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ROUBIER, Jean-Luc “{Jean Giskan}”
Né le 15 décembre 1952 à Enghien les Bains – mort le 1er janvier 2011 - Enseignant – CNT - Toulouse (Haute-Garonne) – Maroc – Aubervilliers – Paris – Sénégal
Article mis en ligne le 23 novembre 2022
dernière modification le 20 avril 2024

par Hugues Lenoir, R.D.

Jean-Luc Roubier était le fils de Gaston Roubier, cadre technico-commercial à l’ONERA (1925 à Paris, décédé en 2007, à Le Luc en Provence, Var) et de Liliane Roubier née Oury en 1926, à Ermont (Seine-et-Oise) qui fut dessinatrice pour l’affichiste et décorateur Paul Colin et pour des BD suite à leur traduction - puis femme au foyer après le mariage. Tous deux sans engagement politique. Les dernières années, Jean-Luc Roubier partageait sa vie avec Perrine Gambart, enseignante au Lycée autogéré de Paris (LAP).

Après avoir obtenu un bac D en 1969, il fit une prépa vétérinaire au lycée Marcellin Berthelot (Saint-Maur des fossés) de 1969 à 1970 puis il étudia à l’École Vétérinaire de Toulouse de 1970 à 1972, école dont il fut exclu la dernière année car il ne correspondait pas au profil … En fait se rappelle Perrine Gambart, « Jean-Luc n’aimait pas la mentalité des vétos portée sur le fric. La version officielle est qu’il a été viré par un professeur, car il n’avait pas répondu à des questions "idiotes". La version officieuse était que son détachement, ses engagements, son caractère et son style n’étaient aucunement envisageables dans une telle filière ». Il reprit ensuite ses études à la faculté de Sciences Naturelles à Toulouse où il obtint une maîtrise en 1977 puis la même année le CAPES de Sciences Naturelles.

Professeur de SVT (science et vie de la terre, anciennement sciences naturelles), Jean-Luc Roubier fut enseignant au Maroc au lycée de Rabat (1979-1983) dont il revint précipitamment car opposant au régime politique local. Il enseigna ensuite à l’école normale, à Aubervilliers où il mit en place des pratiques alternatives et refusa l’inspection. Enfin, il rejoignit le Lycée Autogéré de Paris en 1995 dans lequel il a mené à bien de nombreux projets et appliqué des principes alternatifs et libertaires d’éducation. Il participa également au projet navajo et au projet route 66 afin de faire découvrir aux « lapiens » aussi bien la culture que la réalité des États-Unis, les laissés-pour-compte de l’Amérique qu’ils soient amérindiens ou hobos, les IWW. Il fut coordinateur du lycée autogéré pendant 2 ans de 2002 à 2004 et en lien étroit avec les militants-es de l’école libertaire Bonaventure d’Oléron (Charente-Maritime) ou encore le lycée Pédagogie Nomade en Belgique, fermé en 2011.

Jean-Luc Roubier était aussi membre de L’ICEM (Institut coopératif de l’école moderne – pédagogie Freinet). Au sein du secteur international, il fut à l’initiative de plusieurs projets notamment au Sénégal à Tivouane avec Moussa Diop (membre fontadeur de l’AUPEJ - Actions Utiles pour l’Enfance et la Jeunesse-, de l’ACAPES - L’Association culturelle d’autopromotion éducative et sociale - et coordinateur de l’AEMO - Action Éducative en Milieu Ouvert) qu’il avait découvert en 1998 grâce au projet Sénégal du Lycée Autogéré. Jean-Luc était membre fondateur de L’AUPEJ et contribua à l’aménagement des locaux qui abritent les classes d’entrainement à la vie scolaire et sociale de l’AUPEJ et participa « fortement à la pérennisation de ses programmes dont les principes fondateurs sont : auto-organisation, auto-développement, auto-défense ».
Il relança avec Yves Perrault et Aimable Marcellan, à la fin des années 1980, le syndicat de l’éducation de la CNT en région parisienne dont il resta adhérent jusqu’à sa disparition.
Moussa Diop disait de lui : « qu’il refusait de se positionner en donneur de leçons et ne laissait transparaître aucun relent de dogmatisme, de paternalisme ou de mépris culturel dans ses propos et ses attitudes ». Militant pédagogique, Jean-Luc Roubier considérait que « les alternatives éducatives ne doivent pas être enfermées dans l’espace scolaire, elles doivent essaimer (…), dialoguer avec les autres initiatives émancipatrices ».

Militant actif de la CNT STE 75 (Éducation) durant plusieurs années, il fut directeur de publication du Combat syndicaliste et des Temps maudits de 2002 à 2010 pour les deux titres où il signait ses éditos et articles (historiques, littéraires et politiques) sous le nom de Jean Giskan, Nestor Makhno ou JLR. Il fut un temps sympathisant du groupe Pierre Besnard de la Fédération anarchiste. De 2007 à 2009, il a été président du restaurant associatif La Rôtisserie Sainte Marthe (Paris).

Ses cendres, selon sa volonté, ont été dispersées au Père Lachaise devant le Mur des Fédérés.

ŒUVRE : Participation à Bonaventure : une école libertaire, premiers pas d’une république éducative, (1992), Éditions du Monde libertaire. — Fogny, une ruche d’expériences alternatives, Le Monde Libertaire, 1997. — L’école peut-elle apprendre la révolte ? N’autre École n° 3, 2003.
De nombreux articles dans le Combat syndicaliste.


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