Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PENGAM Victor, François, Marie

Né à Brest (Finistère) le 21 janvier 1883 — mort le 3 mars 1920 — Ouvrier à l’Arsenal — CGT — Brest (Finistère)
Article mis en ligne le 28 décembre 2010
dernière modification le 6 août 2024

par R.D.
Victor Pengam

Orphelin de bonne heure, Victor Pengam fut confié aux Pupilles de la Marine. Apprenti à l’Arsenal à l’âge de quatorze ans, il sut s’y faire écouter de ses camarades d’atelier. Il fonda en 1903, à l’âge de vingt ans, une des premières sections de la Jeunesse syndicaliste réunissant une soixantaine de jeunes ouvriers de l’Arsenal dont Auguste Le Lann et Jules Le Gall qui travaillaient dans le même atelier de chaudronnerie que lui. Ce groupe devint rapidement un centre d’agitation révolutionnaire et de propagande malthusienne et pacifiste. Dès la création de la Bourse du Travail en juillet 1904, il en fut nommé trésorier et contrôleur des comptes tandis que Jules Le Gall en devenait le secrétaire-adjoint. Le 5 octobre 1905 Pengam organisa une fête des conscrits qui fut interdite par le préfet maritime. Il fut poursuivi à Quimper le 21 janvier 1906 en cour d’assises pour “excitation de militaires à la désertion” et acquitté mais exclu pour cinq mois de l’Arsenal.

À son retour du service militaire au 104e Régiment d’infanterie à Alençon (1906-1907) où il en profita pour faire des conférences anti-alcooliques à la caserne, il fut le promoteur de l’Union départementale des syndicats, de l’Université populaire, du Groupe d’études sociales. Dès l’été 1907 il avait été nommé secrétaire du syndicat des ouvriers du port et fut membre de La Jeunesse socialiste, du groupe La Guerre sociale, de la Jeunesse syndicaliste et du Comité de défense sociale (CDS) dont les responsables à Brest étaient Jules Le Gall (secrétaire) et Louis Bidan (trésorier).

Début 1908, à la suite de l’arrestation de Le Gall, il fut nommé trésorier d’un Comité d’initiative en vue de créer une librairie coopérative à base d’actions de 25 francs pour aider à la propagande.

De 1908 à 1910 il fit un très grand nombre de conférences dans tout l’Ouest de la France.

En 1910 il participa à la fondation du Cercle néo-malthusien, qui se réunissait dans un local au 9 de la rue Fautras, dont le secrétaire était Saliou et où, chaque semaine, Pengam organisa des causeries traitant d’anatomie, d’embryologie, d’alimentation rationnelle, d’hygiène physique, etc. et dont en 1911 il fut nommé secrétaire.

Domicilié 11 rue Pasteur, Pengam, qui était de tendance syndicaliste révolutionnaire, fut nommé secrétaire général de la Bourse du Travail de Brest en décembre 1910 et, de septembre 1911 à la guerre, de l’Union régionale du Finistère. Il se distingua à cette époque dans la lutte contre l’alcoolisme et organisa des cours pour les illettrés. En 1911 il fut nommé trésorier du groupe Les Temps nouveaux, un nouveau groupe anarchiste fondé par Jules Le Gall qui adhéra à la Fédération communiste anarchiste et qui, à partir de décembre 1912, participa à la lutte contre la guerre au sein du Comité d’entente des groupes d’avant-garde à Brest.
Pengam, aux cotés de Roullier secrétaire de l’union des syndicats du Finistère, fut poursuivi pour son action contre la vie chère : condamné par défaut le 28 octobre 1911 à 18 mois de prison pour “provocation au vol, pillage et outrages à agents”, il fut finalement acquitté par le jury du Finistère le 15 janvier 1912. Il assista comme délégué aux XIVe et XVIIIe congrès nationaux corporatifs — 8e et 12e de la CGT — tenus respectivement à Bourges, septembre 1904 et au Havre, septembre 1912. Il était inscrit au carnet B.

En septembre 1912, Pengam fonda le groupe des Pupilles de la Maison du Peuple. « Actuellement (août 1913), au nombre d’une centaine, ces pupilles sont les enfants de nos principaux militants syndicalistes, anarchistes, révolutionnaires et antimilitaristes ; les réunions sportives, musicales ou récréatives ont lieu dans un local municipal de Kéroriou où se donnent également rendez-vous les membres de la Jeunesse syndicale. En fin d’année, Pengam abandonna ses fonctions de secrétaire de la Bourse, et, depuis, il consacre à l’éducation de ses pupilles tous ses loisirs, sa pernicieuse activité et ne cesse de faire à leur profit une propagande intensive auprès des organisations syndicales, tant dans les réunions que dans le journal mensuel le Finistère syndicaliste dont il est le gérant fondateur […] Avec un dévouement digne d’une meilleure cause, Pengam s’est constitué l’éducateur de ces enfants ; il sait s’en faire aimer et, sûr de son influence, il les élève dans les principes qu’il a toujours professés. En dehors d’une salle de gymnastique, il a fondé une fanfare qui a défilé sous sa direction dans les rues et participé à la manifestation du 1er mai. Certaines des réunions auxquelles les pupilles sont conviés plusieurs fois par semaine sont consacrées à l’étude des chants révolutionnaires et tous ces enfants, filles et garçons, chantent à qui mieux mieux l’Hymne au 17e, l’Internationale, etc. En résumé, les Pupilles de la Maison du Peuple présentent tous les caractères d’un patronage, mais il s’agit en l’espèce d’un patronage anarchiste, pépinière de futurs militants destinés à grossir les rangs des jeunesses syndicales.” (Lettre du commissaire spécial de Brest, en réponse à une demande de renseignements de la sous-préfecture, 29 août 1913, Arch. Nat. F7/13 570 : groupes de pupilles.)
En février 1913, pour avoir organisé une matinée enfantine le 29 décembre précédent, au cours de laquelle les enfants avaient chanté L’Hymne au 17e, Pengam avait été condamné à 2 jours de prison.

Propagateur infatigable de l’antialcoolisme et des théories néo-malthusiennes Pengam collabora notamment à la revue Génération consciente (Paris, 1908-1914) d’Eugène Humbert et au périodique Le Semeur (Brest, 19 numéros du 2 janvier au 2 mai 1908) qui était sous-titré « Pour le socialisme intégral, le syndicalisme et l’émancipation ouvrière ».

Mobilisé dans l’infanterie coloniale en 1914, Pengam, qui s’était rallié à l’Union Sacrée, resta au front un an et dix huit mois, fut blessé à deux reprises, contracta la tuberculose puis fut renvoyé à l’arrière mobilisé dans une usine. À son retour à la vie civile, il s’éloigna des conceptions libertaires qui avaient été les siennes : ’Revenu à l’arrière, dans la vie civile, il resta dans l’ombre, se taisant au lieu de nous aider, nous les pacifistes, les défaitistes… ayant souffert il aurait dû être à nos cotés. Il se tut, s’éloigna même de nous » (cf. Le Libertaire, 14 mars 1920).
Sa dernière œuvre fut la fondation du restaurant coopératif de l’Arsenal.

Victor Pengam décéda de tuberculose à Kerguérec-en-Lambézellec (Finistère) le 3 mars 1920. Ses obsèques, le 5 mars, donnèrent lieu à une manifestation imposante ; une rue de Brest porte son nom.


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