Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

AMBLARD, Caroline [née VALLIER]

Née le 4 février 1872 à Marseille — Ouvrière d’imprimerie — CGT — Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 4 avril 2007
dernière modification le 8 août 2024

par R.D., René Bianco

Caroline Amblard, née Vallier, était l’épouse de Lucien, Paul Amblard né vers 1870, monteur à Marseille, et mère de deux fillettes à cette époque. Son nom est mentionné pour la première fois en mai 1909, année où elle faisait partie du groupe anarchiste des Causeries qui siégeait au 9 Quai de la Fraternité. Elle était alors ouvrière de l’imprimerie (alors qu’un rapport de police la signale comme papetière en 1912) et habitait 41 rue des Bons enfants. Elle collaborait, à cette époque, au journal anarcho-syndicaliste L’Ouvrier conscient (Marseille, 5 numéros du 6 février au 16 mai 1909) dont le gérant était Gustave Cauvin et le trésorier A. Berrier. Le journal, qui avait été fondé par le Groupe Intersyndical, qui regroupait les anarcho-syndicalistes et dont elle était membre et dont la rédaction se trouvait également au 9 quai de la Fraternité, s’en prenait aux « grosses légumes » du syndicalisme local et à « Leur goût des subventions » (n°1) et à ceux qui enfonçaient « Le syndicalisme dans le bourbier de la politique, plutôt que de tenter de réveiller l’esprit de révolte et de faire de l’agitation en faveur d’une amnistie plus complète » (n°2, 6 mars). Elle collaborait également à l’organe de l’Union des Chambres Syndicales Ouvrières (UCSO), L’ouvrier syndiqué (Marseille, 1887-1914) comme de nombreux anarchistes de la région comme E. Barrat, A. Berrier, G. Cauvin, A. Girard, F. Pons et A. Sartoris.

Elle représenta son syndicat comme déléguée au XVIIe congrès national corporatif — 11e de la CGT — et 4e conférence des Bourses du Travail tenus à Toulouse du 3 au 10 octobre 1910. Elle y représentait le syndicat des ouvrières de l’Imprimerie de Marseille et intervint pour demander que son syndicat puisse être “confédéré isolément " puisque son adhésion était refusée par les Fédérations typographique et lithographique — les statuts de ces Fédérations ne le permettant pas (cf. c. rendu p. 55). L’admission fut votée à l’unanimité. Elle fut la très active secrétaire du syndicat dans les années qui suivirent.
Une note policière du 27 janvier 1912 indiquait « Secrétaire générale du syndicat des ouvrières de l’imprimerie, c’est une des propagandistes les plus actives des idées antimilitaristes et révolutionnaires de la Bourse du travail. ». Elle demeurait alors rue de la Loubière et était inscrite au Carnet B comme « une des propagandistes les plus actives des idées antimilitaristes et révolutionnaires de la Bourse du Travail ».

Mais son nom est surtout attaché à la troupe du Théâtre social de Marseille dont elle fut la principale animatrice en tant qu’auteur, actrice et organisatrice. Son mari fit également partie de la troupe. Elle créa notamment une pièce en un acte, « A travers l’émancipation ouvrière » le 20 avril 1912. Sa propagande antimilitariste lui valut d’être condamnée à une amende le 10 mars 1913 pour avoir passé outre à l’arrété préfectoral interdisant de représenter les pièces antimilitaristes. Caroline Amblard y interpréta également « Le Chemin de Biribi » dans laquelle « on plaint les mères d’élever des enfants pour les envoyer aux colonies et ensuite crever à Biribi ». La pièce se terminait par ces mots : « Ni casernes, ni drapeaux ! C’est la cause de tous nos maux ».

Outre qu’elle interprétait la quasi-totalité des rôles féméinins, elle assurait également la liaison avec le Conseil d’administration de la Bourse du Travail qui participait à l’entretien de la troupe et lui accordait même, en janvier 1913, son patronage officiel.
À la Bourse du Travail cependant, certains dirigeants syndicalistes contestaient l’utilité du Théâtre social et accusaient même Caroline Amblard de tirer profit de ses représentations. Elle s’en défendit violemment — au point d’en venir aux mains avec Fernand Pons. Le Théâtre social poursuivit toutefois ses activités jusqu’à la Grande Guerre.

Pendant cette dernière, elle présida une réunion syndicale qui rassembla, à Marseille, 3 000 personnes, en novembre 1917, pour protester contre la vie chère et les mauvaises conditions de travail. Elle participa également à un meeting des minoritaires de l’UD des Bouches-du-Rhône, le 1er mai 1918, avec Ismael Audoye le fondateur de L’École émancipée et César Matton, se prononçant pour la cessation du travail, puis, le 3 mai, contre les déviations ouvrières au sein de la CGT, dans une ligne analogue à celle d’Albert Bourderon.

En mai 1919 elle était semble-t-il, membre du soviet communiste fondé à Marseille par l’ouvrier métallurgiste Desmoutier. En juillet elle fut avec ce dernier l’organisatice d’une fête au profit du Libertaire.

Caroline Amblard serait morte après 1929.

OEUVRE : Chansons, poèmes, comme “Logique d’enfant " et " Mère et fille " dans L’Ouvrier syndiqué du 1er mai et du 1er décembre 1912. — A travers l’émancipation ouvrière, pièce en un acte résumée dans un rapport de police (M 6/3851, 21 avril 1912).


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