Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ABAD DE SANTILLAN, Diego” [Baudilio Sinesio GARCIA FERNANDEZ]

Né à Reyero (Leon) le 20 mai 1897 — mort le 18 octobre 1983 — FAI — FLA — CNT — FORA — Madrid- Santa Fé — Buenos Aires — Berlin — Barcelone
Article mis en ligne le 4 février 2007
dernière modification le 7 août 2024

par R.D.
Abad de Santillan

De son véritable nom Baudilio Sinesio García Fernández, Diego Abad de Santillan, tout en suivant des cours du soir, avait commencé à travailler dès l’âge de dix ans sur les chemins de fer du Rio de la Plata à Buenos Aires où sa famille avait émigré en 1905. Il ne retournait en Espagne que vers 1913 d’abord au Leon pour y passer son baccalauréat puis à Madrid pour y étudier la philosophie. C’est là qu’il commençait à écrire dans la revue Los Ciegos puis publiait une première brochure sur le droit de l’Espagne à faire la révolution. Sa fréquentation de la bohême madrilène lui vaudra un premier emprisonnement de quinze jours.

Mêlé aux évènements révolutionnaires de 1917 il était à nouveau emprisonné et faisait la connaissance en détention de Tomas Herreros Miguel qui allait l’initier à l’anarchisme. Amnistié en 1918 et pour échapper au service militaire, il était alors retourné l’année suivante en Argentine où il allait s’intégrer au mouvement libertaire à Santa Fé où il fondait la revue La España Futura, et collaborait à de nombreux titres de revues et journaux tout en se liant d’amitié avec des militants prestigieux comme José Torralvo, Lopez Arango — avec qui il publiera le journal La Campana-, Simon Radowitky et bien d’autres.
En 1919, sa participation aux grèves de Buenos Aires lui valait d’être emprisonné. A sa libération il dirigeait un journal anticlérical. L’année suivante il échouait dans la fondation d’une nouvelle revue mais devenait un élément influent au sein du grand journal libertaire La Protesta et de la Fédération Ouvrière de la Régionale Argentine (FORA). Il se définissait à cette époque comme anarchiste kropotkinien.

En 1922 Diego Abad De Santillan partait pour l’Allemagne pour y poursuivre des études de médecine qu’il ne termina pas. Correspondant de La Protesta et de son supplément littéraire, il se liait à Hambourg et à Berlin à l’anarchisme militant : Emma Goldman, Piotr Archinov, Alexander Berkman, Voline, Alexandre Schapiro, Nestor Makhno, Fritz Katter, Max Nettlau et Rudolf Rocker dont il sera le traducteur en espagnol. C’est à Berlin qu’il rencontrait sa compagne, Elisa Kater, fille de son éditeur allemand. Il participait au congrès de fondation de l’Association Internationale des Travailleurs (AIT) et c’est lui qui aurait proposé de reprendre le sigle de la première internationale. Il défendait à l’époque les thèses de l’anarchisme pur et dénonçait les tendances syndicalistes comme étant réformistes (cf. ses articles dans le supplément de La Protesta et la revue Acracia) et favorisera l’émergence de l’organisation anarchiste spécifique en Espagne où ses thèses avaient rencontré un certain écho en particulier chez Tomas Herreros, Manuel Buenacasa, Eusebio Magriña et d’autres qui fonderont à Blanes le journal El Productor.
En 1925, pour lutter à la fois contre le réformisme et le communisme, il publiait avec Lopez Arango la brochure El anarquismo en el movimiento obrero.

En 1926 il rentrait en Argentine et participait très activement à la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. Il participait du 11 au 19 mai 1929 à la fondation à Buenos Aires de l’ACAT (Asociación continental americana de los trabajadores) dont il avait rédigé la déclaration de principes et fut nommé secrétaire avec notamment Manuel Villar et prenait position en faveur de la tendance révolutionnaire au sein de la FORA. Après le coup d’État militaire du général Uriburu en 1930 il se réfugiait à Montevideo. Après avoir assisté en 1931 au congrès de la CNT à Madrid, il retournait à Montevideo puis rentrait clandestinement en Argentine et relançait les activités de la FORA tout en préparant une campagne en faveur des exilés.

Abad de Santillan & Elisa Kater (1934)

Vers le milieu de l’année 1933 il rentrait en Espagne où il animait les groupes « Z » et « Nervio » de la Fédération Anarchiste Ibérique (FAI) et s’opposait au trentisme. Il collaborait alors à Solidaridad obrera et à l’édition de l’organe de la FAI Tierra y libertad ainsi qu’à la revue Tiempos nuevos. En 1935 il était nommé secrétaire du Comité péninsulaire de la FAI.
Délégué au congrès de mai 1936 à Saragosse, il y tentera en vain d’y faire adopter ses conceptions économiques.

Le 21 juillet 1936 lors d’un plenum régional de la FAI, il se prononcera contre la participation du mouvement libertaire au gouvernement républicain et proposera de faire la révolution. Il émettra également l’idée de soulever le Maroc en s’appuyant sur le leader nationaliste Add El Krim. Mis en minorité, il sera désigné par le plenum comme le représentant de la FAI au Comité Central des milices antifascistes. Il sera également l’un des rares responsables à proposer la guerre de guérilla en territoire ennemi.Acceptant d’appliquer les accords de l’organisation sur la participation gouvernementale, il était nommé en août représentant la FAI au Conseil de l’économie de la Généralité de Catalogne, puis à un poste de ministre de la Généralité qu’il occupera de décembre 1936 à mars 1937. Il tentera vainement ensuite de convaincre le président Azaña de renverser le gouvernement pro communiste de José Negrin. Après les évènements de mai 1937, il cessait d’occuper tout poste officiel.
En 1938 il fondait la revue Timon et glissait peu à peu vers les positions révisionnistes défendues par Horacio Martinez Prieto.

