Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site

Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PREVOTEL, Marc

Né le 22 septembre 1933 à Bordeaux (Gironde)- mort le 20 février 2010 — Ingénieur — FA — UAS — CIRA — CGT FO — Bordeaux & Langon (Gironde) — Toulouse (Haute-Garonne) — Paris
Article mis en ligne le 18 mai 2018
dernière modification le 8 août 2024

par Hugues Lenoir, R.D.
Marc Prevotel

La vie de Marc Prévotel fut celle d’un militant fidèle aux idées anarchistes même si certaines de ses prises de position firent débat à la Fédération anarchiste à laquelle il avait adhéré en octobre 1952 et à laquelle il est resté fidèle jusqu’à son dernier jour.

Marc était le fils d’André Prévotel et de Joséphine née Coueille, eux-mêmes libertaires, qui furent en 1935 impliqués dans l’affaire des stérilisés de Bordeaux (voir Bartosek). Stérilisation qui à l’époque était considérée comme un crime. De famille modeste (ses parents étaient postiers), il obtint un bac scientifique en 1950, puis, après une « prépa », il intégra l’Institut du génie chimique de Toulouse d’où il sortit ingénieur en 1957.

Bien que non adhérent encore de la Fédération anarchiste, à la Pentecôte de 1952, il assista à son congrès qu’il considéra comme le prélude aux désastreuses conséquences de l’Organisation pensée bataille (OPB) de Georges Fontenis, OPB qu’il dénonçait comme centralisatrice et bochévisante. Son entrée à la FA date de la même année suite à sa demande d’adhésion au groupe Sébastien-Faure de Bordeaux. Il milita ensuite à partir de 1954 à la FA reconstituée en 1953 par Aristide Lapeyre, Maurice Joyeux et bien d’autres, au groupe de Toulouse dont il assura le secrétariat pendant deux ans.

Hésitant durant la guerre d’Algérie — « Je n’étais pas très fier de moi », écrit-il –, il ne s’insoumit pas et se retrouva à Kaiserslautern puis à Lunéville comme sous-lieutenant dans une compagnie d’entretien des véhicules. À son retour, il fut embauché au Centre d’études nucléaires (CEA) de Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine) où il fut titularisé de justesse compte tenu son engagement anarchiste. Il prit alors contact avec le syndicat de FO du centre.
En 1961, il participa au congrès de Montluçon de la FA où il fit la connaissance d’Alexandre Hébert. Lors de ce congrès il fut coopté par le comité de lecture du Monde libertaire pour lequel il avait déjà écrit quelques articles. En 1962, au congrès de Mâcon, il fut nommé secrétaire aux relations internationales de la Fédération, poste qu’il occupa durant trois ans. À Paris, il adhéra au groupe des Amitiés internationales fondé par Clément Fournier et dont faisaient entre autres partie P. Blachier, Tomas Iba0241ez, Élisée Georgev, Gérard Schaafs et Miichel Lazarski. La même année, il fut élu à la commission des conflits du Syndicat national de l’énergie nucléaire (SNEN) de FO.

Suite à l’interdiction de la presse espagnole en exil (les hebdomadaires CNT, Solidaridad obrera, Ruta) par de Gaulle en 1963, Marc devint « homme de paille » (sic) à la demande de Tomas Ibañez et accepta d’être le directeur de la publication Action libertaire (6 numéros de novembre 1963 à juillet 1965) organe bilingue de la section française de la Fédération internationale des jeunesses libertaires dont l’administrateur était Georges Adam et qui avait essentiellement pour objet la défense des militants de la FIJL emprisonnés en France suite à leurs activités antifranquistes.

En mai 1964, il fut muté au CEA à Saclay pour des raisons de secret-défense. Il fut alors élu à la commission administrative de l’UD-FO de la Seine puis au comité exécutif national du SNEN.
Il représenta la FA durant l’été à la réunion internationale anarchiste en République fédérale d’Allemagne, à Minden.
Au congrès du SNEN en 1966, il fut élu au bureau national et chargé de son journal à partir de 1968. C’est dans cette période qu’il se rapprocha de l’Union des anarcho-syndicalistes (UAS) au sein de FO qui publiait un bulletin, L’Anarcho-Syndicaliste, et qu’il rencontra Jo Salamero depuis peu exclu de la CGT.

