Lau Chung Si Red Jones avait émigré aux États-Unis en 1909 et avait commencé à travailler dans la région de San Francisco à la construction de voies de chemins de fer puis comme ouvrier agricole à Sacramento. Très vite victime de l’exploitation et la brutalité auxquelles étaient alors soumis les travailleurs asiatiques de la côte pacifique, il adhéra à l’anarchisme et échappa de peu à une expulsion lors de la terreur anti-rouge de 1919-1920 en produisant de faux papiers attestant de sa naissance aux États-Unis.
En 1925 il fonda le groupe anarchiste chinois Pingshe (Groupe égalité) qui de 1927 à 1929 publia le journal Pingteng (Egalité) auquel collabora notamment Li Pei Kan Ba Jin. Il édita également plusieurs livres et brochures et le mensuel Wuchengfu kungchan yuekkan (Mensuel anarchiste communiste, San Francisco, 1934) organe de l’Alliance communiste anarchiste. Il participa également avec son maigre saliare d’ouvrier agricole, au soutien de la presse libertaire dont Road to freedom (Stelton, 1924-1932), Man (San Francisco, 1933-1940) édité par Marcus Graham et Spanish Revolution (New york, 1936-1937).
Il participa régulièrement dans les décades des années 1920-1930 aux réunions et sorties champêtres organisées par les groupes anarchistes de langue italienne et anglaise.
En 1974, lorsque Paul Avrich l’avait visité, il vivait dans une petite chambre entouré de nombreux portraits d’anarchistes dont l’un d’Emma Goldman où était reproduit en chinois le texte de Bakounine « Je ne serais libre que lorsque tous les hommes seront libres ». Vers 1977 Lau Chung Si quittait les États-Unis pour aller s’installer à Macao où il devait décéder en 1979.