Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

HASTIE BELL, Thomas « Tom BELL »

Néà Édimbourg en 1867 — mort en 1942 — Ingénieur maritimr ; fermeier ; Grande-Bretagne — Levallois-Perret (Haut de Seine) & Paris — USA
Article mis en ligne le 4 décembre 2017
dernière modification le 5 août 2024

par Nick Heath, R.D.
Thomas Hastie Bell

Thomas Hastie Bell dit Tom Bell est né à Édimbourg en 1867. Il avait acquis la maîtrise du français, de l’italien, de l’espagnol et de l’allemand grâce à son travail d’ingénieur de navire, visitant tous les pays méditerranéens, l’Afrique du Sud, les États-Unis et l’Amérique du Sud.

Jeune homme, il rejoignit la Scottish Land and Labour League et, dans les années 1880, devint anarchiste grâce à son association avec la Socialist League. Il était actif dans le groupe Freedom à Londres.

Le compagnon anglais Thomas Hastié résidait en 1891, à Levallois-Perret, 12 rue de Villiers, défendait un anarchisme pacifiste et non violent et était en contact avec La Révolte. S’étonnant qu’en France, le droit de réunion en salle soit soumis à une autorisation de police, il appelait à faire comme en Angleterre, des meetings de plein air. C’est ainsi qu’il convoqua un meeting place de la République pour le dimanche 17 janvier 1892 (voir Portfolio). Il y fut arrêté alors que, du haut d’un bec de gaz auquel il s’était cadenassé avec une chaine, il haranguait la foule et distribuait de la propagande. Les policiers avaient dû limer pendant un long moment la chaîne, temps pendant lequel il avait continué de haranguer la foule. Un groupe de compagnons réunis ce même jour au Cercle anarchiste international de la salle Horel, avaient, à la demande de Lucas, rejoint la Place où, notamment Viard, distribua une manifeste. Puis après l’arrestation de Hastié, les compagnons avaient regagné la salle Horel.
Après 2 semaines de prison, il fut expulsé de France

En 1892, il retourna à Édimbourg et poursuivit une intense propagande anarchiste avec J. Blair Smith et McCabe. Il s’y lia d’amitié avec Patrick Geddes, le biologiste et urbaniste, et le persuada de faire venir Élisée Reclus, l’anarchiste pour enseigner à l’université d’Edimbourg.
Emma Goldman mentionne Bell « dont nous avions beaucoup entendu parler du zèle propagandiste et de l’audace en Amérique ».

Tom Bell épousa la sœur de l’anarchiste John Turner, Lizzie.

Lors de la visite du tsar Nicolas II en Grande-Bretagne, Bell se rendit avec McCabe à Leith où il débarquait. Séparés et bien qu’entourés de militaires (Highlanders, territoriaux et d’infanterie), Bell et McCabe avaient réussi à s’approcher de la voiture du tsar et lui avaient crié au visage « A bas le tyran russe ! Au diable tous les empires ! ».

En 1898, Bell, qui a souffert d’asthme toute sa vie, était retourné à Londres et avait obtenu un emploi en tant que secrétaire de l’homme de lettres Frank Harris, célèbre pour son amitié avec Oscar Wilde et sa femme. Harris est soupçonné d’avoir emprunté les souvenirs de Bell en tant que cow-boy près de la frontière mexicaine pour écrire ses propres faux souvenirs de cow-boy.

Grâce à Harris, Bell fit la connaissance d’Edward Carpenter, Havelock Ellis, George Bernard Shaw et d’autres. Bell a écrit un livre sur Wilde dans son Oscar Wilde Without Whitewash en mémoire de cette époque, malheureusement jamais publié. Après 7 ans à ce poste, il eut un désaccord avec Harris sur la biographie de ce dernier, qu’il jugea injuste envers Wilde.

Il se rendit à New York en 1905 et, en 1911, s’installa définitivement aux États-Unis, devenant fermier à Phoenix, en Arizona. Il a passé les 20 dernières années de sa vie à Los Angeles. L’épouse de Bell, Lizzie Turner, et sa sœur Jessie Bell Westwater avaient émigré avec lui aux États-Unis et ont participé au mouvement libertaire. Tout au long de sa vie, Tom Bell est resté actif dans le mouvement, entretenant des amitiés à vie avec Kropotkine, Emma Goldman, Alexander Berkman et Rudolf Rocker.

Rocker a déclaré : « Je l’ai revu à Los Angeles, quand il était un vieil homme. Il était malade. Sa tignasse rousse et sa barbe touffue étaient maintenant blanches. Sa taille de géant (il mesurait bien plus de six pieds) était courbée. Mais son esprit était actif ; il travaillait encore et parlait pour le mouvement » ».

Dans une lettre au journal anarchiste yiddish Die Fraye Arbeter Shtime en 1940, Bell déclara : « Nous devenons dans notre vieillesse grincheux, aveugles, sourds, boiteux ou asthmatiques. Et notre mouvement est maintenant complètement submergé par une gigantesque vague mondiale de réaction. Mais, ah, quand je repense aux jours glorieux et aux glorieux camarades de notre jeune mouvement, je suis profondément ému par l’affection et la fierté ».

Tom Bell est mort en 1942 à l’âge de 75 ans.

Il ne faut pas le confondre avec un autre Tom Bell, compatriote écossais, Red Clydeside et l’un des fondateurs du parti communiste.


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