Après le congrès de Bordeaux de la FA en 1967, où les thèses “situationnistes” provoquèrent de violentes polémiques, Marc s’éloigna de la militance FA tout en restant adhérent de l’organisation. Il participa alors activement aux réunions de l’UAS qui se dissout après 1968 pour participer à l’Alliance syndicaliste révolutionnaire et anarcho-syndicaliste (ASRAS) où se retrouvaient les militants libertaires de la CGT, CFDT, FO et FEN. Les militants FO quittèrent l’ASRAS assez rapidement, Prévotel au début de 1974, considérant que les militants CFDT de l’Alliance faisaient fausse route et que l’autogestion dont ils se réclamaient sentait « L’eau bénite » (sic) et la doctrine sociale de l’Église. Ce fut l’un des débats qui l’opposèrent à des militants plus jeunes et très impliqués à la CFDT. Si cette dernière était l’héritière de la CFTC, le projet des jeunes autogestionnaires était tout autre et c’était le modèle des collectivités libertaires de la révolution espagnole qui les animaient. Marc et quelques autres ne l’admirent jamais, voire feignirent de ne pas le comprendre.

Au printemps 1969, il participa comme mandaté au congrès confédéral de FO et au lancement en fin d’année d’un mot d’ordre de grève illimitée à la Hague et à Saclay qui aboutit à un accord national avec la direction du CEA.
En 1971, la Fédération de la Chimie FO était en crise, Maurice Labi préparait son passage à la CFDT. Cette scission renforça encore le différend entre les militants libertaires de FO et ceux des autres confédérations, en particulier ceux de la CFDT.
En 1972, Prévotel fut élu au comité national de la Fédération de la Chimie FO maintenue ; il le resta jusqu’en 1994 lors de son départ à la retraite. Il en devint permanent à partir de janvier 1974. De retour à Paris, il adhéra au groupe Louise-Michel de la FA. Au congrès confédéral de FO, il reconstitua avec Alexandre Hébert et Jo Salamero l’UAS et relança avec eux son bulletin, L’Anarcho-Syndicaliste. Marc Prévotel y participa jusqu’à sa mort.

En 1981, il fut à l’origine de la création d’un Comité pour l’appel aux laïques dont il fut un temps le secrétaire et renforça son action à la Libre-Pensée. Ce qui le conduisit, nouveau débat avec l’UAS, à passer des accords avec les trotskistes lambertistes du PCI.
Malgré son anti-cédétisme radical, dans les années 1984-1985 il prit part aux travaux et aux réunions de la Commission des militants syndicalistes (CMS) de la FA à laquelle de nombreux militants de la CFDT participaient. Quelques années plus tard, face à la « niaiserie écologiste » (sic) de certains militants de la Fédération, il redemanda son adhésion au groupe Sébastien-Faure de Bordeaux. Marc Prévotel, rappelons-le, fut toujours un pronucléaire affiché, d’où de nouveaux échanges contradictoires…

En 1985 il fut e fondateur des Cahiers des amis d’Aristide Lapeyre (Bordeaux, 5 numéros de septembre 1985 à avril 1988).

Depuis 1994, il s’était retiré avec sa compagne, Anna, à Langon d’où il continuait à pester contre l’Europe du capital et des cléricaux qui, comme « Carthage, disait-il, doit être détruite ».

A la fin de sa vie il était le délégué national de l’Union nationale des syndicats de l’énergie nucléaire et industries connexes (UNSENRIC) de FO où il fut l’u des artisans de l’adoption d’une convention collective. Il était également membre du CIRA de Marseille depuis de nombreuses années.

Les Éditions libertaires avec la Libre-Pensée ont en 2008 réédité Cléricalisme moderne et mouvement ouvrier qui lui valut le prix Ni dieu ni maître cette année-là.

La crémation de Marc Prévôtel, mort d’un arrêt cardiaque le 20 février 2010 à l’hôpital de Haut-Lévèque, à Pessac (Gironde), a eu lieu le lundi 1er mars 2010 à Mérignac au cours d’une cérémonie où prirent la parole Joachim Salamero pour les libertaires et l’UAS, François Grandazzi pour la Fédération FO de la Chimi et Marc Blondel pour la Fédération nationale de la Libre Pensée.

Un long parcours militant, des positions quelquefois fort discutées et quelques controverses qui marquèrent une génération d’anarchistes.
.
Oeuvre : Nombreux articles dans Le Monde libertaire et dans L’Anarcho-Syndicaliste. — Hommage à Louise Michel et Sébastien Faure, avec R. Labregere, J. Salamero, H. Terrenoire, 1996, Fédération nationale de la Libre-Pensée. — Cléricalisme moderne et mouvement ouvrier, Éditions libertaires avec la Fédération nationale de la Libre-Pensée, Toulouse, 2008 (édition revue et augmentée, première publication dans Volonté anarchiste du groupe Fresnes-Anthony de la FA, n° 20-21, 1983).


Dans la même rubrique

PRAT, José

le 15 novembre 2024
par R.D.

PRIOLLET, Joseph

le 30 septembre 2024
par R.D.

PRINCIGALLI, Vincenzo

le 30 septembre 2024
par R.D.

PRESS, S.

le 30 septembre 2024
par R.D.

PRENNER, J.

le 30 septembre 2024
par R.D.