Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BIDAULT, Armand, Émile “GABAT” ; “CABET” ; “DUBOIS” ; "Henri CAHUZAC"

Né le 29 mai 1869 à Palaiseau (Seine-et-Oise) — mort le 28 janvier 1938 — Peintre en porcelaine ; Mécanicien — FCAR — Paris - Genève & Lausanne
Article mis en ligne le 11 septembre 2010
dernière modification le 7 novembre 2024

par R.D.

Militant du groupe anarchiste de Ménilmontant, Émile Bidault, qui était alors peintre en porcelaine, participa, en août-septembre 1886, avec notamment Octave Jahn, Ferdinand Niquet, Tortelier et Murjas, à la constitution de la Ligue des Antipatriotes dont il était le trésorier et le secrétaire. Selon le rapport d’un indicateur il recevait énormément de correspondance de province (Bordeaux, Lyon, Marseille, Nîmes, Narbonne, Calais, Roubaix, Amiens, Reims, Lille) et de l’étranger (Belgique, Amérique, Suisse, Allemagne, Pérou). Il demeurait alors 25 rue du Buisson Saint-Louis.

Le 3 septembre 1887 (ou 1886 ?), suite à une loterie organisée par la Ligue, il avait été poursuivi avec Méreaux, le gérant du Révolté qui avait annoncé la tombola ; au procès, tous deux avaient refusé de répondre à l’appel de leurs noms, avaient été condamnés chacun à 15 jours de prison, 500 francs d’amende et 5 ans d’interdiction des droits civils et politiques, mais avaient fait opposition au jugement. Cette ligue organisa plusieurs conférences, édita quelques placards, puis disparut au cours des années suivantes. Il participait également aux déménagements « à la cloche de bois » de la Ligue des antipropriétaires fondée par Couchot.

En 1886 ou 1887 il aurait été mêlé, avec Pauline Marais, Agresti, Redon et Wagner à une tentative de vol d’un marchand de tabac de la rue de la Tour d’Auvergne. A cette même époque il était signalé dans les réunions du groupe Les travailleurs communistes libertaires du XXe arrondissement avec entre autres Lucas, les frères Frey, Thomas, Laurens, Henri Rieucreux, Méreaux, Simonin et Wagner. Il demeurait alors 3 rue Lemon où, à l’occasion du 14 juillet 1887, il avait proposé d’arborer à sa fenêtre un drapeau noir qu’il s’engageait à défendre revolver à la main.

Le 18 septembre 1887, il avait été l’organisateur du meeting international tenu par la Ligue des antipatriotes, à la salle Favié, où, devant un millier d’auditeurs, avaient notamment pris la parole Murjas, Tennevin, Pausader, Gouzien, Tortelier, Louiche, Devertus et Malato. La tribune était décorée de deux drapeaux noirs — dont l’un portait la mention Jeunesse anarchiste de Paris — et de deux drapeaux rouges — dont l’unportait la mention Jeunesse anarchiste de Saint-Denis.

Il fut semble-t-il arrêté au printemps 1888 et demeurait alors 77 rue Oberkampf. A l’occasion de la manifestation du 27 mai 1888 au Père Lachaise, il avait émis l’intention d’y aller avec le compagnon Vivier : tous deux seraient porteurs de deux drapeaux, l’un rouge et l’autre noir, qu’ils devaient promener sur le Boulevard de Ménilmontant et qu’ils étaient bien décidés à défendre avec l’aide des compagnons présents.

Fin décembre 1887 il avait été arrêté et interné à Sainte-Pélagie pour y purger une peine de 15 jours de prison pour avoir organisé une loterie non autorisée en faveur de la Ligue des antipatriotes.

Membre de la Ligue des antipatriotes et insoumis au début des années 1890, il
s’était réfugié fin avril 1891 d’abord en Suisse sous l’identité de son beau-frère l’ouvrier ciseleur Jean Henry Cahuzac. Il avait gagné Versoix près de Genève où il travaillait de son métier de peintre en porcelaine et était en contact avec le compagnon Moise Ardaine. Le 8juin il était signalé à Lausanne en compagnie du cimpagnon Auguste Faugoux., puis toujours sous le nom de Cahuzac aurait gagné Bruxelles.
Il aurait ensuite gagné Londres, où semble-t-il sous le nom de Dubois il demeurait 97 Charlotte Street. Son nom figurait sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer pour “surveillance spéciale aux frontières”. A l’automne 1893 il diffusait depuis Londres la brochure Le Conseil de révision de Tolstoi tiré à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires par le groupe de déserteurs et réfractaires français réfugiés dans la capitale britannique. Il aurait également utilisé le nom de Cahuzac et figurait sur l’état vert n°2 des anarchistes disparus et/ou nomades.

En février 1894, son jeune frère Léon et leur mère Joséphine furent l’objet de perquisitions et de poursuites pour « association de malfaiteurs » qui se soldèrent par un non-lieu en juin 1895.

Au début de la guerre, Bidault, adhérent individuel de la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR) et membre du groupe des Amis du Libertaire, se trouvait à Yvetot gérant des Galeries cauchoises et il sympathisa avec l’attitude pacifiste de Sébastien Faure. En 1916, en sursis d’appel, il travailla à la fabrication de moteurs d’aéroplanes chez Salmson à Billancourt et fut l’un des signataires du Manifeste La Paix par les peuples hostile à l’union sacrée proposée par jean Grave et le Manifeste des seize. Il demeurait à cette époque 62 rue des Boulets (XIe arr.).

