
Isidore Baffoné a-t-il un lien de parenté avec Toussaint Baffoné (voir ce nom) ?