Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

FILIPPI, Bruno

Né à Livourne le 30 mars 1900 — mort le 7 septembre 1919 — Garçon d’hôtel ; imprimeur — Milan
Article mis en ligne le 21 avril 2020
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Bruno Filippi

Né dans une famille ouvrière de Livourne le 30 mars 1900, Bruno Filippi avait fréquente l’école jusqu’à la 2e technique, puis. plus âgé que six frères, il avait déménagé avec sa famille à Milan. A 15 ans, il travaillait comme groom et était considéré comme un “travailleur assidu”. Bien que décrit par la police comme « de caractère plutôt doux », il avait été arrêté le 20 mai 1915 avec un revolver portant l’inscription « vive l’anarchie » et 59 balles, inculpé et condamné en décembre pour avoir participé au meurtre d’Adriano Gadda, tué lors d’affrontements entre interventionnistes et neutralistes. Lors de son passage à la cour d’assises de Milan il avait fait un long exposé de son idéal anarchiste Libéré après un an et huit mois, en février 1917, il fut employé comme imprimeur au Cooperative Union Printing Office.

Appelé sous les drapeaux en 1918, démobilisé en mars 1919, il fut arrêté le 2 avril “pour atteinte à la liberté du travail” (pour avoir contraint certains propriétaires menacés de fermer le magasin lors de la grève des coiffeurs) et libéré de prison le 23 mai.

Pour Filippi, la tâche des anarchistes était de « d’abattre de fausses idoles et des préjugés interdits, faire en sorte que l’incendie rebelle puisse brûler librement jusqu’à l’extinction complète du combustible » (B. Filippi, Finalità, in Iconoclasta !, 21 juin 1919). En été, il avait organisé un premier groupe terroriste avec Guido Villa et Aldo Perego. Il collaborait
au journal Iconoclasta ! (Pistoia), parfois avec les pseudonymes de For Well et Filippo Rubin et où il avait notamment écrit le 2 juillet 199 dans l’article « La Federazione del dolor : « Dans ma tête tu as écrit : Massacre. Que le massacre soit »

Le 29 juillet, alors qu’à Rome le roi et la reine mère commémoraient la mort du roi, une bombe explosait dans le palais de justice milanais. Un peu plus d’un mois plus tard, une autre bombe explosait devant la maison du sénateur Ettore Ponti, via Bigli. Le 7 septembre, Filippi était tué par un bombe déposée sur le palier en dessous du Club dei Nobili.
Le 15 septembre, Iconoclasta ! publia certains de ses écrits., l’un intitulé Parla la dynamite !, dans lequel Filippi ironisait sur la livraison à domicile des explosifs, un autre, intitulé Palingenesi, dans lequel on pouvait lire : « Peut-être que dans cet immense incendie, nous aussi serons brûlés […] Peu importe, il vaut mieux jeter les atomes de votre vie dans la flamme hurlante … que de s’installer lentement dans le bourbier social ».

Les funérailles eurent lieu le 11 septembre.
Un article de Carlo Molaschi sur Filippi se terminait par une sorte d’épitaphe : « Il est né à Livourne en 1900. Il a eu une vie courte et orageuse. […] Il est tombé pour sa foi en 1919 »

Bruno Filippi

Un des frères de Bruno, Annunzio, deux ans plus jeune (un autre s’appelait Libero), fut arrêté fin décembre 1920 et condamné à deux ans de prison et à une vigilance particulière car il fut arrêté avec dix-sept autres anarchistes, dont Ettore Aguggini et Antonio Pietropaolo — ex arditi, ex légionnaires fiumani — et trouvé en possession de matières explosives et de huit détonateurs.


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