C’est auprès de son grand père, cheminot, que Joan Pau Verdier avait appris l’occitan. Après des études littéraires à Bordeaux, il était monté à Paris pour y chanter dans les canarets.
Joan Pau Verdier fut l’un des animateurs dans les années 1970 de la Fédération anarchiste communiste d’Occitanie (FACO) fondée par Gui Malouvier. Il collabora, parfois sous le pseudonyme Ioan Besseria, à son organe Occitania Libertaria (janvier 1970- novembre 1975, 8 numéros) auquel collaborèrent également Henri Gougaud, Gérard Bodinier, André Laude et Malouvier entre autres.
En 1973 il publiait son premier disque Occitania sempre et fut l’adaptateur en occitan de plusieurs chansons de Léo Ferré. Il collabora également à la revue Action poésie occitan. Suite à des prises de position en faveur du mouvement palestinien, il se brouilla par la suite avec G. Malouvier et s’éloigna de la FACO.
Il a participé à de nombreux galas et concerts de soutien : notamment le gala de Front Libertaire à la Mutualité ; le concert de soutien aux failles de réfractaires à l’armée tenu à la Bourse du travail le 19 mars 1974 et organisé par le Comité anti autoritaire contre l’armée (CAACA) et le comité de lutte des objecteurs… Il participa également à des fêtes de L’Humanité.
Retourné en Dordogne, il continua son parcours et participa à divers hommages collectifs notamment à Brassens. (2 disques en 2002 et 2006). Depuis 1998 il animait sur Radio France Périgord une émission hebdomadaire intitulée « Meitat chen, meitat porc ». Il donnait également de nombreux concerts gratuits pour promouvoir la langue occitane.
Joan Pau Verdier est mort dans la nuit du 20 au 21 juin 2020.
Le compagnon Jean Marc Izrine qui l’avait rencontré à l’ORA à Paris puis à Toulouse, l’évoqua en ces termes :
« Adiu Joan Pao
Joan Pau Verdier a quitté notre monde de brutes dans la nuit du 20 au 21 juin 2020 à l’âge de 73 ans.
Chanteur, musicien et poête occitan et libertaire, dans les années 1970, il a grandement participer à dépoussiérer la musique occitane en y intégrant des sonorités folk et rock. Il a aussi chanté Férré, Brassens et autres chansonniers libertaires des années 1960. Il a adapté en occitan certaines de leurs chansons tel « Ni diu, ni mestre ». Auteur compositeur et grand admirateur de Louise Michel, il lui a dédié un de ses plus beau titre « l’Eissarpa de fuòc ». En fait c’est une discographie importante qu’il nous lègue avec pas moins de 17 albums.
Mais en fait, Joan Pau Verdier a fait plus que chanter du Brassens et du Ferré.
J’ai connu Joan Pau Verdier dans les années 1970, il était alors l’un des animateurs, avec Guy Mallouvier (aujourd’hui à l’UCL) de la Fédération Anarcho-Communiste d’Occitanie. On se croisait dans dans les locaux de la CNT espagnole 33 rue des Vignoles à Paris. Il était d’une gentillesse et d’une amabilité hors du commun. En compagnie de François Béranger et du groupe Imago, Il avait donné un concert, à la Mutualité, de soutien à l’ Organisation Révolutionnaire Anarchiste dont j’étais alors militant. Venu habiter Toulouse, je l’avais revu lors d’un concert au festival Racine dans le quartier populaire de la Reynerie, au début des années 2000. Sa personnalité était la même que 30 ans plutôt. Nus avons pu bavarder un moment ensemble. Sa gentillesse était intacte et il avait gardé ses sentiments pour l’anarchisme.
C’était vraiment quelqu’un de bien et son décès m’attriste. Des militant-e-s occitans viennent de créer un Grand Prix de la Chanson Occitane qui s’appelle “Prix Joan-Pau Verdièr” et qui aura lieu, pour la première fois, cette année 2020 ».
Discogr. : — Occitania sempre (1973) ; — L’exil (1974) ; — Faits divers (1975) ; — Vivre (1976) ; — Tabou le chat (1977) ; — Le nuage dans la tête) ; — Le chantepleure (1979) ; — Plus rien à perdre (1983) ; — 5e saison (1987) ; — Bigaroc le chant du sud (1990) ; — Vingt ans après (1993) ; — Léo domani –(2001) ; — Léo en oc –livre CD, 2007) ; — Trobadors (2009) ; — Les Rêves gigognes (2010, où il rendait notamment hommage à Louise Michel) ; ;
Ses textes ont été publiées dans la collection Poètes d’ajourd’hui (Seghers, 1976). Il avait également été l’auteur de la bande original du film en occitan « Histoire d’Adrien » de Jean Pierre Denis, qui remporta la Caméria d’or au festival de Cannes en 1980.