Début 1918, il avait repris la gestion de La Librairie Sociale suite à l’arrestation de Sébastien Faure

Trésorier du Comité de défense sociale (CDS), il tenta en 1919 de mettre sur pied une « Bibliothèque circulante gratuite » adhérente à la Fédération anarchiste. Il était alors chargé, ainsi que Louis Rimbault, des correspondances et communications au Libertaire où ul avait remplacé Content détenu à la Santé. En mars 1919, il fut avec entre autres Le Meillour, Sirolle, Boudoux, Renneringer, Dondon et E. Massot signataire d’une protestation parue dans Le Libertaire (2 mars) dénonçant les perquisitions effectuées au journal suite à l’attentat de Cottin contre Clémenceau. A la fin de cette même année 1919, il était le responsable du Groupe International de Diffusion qui venait de se former pour assurer la diffusion et la traduction en France de journaux et documents anarchistes édités à l’étranger.

En 1920 il était le trésorier du groupe de soutien à Kropotkine qui recueillait des fonds afin d’envoyer vivres et vêtements au vieux militant à Moscou. Il était également le trésorier du Comité de L’Entraide formé de Le Meillour, Vergeat, Paradis (métaux de la Seine), Maucolin (18e région du bâtiment), Vallet et Boudoux (charpentiers en fer), Gontier et Guigon (briqueteurs de la Seine), Hubert (terrassiers de la Seine), Anignac et Ouin, Content (du Libertaire), Thuillier (COS), Taugourdeau (ancien Comité), Onotic et Pericat (bâtiment).

Il recevait également tous les mandats qui concernaient la Librairie sociale qui dépendait du journal. C’est à propos de la gestion de cette librairie que dès le congrès de 1920 il fut mis en cause (avec formation d’une commission chargée de former une coopérative) puis qu’il fut attaqué lors du IIIe congrès anarchiste tenu à la Maison du Peuple de Levallois les 2-4 décembre 1922 (voir Haussard) ; il promit alors de signer la cession du bail de la boutique située, 69, boulevard de Belleville, à Paris au profit de L. Descarsin qui était censé en être l’administrateur depuis novembre 1921. Suite aux tergiversations et à la mauvaise foi de Bidaul qui se poursuivirent toute l’année 1922, il avait alors été décidé d’abandonner le local du Boulevard Belleville et de louer en 1923 un nouveau local au 9 rue Louis Blanc (cf. Le Libertaire, 4 mai 1923). Lors du congrès de Levallois, l’ensemble des groupes présents avaient émis une motion de défiance à son égard et son exclusion de l’UA.

Émile Bidault, qui habitait 39 rue de Bretagne (3e), avait assisté au Ier congrès anarchiste, Paris, 14 et 15 novembre 1920, et au IIe congrès, Villeurbanne, 26 et 27 novembre 1921 ; il représenta à ce dernier le XIe arr. de Paris.

En 1922, il était toujours trésorier du comité de défense sociale (CDS). Durant l’entre-deux-guerres, son œuvre principale consista dans la publication de La Brochure mensuelle (au moins 191 numéros de janvier 1923 à décembre 1937), entreprise de vulgarisation des idées anarchistes et dont il a été gérant, rédacteur et administrateur de 1923 à 1937. Afin d’écouler les stocks il créera la série La Bonne collection sous couverture cartonnée parfois illustrée et une présentation plus soignée.

En 1924 il était le contrôleur du bureau du Comité de l’Entraide aux cotés de Hodot et de Legrand.

Bidault fut gérant du journal La Conquête du pain (Boulogne-Billancourt), ouvert à tous les courants de l’anarchisme et dont le n° 1 parut le 13 octobre 1934. et le n°45 et dernier le 13 décembre 1935 et dont le gérant était Fernand Planche. Fondateur du journal La Raison, il avait également mis son imprimerie à la disposition du journal Terre libre (1934-1936) publié par L. Laurent et A. Prudhommeaux d’abord à Aulnay-sous-Bois puis à Nîmes, puis de nouveau en région parisienne (1936-1937). Son domicile de la rue de Bretagne figurait toujours en 1935 sur la liste de vérifications des domiciles d’anarchistes.

Émile Bidault mourut le 28 janvier 1938 et fut incinéré au Père-Lachaise.

Dans ses souvenirs, Nicolas Faucier, l’évoquait comme un « curieux personnage, assez effacé, se tenant à l’écart du milieu anarchiste, mais très avisé sur le plan commercial. Il vivait au milieu de ses livres dans un local assez vétuste, au premier étage d’un immeuble situé au 39 de la rue de Bretagne. Au rez-de-chaussée, il avait installé une presse qui lui servait à imprimer La Brochure mensuelle, publication diffusée par abonnements à l’usage des groupes et militants chez lesquels il s’était acquis une nombreuse clientèle […]. Il avait raflé chez les éditeurs — et particulièrement chez P.V. Stock — presque tout le fond des œuvres anarchistes datant de l’avant-guerre 1914-1918 et non réédités depuis […], si bien que nous devions passer par lui pour nous les procurer. Mais étant donné les débouchés dont nous disposions, nous étions son plus gros client et il nous consentait les remises habituelles aux libraires, soit 33 %, ayant lui-même bénéficié sur ses achats de remises plus avantageuses. »

La Conquête du pain Présentation et collection (Archives Autonomie)


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