Vittorio Iaffei (souvent orthographé Jaffei), qui s’était engagé en novembre 1896 pour 5 ans dans les services douaniers et financiers (guardia di finanza), avait déserté le 26 février 1900 « avec armes et bagages, brûlés tout de suite après » et était passé à Bolzano en territoire autrichien où il travailla comme commis d’un commerce. Réfractaire de la classe 1879, il avait écrit au gouvernement italien qu’il « refusait de prendre les armes pour continuer sa propagande socialiste anarchiste ».
Puis il avait soudain quitté le pays et était passé en Suisse dans la région de Neuchâtel.
Suite à l’attentat de G. Bresci contre le roi Umberto en juillet 1900, il fut arrêté le 19 octobre à Fleurier pour “tapage nocturne”. Au cours de la perquisition la police avait saisi un lot de brochures et de la correspondance dont la copie d’une lettre qu’il avait adressée sur l’instigation “d’un agent provocateur” en septembre à Bresci pour le féliciter de son acte. Expulsé il fut dirigé vers la frontière italienne et en novembre, incarcéré à Bellinzone en attente d’une éventuelle extradition. Il était accusé par le gouvernement italien d’une possible complicité alors que le jour de l’attentat il se trouvait à Bâle dans une fête champêtre italo-suisse. Ce même mois de novembre il fut également l’objet d’un arrêté d’expulsion de France à lui « notifier en cas de découverte ». Une campagne fut menée en Suisse pour empêcher son extradition en Italie décidée par le tribunal fédéral fin mars ou début avril 1901. En août 1901, le procureur de Milan abandonna les poursuites pour “complicité” contre Jaffei et plusieurs autres inculpés dont Nicola Quintavalle, Antonio Lanner, Emma Quarzo, Carlo Colombo, Lorenzo Bresci, Egidio Gatti, Achille Consolini, Renato Caprotti et Domenico Manozzi. Jaffei, remis en liberté le 3 septembre 1901, échappa alors semble-t-il à l’extradition mais fut expulsé. Toutefois, pour “attentat à la sécurité de l’État”, il fut condamné par contumace à 25 ans de réclusion.
Après quelque temps passé à Londres, il émigra en Argentine où il s’installa à Santa Fé et y organisa le groupe Gaetano Bresci.
Victor Jaffei qui était en contact avec Les temps nouveaux (Paris), tentait de constituer un groupe à Capetown (Afrique du sud) en 1903.
On perd ensuite sa trace jusqu’à l’été 1905 où on le retrouve en France où il continue de militer et où il est arrêté à Marseille à la demande du consulat
A la fin du délai de prescription des faits qu’on lui reprochait, il rentra en Italie avec sa compagne en juillet 1911 et s’installa à Foligno (Ombrie). Lors de difficultés financières, — il dut constamment se déplacer à la recherche de travail — il y fut aidé par de vieux compagnons résidant en Suisse. Toutefois son caractère « vaniteux, extravagant et exalté » contribua à l’empêcher de récupérer une crédibilité dans le mouvement et à l’éloigner définitivement de ses compagnons.