Exilé en France à la fin de la guerre civile, Diego Abad De Santillan parviendra à embarquer peu avant la seconde guerre mondiale pour l’Amérique latine. Il séjournera d’abord à Saint-Domingue, puis au Chili et enfin en Argentine. Il avait à cette époque un rôle prépondérant dans l’orientation de la Fédération Libertaire Argentine (FLA) et se rapprochait de la ligne réformiste défendue en particulier par Helmut Rüdiger au sein de la SAC suédoise. Il fut le délégué du Comoté national de la CNT au 17e congrès de la SAC tenu du 27 septembre au 2 octobre 1964. Après la mort de Peron en 1955, il se montrera partisan d’alliances avec tous les groupes anti-péronistes.
Tout en menant une immense activité intellectuelle et d’éditions de textes, il collaborait à un très grand nombre de journaux et revues libertaires.

Abad de Santillan (Madrid, 1976)

En juillet 1965 il aurait participé à l’affaire du « cincopuntisme » : des négociations entre de vieux militants de la CNT et la centrale franquiste CNS.

Diego Abad De Santillan était revenu pour la première fois en Espagne en 1975 où un groupe d’anciens militants, dont Fidel Miro, lui avait proposé de relancer la revue Timon et éventuellement d’éditer un quotidien libertaire. Le projet ayant fait long feu, Santillan était retourné en Argentine.

En mai 1982 il rentrait définitivement en Espagne. Malade il s’installait à Madrid puis début 1983 à Barcelone où il décédait à l’hôpital le 18 octobre 1983. Diego Abad De Santillan a été incinéré au cimetière de Cerdanyola. Le 5 janvier 1984, ses cendres étaient dispersées sur la neige dans son village natal de Reyero.

Sa compagne Elisa Kater est décédée à Barcelone le 18 octobre 1992 quelques mois après leur fils Diego Garcia Kater, né à Berlin le 16 février 1924 et décédé à Madrid le 28 août 1992.

Diego Abad De Santillan a collaboré à un très grand nombre de titres de la presse libertaire dont : La Protesta (Buenos Aires), Solidaridad obrera (Barcelone), Tiempos Nuevos, Tierra Y Libertad, Timon (Barcelone & Buenos Aires), Umbral, Construir, Sindicalismo, Reconstruir (Buenos Aires), España Libre(Toulouse), Comunidad Iberica, Historia Libertaria, Acción Social Obrera, Cultura Proletaria, Mañana, etc.

Œuvres : — El derecho de España a la revolucion (Madrid, 1917). — El anarquismo en el movimiento obrero (Barcelone, 1925) ; — El organismo económico de la revolución (Barcelone, 1936). — Por que perdimos la guerra (Buenos Aires, 1940). — Contribución a la historia del movimiento obrero español (3 vol, Ed Cajica, 1962-1971). — El movimiento anarquista en la Argentina desde sus comiencos hasta el año 1910 (Buenos Aires, Ed. Argonauto, réed. 1930). –El anarquismo y la revolución en España (Madrid, Ed. Ayuso, 1976). — Ricardo Flores Magon (Mexico, 1924). — Praxedis Guerrero (?). — Revolución y guerra en España (?). — Los anarquistas y la reacción contemporanea (Mexico). — Historia del anarquismo en Argentina (Buenos Aires, 1930). — Reconstrucción social, nueva edificación economica argentina (avec Lazarte, Buenos Aires, 1933). — Las cargas tributarias : ensayos sobre las finanas estatales (Barcelone, 1935). — Bancarrota del sistemo económico y político del capitalismo (Buenos Aires, 1932). — De Alphonso XIII a Franco (Buenos Aires, 1974). — Colaboración y tolerancia a dictadura ? El problema de la armonía revolucionaria (Montevideo, 1937). — España hayer, España mañana (?). — La insurrección anarquista del 8 de diciembre 1933 (avec M. Villar et Juan Manuel Molina, Barcelone, 1934). — La represion de octubre (Barcelone, 1935). — Gli anarchichi e la rivoluzione spagnola (avec Luiggi Fabbri, Genève, 1938). — La FORA, ideologia y trayectoria del movimiento obrero revolucionario de la Argentina (Buenos Aires, 1933, Ed. Nervio ; réed. 1971, Ed. Proyección). — En torno a nuestros objectivos libertarios (Alger, 1945). — Memorias (Barcelona, 1977).
Il a été également le traducteur en espagnol des ouvrages de Luiggi Fabbri, Pierre Ramus, Gustav Landauer, Max Nettlau et Rudolf Rocker
En outre Santillan est l’auteur de plusieurs dictionnaires et encyclopédies (Gran Enciclopedia Argentina, Gran Omega, Historia Argentina, Diccionario de argentinismos, De Ayer y de hoy, etc.)

Les archives de Diego Abad de Santillan ont été déposées à l’Institut d’Histoire Sociale d’Amsterdam Archives Abad de Santillan


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