Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

GUERRIER, Daniel

Né le 9 avril 1946 à Doue (Seine-et-Marne) — Marin ; éléveur ; éducateur ; correcteur — FA — ORA — OCL1 — OCL2 — COJRA — CFDT — CGT — SNJ — Paris — Le Havre (Seine-Maritime — Perpignan (Pyrénées-Orientales)
Article mis en ligne le 14 août 2023
dernière modification le 18 octobre 2024

par R.D.
Daniel Guerrier (Perpignan)

Fils d’instituteurs, dont le père militant du SNI et avant guerre de la Ligue des combattants de la Paix ayant accueilli en 1939 plusieurs réfugiés espagnols et avait été inscrit au Carnet B, Daniel Guerrier avait passé son enfance en Seine-et-Marne notamment à Fontainebleau où sa famille s’était installée en 1960. C’est au lycée qu’il commença à militer en distribuant notamment des exemplaires du livre interdit La Question de H. Alleg, dénonçant la torture.

En 1965 il intégra l’école de marine à Saint-Malo et suite à la lecture du livre L’anarchisme de Daniel Guérin, devint libertaire et commença à fréquenter, lors de ses passages à Paris, la librairie Publico de la Fédération anarchiste tenue alors par Helyette Bess et aussi le groupe Jules Vallés animé dans le XIIIe arrondissent par Ramon Finster futur cofondateur de l’ORA. En 1966 il fut au Havre, secrétaire de l’union des écoles de la marine marchande, affiliée à l’UNEF.
Embarqué sur des cargos, il fit de nombreuses escales (Djibouti, Madagascar, Afrique du Sud…) et notamment en Nouvelle-Calédonie où en 1969 il avait noué des contacts avec de jeunes militants indépendantistes des Foulards rouges auxquels il avait notamment appris la fabrication de cocktails molotov.
Lors des événements de mai-juin 1968, il effectuait son service militaire dans la marine à Brest où il participait avec d’autres appelés à des manifestions et réunions.

En 1970 lors d’une formation de capitaine au log cours au Havre, il adhéra au groupe Jules Durand (voir Pierre Jacquinot) de la Fédération anarchiste, milita activement au Secours roue, à la CGT et fut à l’initiative avec un compagnon d’ICO (Informations correspondance ouvrière) de la Galerie d’art populaire, un atelier de sérigraphie. Puis suite à des désaccords il se rapprocha du Mouvement communiste libertaire (MCL) et quitta également la CGT pour adhérer à la CFDT. C’est à cette même époque qu’il adhéra à l’OCL 1 et rencontra Daniel Guérin avec lequel il allait nouer une longue amitié et dont il deviendra l’exécuteur testamentaire. Il collabora au groupe et à la revue Marine en lutte (1971-1975) qui rassemblait des marins de toutes les tendances révolutionnaires et libertaires.

Pendant une année (septembre 1972 à octobre 1973) il suivit à Rambouillet une formation d’éleveurs de chevaux avec l’intention de fonder ultérieurement une communauté libertaire. Cette communauté fut fondée fin 1975 dans le massif du Canigou (Pyrénes-Orientale). Elle comptait une douzaine de membres — dont plusieurs militants du groupe ORA de Montpellier — entre autres Jean Michel Hinsberger —, mais sans Daniel Guerrier qui était toujours marin et ne rejoignit la communauté qu’en 1976 après avoir démissionné de la marine. La communauté disposait d’un important cheptel (Chèvres, brebis et chevaux), était adhérente au groupe Paysans travailleurs de B. Lambert et sera à l’origine de la réintroduction dans les Pyrénées-Orientales de la race de cheval basque de montagne Pottok.

Après l’auto-dissolution de l’OCL1 fin 1976, Daniel Guerrier avait assisté à la rencontre nationale de l’ORA à Orléans où la tendance UTCL avait été exclue et où l’organisation s’était renommée Organisation communiste libertaire (OCL) à laquelle il adhéra début 1977 et fut l’un des organisateurs du groupe Catalogne Nord avec lequel il allait participer notamment au soutien des camarades espagnols. En 1979, suite à un congrès chaotique tenu à Reims par l’OCL, il quittait l’organisation ainsi que la Communauté qui était alors en fort déclin.

Il s’engageait alors au Service civil international (SCI) et effectuait plusieurs missions (Sri Lanka, Inde, Tanzanie) et devint en 1981 son délégué de la branche française. Cette même année 1981 il s’installa en Seine-Saint-Denis comme éducateur de rue (SCI) et milita à la commission jeunes de la Fédération des associations de travailleurs immigrés (Fasti) où il se lia à de jeunes issus de l’immigration avec lesquels en 1983-1984 il sera l’un des organisateurs de la “Marche des Beurs” et participa au regroupement Convergence 84 qui fut en but aux récupérations orchestrées par SOS Racisme et le parti socialiste…
Il avait également intégré le comité de rédaction des éditions Spartacus de René Lefeubre avec lequel il allait nouer une forte amitié.

