Bruno Llado Roca avait commencé à militer au Parti fédéraliste de Pi y Margal, puis avait adhéré à l’anarchisme lors du mouvement révolutionnaire de 1909 où il dut s’exiler en France pour échapper à la répression. Revenu en Espagne à l’été 1910, il allait devenir l’un des principaux animateurs de la CNT à Sabadell (Barcelone) où cette même année il impulsa la grève des ouvriers du textile. Il donnait également de nombreux meetings dans diverses régions d’Espagne ce qui lui valut d’être emprisonné à de nombreuses reprises (1910, 1911, 1913). Il collabora à cette époque au journal Trabajo (Sabadell, 1898-1913) puis fut le directeur du journal La Batalla sindicalista (Sabadell, 1915) et, suite à la grève d’août 1917, fut une nouvelle fois contraint de passer en France avant de revenir en Espagne en mai 1918.
Envoyé en Russie par la CNT il fut l’un des premiers à dénoncer l’autoritarisme du nouveau pouvoir bolchévique, notamment dans l’article “La verdad sobre el congreso de l’ISR en Moscu” paru dans le n°34 de Nueva Senda (Madrid).
Devenu entrepreneur du bâtiment, il fut en 1922 le promoteur de l’édification du local de la coopérative ouvrière Cultura y solidaridad qui allait aussi servir de local à l’École moderne (pédagogie Ferrer) de Sabadell. En 1922 il avait été le délégué de Sabadell à la conférence régionale de la CNT catalane tenue à Blanes et l’année suivante participa à une série de meetings du Comité national de la CNT dans la zone nord (Pampelune, Alasasua, Lodosa).
Pendant la dicature de Primo de Rivera il allait surtout se consacrer à la construction et au coopérativisme et de 1923 à 1927 allait construire de nombreux bâtiments destinés aux militants du syndicat CNT de la construction, activités qui lui valurent quelques problèmes au sein de l’organisation et même son exclusion de la CNT lors d’un plenum clandestin en 1928.
Après la proclamation de la République il reprenait son activisme ce qui lui valut d’être déporté à Villa Cisneros après l’inbsurrection de Figols, époque où, depuis la prison il collabora à Solidaridad obrera (Barcelone). Il s’opposa également aux syndicat CNT d’opposition de tendance trentiste qui à Sabadell étaient dirigés par José Moix Regas. En ce début des années 1930 il fut l’orateur de plusieurs importants meetings tenus dans la région avec Saavedra, Herreros, F. Montseny, L. Callejas entre autres.
En 1934 il fut l’un des organisateurs avec J. Balius, Pablo Ruiz et Francisco Pellicer du groupe Renacer de la Fédération anarchiste ibérique (FAI).
Après le coup d’État franquiste de juillet 1936, il avait été nommé conseiller municipal de Sabadell et délégué comarcal au département de l’économie de la Généralité. Opposé à la ligne réformiste adoptée par la CNT, il adhérait au groupe des Amis de Durruti, et après s’être opposé tant aux staliniens qu’aux catalanistes, démissionnait en mai 1937 de son poste de conseiller municipal. En janvier 1938, il fut délégué de la Fédération de Sabadell au plenum élargi tenu à Valence où il participa à l’élaboration de la motion sur la distribution des aliments.
Passé en France lors de la Retirada, il parvint à s’embarquer pour le Mexique où il continua de militer à la sous-délégation de la CNT et collabora notamment à Solidaridad obrera (Mexico). Frappé d’une paralysie vers le milieu des années 1940, il fut hospitalisé au sanatorium espagnol de Mexico où il est décédé le 10 avril 1950.
Œuvre : — El bolchevismo y la revolucion (Madrid, 1923) ; — El comunismo libertario : su base, su medio, su fin (Sabadell, 1936) ; — Los lugares de trabajo : campos, minas, fabricas y talleres (Barcelone, 1935)