Bruno Castaldi, qui s’était engagé lors de la Première Guerre mondiale et après avoir été blessé au front, avait été condamné le 27 mars 1918 à 10 ans pour « mutinerie » et avait été renvoyé au front. Le 2 août suivant il était condamné à 7 ans de détention pour « désertion ». Amnistié en 1919, il allait à Milan où il, militant de l’Union syndicale italienne (USI), et menait une intense propagande. Blessé lors d’affrontements avec les fascistes, il fut condamné le 26 juillet 1921 à 26 jours de prison pour « port d’arme ».
A la fin 1922 il émigrait en Belgique dont il ne tarda pas à être expulsé comme « anarchiste très dangereux » et à être indésirable au Luxembourg et en France. Il était alors lié à Raffaelle Sciavina, Federico Giordano Ustori et autres militants « anti-organisationnels » qui publiaient à Paris le journal Il Monito. En 1928, alors qu’il demandait un passeport au consulat italien de Bruxelles, il lui fit proposé de devenir un informateur du régime fasciste, ce à quoi il avait répondu qu’il avait abandonné tout militantisme.
Le 19 janvier 1929, il partait pour Barcelone puis alla aux Baléares, à Ciudadela (Minorque) où il ouvrit un atelier de fabrication de pantoufles. Castaldi, qui avait été inscrit en mars 1930 sur la liste des militants recherchés par les autorités italiennes, tenta vainement de faire venir en Espagne sa mère Pasquina Sorbi restée en Italie. ; la police s’y opposa en présentant Castaldi comme « Le secrétaire de Malatesta », ce que ce dernier démentit et répliqua dans un article attaquant durement Mussolini paru dans le journal local La Voz de Menorca (3 mars 1932).
En 1933 il partait pour Madrid où en mai il ouvrait une fabrique de chaussures qui fit faillite et en 1935 s’installait à Sitges (Barcelone) où il ouvrit un nouvel atelier de pantoufles pour femmes. En octobre 1935 la police signalait qu’il avait chez lui un grand portrait de Matteoti et était ami avec l’ex-garibaldiste Pitro Paolo Vagliasindi « ambigü ancien partisan de D’Annunzio ».
Après le coup d’État franquiste de juillet 1936, Castaldi s’était enrôlé dès la fin du mois dans la Colonne Ortiz où il fut nommé délégué politique de la Centurie Luz y vida. Blessé sur le front d’Aragon, il revint ensuite à l’arrière où il fut chargé à Sitges d’assurer le ravitaillement de la Colonne Durruti. En 1937 il retournait au front où, à Letux, il était responsable de trois compagnies de fortifications de la 2e Division (Jubert) où il fut nommé capitaine.
Après les affrontements de mai 1937 avec les staliniens, il fut arrêté en août sur ordre du gouvernement Negrin et accusé d’être « au service de Franco et d’avoir attaqué plusieurs familles aisées » dans les premiers jours de la révolution. Le 25 décembre 1937, son arrestation était signalée par Il Risveglio (Genève) de Bertoni où Giuseppe Ruozi prenait sa défense et soulignait la cohérence du parcours politique de Castaldi.
Castaldi resta interné au château de Montjuich jusqu’au 26 janvier 1939, à la veille de la chute de la ville aux mains des franquistes. Passé en France lors de la Retirada, il fut interné dans divers camps puis alla s’installer à Issy-les-Moulineaux avec le militant communiste Giulio Piazza. Toujours recherché par le tribunal militaire de Rome — il lui restait à faire 2 ans et 6 mois de prison pour sa condamnation comme déserteur en 1918 —, il était toujours en France en 1942. On ignore ce qu’il est par la suite devenu.