Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

TROUILLIER (ou TROULLIER), Paul-Eugène « GAMBETTA »

Né à Paris le 10 août 1879 — Jardinier ; journalier ; chanteur ambulant — FRC — CGT — Toulon (Var) — Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
Article mis en ligne le 24 avril 2010
dernière modification le 8 août 2024

par Guillaume Davranche, R.D.

Paul Trouillier (ou Troullier) dit Gambetta, qui était borgne de l’œil droit, avait organisé en 1903 à Toulon le syndicat des hommes de peine qui se réunissait au Bar des armées internationales 19 rue de l’Arsenal. Signalé disparu de Toulon en juin 1903, il fut arrêté à Hyères le 2 janvier 1904 et fut condamné le 19 février 1904 par le Tribunal correctionnel de Toulon à quinze mois de prison pour « menaces à main armée envers des militaires » du 22e Régiment d’infanterie coloniale. En 1906 il fut signalé comme ayant disparu du département du Var.

Il gagna ensuite la région parisienne où où il aurait travaillé comme jardinier à La Ruche de Sébastien Faure. Au printemps 1907 il avait quitté La Ruche et se faisait adresser son courrier au siège de L’anarchie. Il était domicilié, au début des années 1910, 17bis rue Saint-Denis à Rosny-sous-Bois.

En avril-mai 1910, il fut candidat abstentionniste aux élections législatives dans le IIIe arrondissement de Paris, pour le compte du Comité révolutionnaire antiparlementaire (voir Jules Grandjouan).

Début octobre 1910, il fut l’organisateur d’une réunion en vue de former le syndicat des irréguliers du travail, regroupant essentiellement des anarchistes, pour, au sein de la CGT, contre « Les entreprises des politiciens unifiés et des Francs maçons ».

En octobre 1910 la police, qui le qualifiait de « Libertaire antimilitariste très dangereux », le signalait lors de la grève des cheminots comme « préconisant l’action violente » et comme « ayant participé aux attentats commis à cette époque ». Le 15 octobre au soir, la police effectuait une descente au Restaurant coopératif de la rue de Bretagne, où elle savait pouvoir trouver Paul Trouillier. Il y fut arrêté avec André Oslen et Raymond Clauvicourt. Tous trois furent condamnés à la prison pour port d’arme prohibé : six mois pour Trouillier, deux mois pour chacun des deux autres. La police constata que les attentats, dès lors, avaient cessé. Il était alors noté aux sommiers judiciaires comme ayant encouru huit condamnations.

Libéré en avril 1911, Paul Trouillier, sans domicile fixe, milita au groupe de Paris 13e de la FRC et était inscrit au Carnet B. Il se lia avec Eugène Mouchebœuf et André Schneider et, dès le mois de mai, était membre du comité fédéral de la FRC. Il était également membre du syndicat CGT des jardiniers. Le même mois, la police acquit la conviction que Trouillier, Mouchebœuf et Schneider préparaient des attentats du même genre que ceux de 1894, contre divers bâtiments représentants l’autorité publique (commissariats, préfecture…) ainsi que le siège des syndicats jaunes, 57 rue du Temple.
Tous trois furent placés pendant plusieurs jours sous surveillance rapprochée. Puis l’affaire fuita dans la presse qui en fit ses choux gras, en émettant des hypothèses sur les participants au « complot ». Des noms furent publiés : Trouillier, Schneider, Mautouchet, Almereyda et Malato. Assez rapidement, L’Humanité et La Bataille syndicaliste moqua le « pseudo-complot » au sujet duquel la police était incapable de fournir des éléments, et alors que Malato menaçait de porter plainte pour diffamation. L’affaire se serait terminée en eau de boudin si la police n’avait arrêté et fouillé les trois suspects et découvert fortuitement des stylos volés, ce qui lui permit d’inculper Mouchebœuf et Schneider pour vol. Le 31 juillet 1911 il furent condamné en correctionnelle : Mouchebœuf à six mois de prison, Schneider à dix-huit mois et un certain Dubois à huit mois.

Présent au congrès régional de la FRC du 4 juin 1911, Paul Trouillier en expulsa un perturbateur individualiste avec Eugène Jacquemin.


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