C’est après avoir acheté Le Monde Libertaire vendu à la criée sur le Boulevard Saint-Michel à Paris, que Bernard Pensiot avait adhéré en 1971 au groupe Louise-Michel de la Fédération anarchiste.
En septembvre 1973 il allait s’installer à Perpignan où il continua de travailler comme maçon et fut nommé délégué syndical de son entreprise.
Le 14 juillet 1974, tandis que plusieurs autres compagnons distribuaient des tracts, Bernard Pensiot occupait le clocher de la cathédrale Saint-Jean de Perpignan avec Patrick Gervasoni, insoumis, où tous deux déployaient une banderole « Non à toutes les armées ». Arrêtés après l’intervention de la police, ils étaient inculpés de « dégradation de monument destiné à l’utilité publique » pour avoir forcé deux serrures dans la cathédrale pour pouvoir accéder au clocher. Gervasoni fut maintenu en détention provisoire jusqu’au procès tandis que Pensiot avait été remis en liberté après interrogatoire. Lors du procès en septembre Gervasoni fut condamné à 3 mois de prison dont 45 avec sursis et Pensiot à 1 mois avec sursis. Tous deux furent remis en liberté.
Il participait plus particulièrement à la lutte antifranquiste et fit partie, autour notamment des compagnons du groupe Frente Libertario à un réseau de passeurs (propagande, matériel, argent, compagnons) entre la France et l’Espagne, aidant les compagnons de la CNT, des groupes autonomes, du MIL et des GARI.
Début 1977, lors d’une vaste rafle à Barcelone contre le mouvement libertaire, il fut arrêté avec 3 autres français, Isabelle Loeb, Victor Simal et Oscar Magro et le secrétaire de la CNT de Manlleu, Joseph Pallau. Pensiot fut brutalement interrogé et mis au secret. Après plusieurs séances de coups et tortures, il s’accusa d’une série de choses qu’il n’avait absolument pas commises mais s’étant toutes passées en France (comme un vol d’explosifs) avant d’être incarcéré à La Modelo. En 1978 il était emprisonné avec Victor Simal à la Modelo de Barcelone où tous deux menèrent à partir du 12 avril une grève de la faim de 20 jours à laquelle participèrent également les prisonniers libertaires Angel Vergel Ardite, José Cuevas Casado, Francisco Javier Canadas Gascon et Francisco Rodriguez Merono et le prisonnier de droit commun Francisco Javier Paredes Cervantes. Le 6 mai, après avoir enfin pris connaissance de leur chef d’inculpation — complicité avec un groupe terroriste espagnol, passage d’armes et explosifs — ils arrêtaient leur grève. Pensiot et Simal ont été libérés à l’automne 1978 après 27 jours de grève de la faim et versement d’une caution de 10.000 pesetas. Pendant son incarcération il avait également participé à deux tentatives d’évasion dont l’une où il « contribua grandement au creusement d’u tunnel ».
De retour à Perpignan il continua d’y participer activement à toutes les luttes (antimilitarisme, féminisme, anti nucléaire, radio pirate …) et anima un syndicat d’intérimaires du bâtiment.
En 1986, profitant d’une formation de métreur en bâtiment, il alla s’installer à Lyon avec sa compagne Nicole et y adhéra rapidement au Collectif Utilitaire Lyonnais (CUL) de la rue Burdeau à La Croix Rousse. Il y participait également au Comité de soutien aux insoumis, à la mobilisation contre la venue du Pape Jean Paul II et au soutien des divers squatts de son quartier.
En 1990 il adhérait au groupe de la FA qui venait de se créer et allait jusqu’en 2010 s’investir plus particulièrement dans les activités de la librairie La Plume Noire. Parallèlement il animait chaque mercredi une émission sur Radio Canut. A la fin des années 1990 il fut nommé membre de la rédaction du Monde Libertaire (hebdomadaire), poste qu’il assura pendant 2 ans.
En 2003 ilfut l’un des animateurs de la Coordination antiautoritaire (CLAAAC) et du village alternatif (VAAAG) à Annemasse lors des manifestations contre la tenue du G8 à Evian.
En juin 2004, suite à la décision collective des groupes de Lyon de quitter la FA, il adhéra à la Coordination des groupes anarchistes (CGA).
Retraité vers 2010, il se retira dans le petit village d’ Abergement-de- Varey (Ain). Resté président de La Plume noire, il y participa au Collectif libertaire de l’Ain, au collectif Les Joyeux et depuis 2014 au conseil municipal local où il expérimentait une forme de municipalisme libertaire.
Bernard Pensiot est décédé le 6 mai 2018.