Chaudronnier en cuivre, Maurice Arondel avait été très affecté par la mort de sa mère et s’était engagé dans la marine pour sept ans. Suite à une bagarre avec un quartier maître qui avait insulté sa mère, il était condamné à cinq ans de travaux forcés en Afrique du nord. Après une évasion manquée — après avoir sauté sur la plateforme d’un wagon du chemin de fer qui passait à une centaine de mètres des forçats qui cassaient des cailloux et après une marche de nuit de trois semaines dans le désert, il était parvenu à Alger où, une nuit, il avait été surpris par une patrouille en train de dormir dans une chaloupe en attendant l’embarquement clandestin pour regagner la France — il écoppait d’une nouvelle peine. Lors de déclaration de la première guerre mondiale, comme de nombreux autres bats d’Af il était envoyé en France sur le front où le quatrième jour de sa présence aux tranchées, il se désaltérait dans un trou d’obus d’une eau qui était ypéritée. Gravement gazé et devenu aveugle il était renvoyé à l’arrière puis rendu à la vie civile.
C’est fin 1926 qu’il prit contact avec le mouvement libertaire et participait aux Causeries Populaires de Louis Louvet qui se souvenait de cette rencontre en ces termes : « Au soir du mercredi 8 décembre 1926, salle Sentille, à deux pas de la barrière du Combat, les Causeries populaires avaient inscrit à leur programme le sujet suivant : Albert Libertad et les causeries popualaires avant guerre… Nombreux furent ceux qui répondirent présents En parmi les nouveaux, dans les premiers rangs, se tenait un homme au masque énergique d’où perçaient des yeux d’une douceur extême, à la carrure puissante, coiffé d’une casquette qu’affectionnent les gars de la côte et les marins du commerce. C’était Maurice Arondel. ». Pendant les dix ans qui allaient suivre il allait fréquenter le groupe. Il avait coutume de désigner les serviteurs du pouvoir présent et ceux des pouvoirs à venir par l’expression « Eux autres » qui, pour lui, qualifait l’adversaire, celui avec lequeln sous aucun prétexte on ne doit composer. Et cahaqie semaine, raconte Louvet « il passera trois nuits par à coller des affiches, quel que soit le temps, sous la pluie, dans le froid, parfois jusqu’à trois heures du matin alors qu’à sept heures il doit être présent au chantier. Il sera de toutes les affaires, de toutes les manifestations. »
En 1928 il était adhérent à l’Association des Fédéralistes Anarchistes (AFA) et participait très activement au mouvement de solidarité avec Sacco et Vanzetti. Lors d’une campagne électorale il avait été condamné à une peine de prison pour avoir frappé un homme politique.
Après la seconde guerre mondiale Maurice Arondel habitait à Paris, 100 rue Doudeauville (18e) et travaillait dans le bâtiment. En 1945 il adhèrait à la fédération du bâtiment et du bois de la CNTF et à partir de 1946 était le trésorier de la 2° Région du Syndicat Unique du Bâtiment (SUB), poste qu’il occupait toujours en 1950. Lors du congrès de la Fédération du bâtiment, bois, travaux publics tenu en octobre 1949, il avait été nommé trésorier aux côtés de Charles Marchal (secrétaire). Il était également l’administrateur de l’organe national du SUB Le Travailleur du bâtiment (1950) et de l’organe régional du syndicat des travaux publics de la région parisienne SUB (1948-1953). Au congrès confédéral de la CNTF de mars 1952 il était élu au bureau confédéral comme trésorier.
Maurice Arondel, décédé à l’hôpital Bichat le 13 février 1961, a été incinéré au columbarium du Père Lachaise le 16 février.
Il s’agit vraisemblablement du Arfondel qui, en janvier 1925, avait souscrità Cherbourg au 2e empruntpour Le Libertaire quotidien.