Militant syndicaliste révolutionnaire de la Fédération CGT de l’alimentation, Maurice Doublier est avant tout connu comme chansonnier révolutionnaire. A la fin des années 1890 il avait écrit plusieurs chansonnettes corporatives dont « Les chants du commis épicier (1897), Le crayon sur l’oreille (1898), Les boîtes, et La Chanson des arpètes” (1900). Il avait été dès le début du vingtième siècle l’un des premiers adhérents du « Groupe des poètes et chansonniers révolutionnaires » dont faisaient entre autres partie Sébastien Faure, la veuve d’Eugène Pottier, Paul Paillette, Constant Marie Le Père Lapurge et bien d’autres. En 1904 il était le trésorier du Groupe qui se réunissait Boulevard de Magenta et dont le secrétaire était Léon Delsol. Il publiait avec René Mouton le recueil La Chanson ouvrière (Paris, n°1, mars 1905), organe du Groupe des Chansonniers, qui vers 1907 fusionnait avec le groupe « La Muse rouge » qui avait été fondé en 1901 par Constant Marie et Ferdinand Massy. Il devenait alors le secrétaire du Groupe de La Muse rouge dont il tenait les permanences chaque mercredi soir au siège social, 6 boulevard Magenta en face de la Bourse du Travail et qu’il allait par ses efforts imposer comme la principale société ouvrière chantante y faisant adhérer de très nombreux auteurs et interprètes tels Mauricius, Coladant, Clovys, M. Hallé, Charles d’Avray, Eugène Bizeau, etc.
En 1906 il collaborait au recueil Almanach de la chanson du peuple pour 1907 rédigé par René Mouton et Paul Delesalle et où un article signé « Cocorico » faisait l’historique du Groupe des poètes et chansonniers révolutionnaires. Le groupe participait alors, le plus souvent gratuitement, à de très nombreux galas et fêtes ouvrières.
Dans l’éditorial de L’Almanach de la Muse rouge pour 1914, M. Doublier, dénonçant l’emploi du terme « chanson sociale » et revendiquant celui de « Chanson révolutionnaire » écrivait : « … Nous aimons la clarté dans l’exposé des uns, la précision et la franchise dans les moyens à employer pour combattre les autres. En chanson, comme en toute chose, nous pensons qu’il est inutile de s’apitoyer sur la misère du prolétariat si l’on ne s’en prend pas au salariat, qui en est la cause principale ; de s’attaquer au prêtre si l’on ne cherche pas à détruire l’hypothèse grotesque du dieu qui en fait la force ; de larmoyer pendant trois couplets sur les horreurs de la guerre pour terminer, au quatrième, par quelque banalité patriotarde… ».
Mobilisé en août 1914 au 91e régiment d’infanterie territorial, M. Doublier enverra plusieurs chansons décrivant la vie dans les tranchées (Aux Meurissons, A la Branière, Le Joueur de flûte) qui seront publiées dans le journal Le Bonnet Rouge. Maurice Doublier a été tué sur le front à Clermont-d’Argonne le 16 avril 1916.
Œuvres : — Jules Lemaitre en tournée (1901) & La Syvetonienne, Carmagole des assomoirs (1904) deux satires politiques antinationalistes.
Chansons : — Qui veut des chansons (1912) — Les retraites ouvrières — Sarto a des visions — Accouchement royal — Variations sur les doigts — T’as ben dit mon gas (1908) — La Chanson de la semaine anglaise —