Edmond Carpentier avait été signalé comme ayant disparu d’Amiens à la fin des années 1890. Il y revenait peu après et, domicilié 10 quai de la Paserelle puis Boulevard du Jardin des Plantes, il avait fondé en 1901 un groupe anarchiste à Amiens (Somme).
Le dimanche 10 mars 1901, à l’occasion de la mi-carême, Carpentier, accompagné notamment par les frères Émilien et Camille Tarlier, Lemaire, Dubourguet, Calazel et sa compagne Alice Marcellin, Pépin, Gosselin, Péchin et Goullencourt, avait parcouru les rues de la ville à bord d’un char représentant Le Capital écrasant le travail d’où étaient jetés des papillons multicolores portant les inscriptions « A Bas le capital, Ni maître, ni valet !« , « A bas l’autorité, Vive l’anarchie ! », « L’armée est l’école du crime », « La femme est l’égale de l’homme », « La propriété c’est le vol, A bas la propriété »…
Peu après, il avait été condamné par le tribunal correctionnel pour avoir sifflé, au passage devant son domicile d’un bataillon des chasseurs à pieds.
Fin mai 1901, tandis qu’un huissier venait l’expulser pour non paiement de loyer, un groupe de compagnons de la Ligue des antiproprios avaient « chargé une partie du mobilier sur une voiture à bois, l’autre partie consistant en chaises, tables et bois de lit fut portée à bras » ; le groupe précédé de la pancarte « Ligue des anti-proprios » défilaient dans les rues en chantant la chanson des anti-proprios tandis que sur la voiture à bras avait été placé un sommier portant la mention « Mort aux proprios ! » (cf. Les Temps nouveaux, 8 juin 1901) ainsi qu’un portrait de Ravachol sous lequel était écrit « Si tu veux être heureux, nom de dieu, pends ton propriétaire !” et ce qui valut à plusieurs compagnons d’être poursuivis en correctionnelle en juillet ; Carpentier fut condamné à 2 mois, E. Tarlier à 1 mois, Lemaire et Pépin à 15 jours.
Poursuivi en octobre 1901 (sans doute en appel) avec Tarlier, Pépin et Lemaire pour « injures envers l’armée », il avait bénéficié comme ses camarades d’un non-lieu ; en juin ils avaient collé sur la vitre intérieure du local qu’il occupaient, 8 de la rue Saint-Germain, l’affiche L’armée est l’école du crime ce qui lui avait valu le 2 juillet une condamnation à 2 mois de prison. Ce local inoccupé avait été réquisitionné en juin par un groupe de compagnons qui y avaient installé le siège de la Ligue des anti-proprios.
En juin 1902, il était de nouveau l’objet d’une expulsion au cours de laquelle quatre compagnons furent arrêtés puis poursuivis pour « tapage nocturne », « rébellion ».
En septembre 1902 son passage à Epernay avec Edmond Pepin et Tarlier avait été signalé : les trois hommes qui étaient venus faire les vendanges, en avaient profité pour diffuser la brochure La Peste religieuse. En octobre suivant il circulait toujours à pieds dans la région avec le compagnon Jules Lemaire.
En 1904 il figurait comme « nomade » sur l’état vert n°4 des anarchistes disparus et/ou nomades.