Lié au mouvement libertaire dès la fin du 19e siècle après avoir rencontré Élisée Reclus réfugié à Bruxelles, Paul Gille avait été condamné le 22 janvier 1889 par la Cour d’assises du Brabant à 6 mois de prison et 200 francs d’amende pour « offense à la famille royale ». Il avait été arrêté lors d’une manifestation où il distribuait de la propagande anarchiste et au cours de laquelle avait été crié « A bas la Reine ! ». Sa défense a été publiée dans le journal L’Étoile socialiste (cf. “Défense de l’anarchiste Gille devant la cour d’assises du brabant » in n°7, 14 février 1897). Quelques jours avant, il avait été condamné en correctionnelle à 8 jours de prison et 25 francs d’amende, pour avoir, à l’issue d’un meeting socialiste, s’être opposé la canne à la main à des policiers qui voulaient arrêter le porteur d’un drapeau rouge et avoir crié “A bas la police !”. Selon La Révolte, il avait comparu seul, sans avocat et était « un grand garçon, à l’aspect très doux, longs cheveux à l’artiste, barbe en éventail et veston de velours noir » (cf. La Révolte, 27 janvier 1889).
Au début des années 1890, il était en Algérie où à la mi janvier 1894 il fut arrêté lors d’une perquisition sur la propriété d’André Reclus à Tarzout. Il était le précepteur des enfants de la famille Régnier dont la propriété fut également perquisitionné.
Début 1895 il avait été l’auteur d’une lettre publiée dans le numéro 5 du journal communiste anarchiste Le Plébéien (Ensival, 25 numéros du 6 janvier au 15 décembre 1895) où il critiquait vivement M. Régnier, gendre d’Élisée Reclus, à propos de son attitude envers les arabes en Algérie.
En 1908 il était l’administrateur-gérant de L’École rénovée (Bruxelles) fondée par F. Ferrer et dont le secrétaire de rédaction était J. F. Elslander.
Au printemps 1912, dans les colonnes des Temps nouveaux, il se définissait comme « an-anarchiste, c’est à dire anti autoritaire et anti étatiste » ayant « horreur du collectivisme autant que de l’individualisme, ces deux pôles de l’autoritarisme ». Opposé à la démocratie, il ajoutait : “Je suis acrate comme disent nos camarades espagnols et toutes les craties me répugnant. Je ne reconnais pas plus le droit du nombrer que le droit divin ». ’cf. Les Temps nouveaux, 4 mai 1912)
Enseignant à l’Université Nouvelle Paul Gille a collaboré à plusieurs titres de la presse libertaire francophone dont : Le Combat (Flémalle-Grande/Bruxelles, 33 numéros de février 1926 à avril 1928) dont le gérant était Hem Day, L’Émancipateur (Flémalle-Grande, mai 1928 à novembre 1936) édité par Camille Mattart, Le Libertaire quotidien (Paris, 4 décembre 1923 au 26 mars 1925), Plus loin (Paris, mars 1925 à juillet 1939) du Docteur Marc Pierrot, La Révolution (Paris, 1909) d’Émile Pouget, La Société Nouvelle (Bruxelles, novembre 1884 à jenvier 1897) fondée par Fernand Brouez, la revue Les Temps nouveaux (Paris, juillet 1919 à juin 1921) dirigée par M. Pierrot puis par J. Reclus.
P. Gille avait également rédigé plusieurs articles de l’Encyclopédie anarchiste de Sébastien Faure.
Paul Gille avait été le directeur de la section des sciences philosophiques de l’Institut des hautes études de Bruxelles. Paralysé à la fin de sa vie, Paul Gille est décédé le 19 novembre 1950. Deux semaines avant son décès il avait envoyé à la rédaction de l’hebdomadaire espagnol CNT (Toulouse) son dernier texte La pensée chinoise et son rôle dans la grande synthèse humaine dont une commission formée de Federica Montseny et Juan Ferrer Fariol assura l’édition française.
Plusieurs de ses textes ont été publiées dans la collection La Brochure mensuelle et aux Publications de la Révolte et Temps nouveaux.
Œuvres : — L’erreur individualiste (Bruxelles, 1928) ; — Essai d’une philosophie de la dignité humaine ; — La grande métamorphose (1948 ?) ; — La pensée chinoise et son rôle dans la grande synthèse humaine (1950) ; — Histoire des idées modernes.