En 1 984, suite à l’inculpation et aux poursuites contre plusieurs militants du FLNKS, Daniel Guerrier s’était investi dans le soutien aux indépendantistes Kanaks et parvint à organiser un comité de soutien réunissant toutes les organisations libertaires (FA, OCL, UTCL, TAC …). Adhérent depuis 1982 de l’Association d’information et de soutien aux droits du peuple kanak (AISDPK), il en devint, fin 1984, un des quatre coprésidents Il fut notamment l’organisateur d’un stage de plusieurs jours d’une dizaine de kanaks pour les familiariser avec les techniques de clandestinité (faux papiers, valises à double fond, codages…). Ce stage donné par un ancien membre des services de renseignement, eut lieu à Paris, quai des Grands Augustins, dans l’appartement de l’attachée culturelle du Québec qui n’en sut jamais rien (témoignage R. Dupuy).

Cette même année 1984, il fut avec entre autres Michel Ravelli, Fernando Moschi, José Morato et Marie Claude Raffeneau, l’un des animateurs du COJRA (Comité d’organisation des journées anti-autoritaires) qui se réunissait à l’ancien local de Frente Libertario, 15 rue Gracieuse (Ve arr.), publia un bulletin éponyme (Paris, 4 numéros, octobre 1984 à novembre 1985) et organisa de 1984 à 1988 (?) plusieurs journées de débat dans une tentative d’unifier le mouvement communiste libertaire.

En 1986, après avoir démissionné de son poste d’éducateur, il voyagea en Afrique et en Amérique latine avant de revenir en France en 1977 et de commencer une formation de journaliste et parmi divers petits boulots être guide de randonnées équestres dans les Pyrénées.

Suite à la mort de René Lefeuvre en 1988 il participa au tri de son immense bibliothèque et à la fondation des Amis de Spartacus pour gérer son fonds de livres et brochures.
Le 23 avril 1988, aux cotés entre autres de René Lefeuvre, Mohamed Ben Barka, Thierry Renard, il avait été l’un des orateurs de l’hommage à Daniel Guérin organisé par l’UTCL au Mur des Fédérés du Père Lachaise.

En 1989, après avoir signé l’Appel pour une Alternative libertaire, initié par l’UTCL pour regrouper tous les communistes libertaires, il avait colaboré avec entre autres Michel Ravelli et Patrice Spadoni au bulletin Pour une alternative libertaire (Paris, 4 numéros, avril à mai 1989) puis Laval (5 numéros de septembre 1989 à mai 1990) qui sera suivi par Alternative Libertaire (Orléans puis Paris), l’organe de l’organisation éponyme. Toutefois au printemps 1991, constatant que la nouvelle organisation n’était « qu’un avatar de l’UTCL » et une simple mutation de cette organisation il refusait d’y adhérer comme plusieurs signataires d l’Appel dont Michel Ravelli, Auguste Lhermite, Hervé Guillermic, Gérard Mélinand (topus anciens de l’ORA et de l’OCL2), Paul Denais, Michele Stern, Guy Bourgeois (de la TAC), Antonio Martin, José Morato, Montsé Turtos (groupe du Pré-Saint-Gervais), André Senez, Rhida Tabai, Bernard Cnockaert, Joseph Priollet, Romain Tarhant, et Josette Chavy (cf. communiqué de mai 1991).

En janvier-juillet 1990 il fit une formation à Conforma, l’école de la CGT-Correcteurs, puis l fut ensuite embauché à Courrier international, où il devint rapidement chef du service correction et où il organisa une section du Syndicat national des journalistes (SNJ-CGT) regroupant interprofessionnellement journalistes et correcteurs et dont il fut l’un des délégués.

En 1991, pendant la 1re guerre du Golfe, il fut radié des cadres de réserve de la Marine nationale pour avoir signé un appel collectif à la désertion et à l’insoumission et demandé à bénéficier d’un statut d’objecteur-réserviste.

En 2004, après un licenciement négocié à Courrier International, Daniel Guerrier partit s’installer à Céret dans les Pyrénées-Orientales, avec sa compagne, et les deux enfants chiliens adoptés par le couple en 2001 et en 2005. Après une période de chômage, il fit valoir ses droits à la retraite en 2010. Toujours actif, il participa à la création du Lieu de rencontre de la gauche en Vallespir, et prit part à la campagne du Front de gauche aux élections régionales de 2010.

Suite à un accident de cheval où il avait eu une jambe fracturée, il s’était ensuite installé à Perpignan où il avait retrouvé de vieux compagnons de lutte dont José Morato, Montsé Turtos et Octavio Alberola et où il continua d’âtre actif dans diverses associations et participait aux fêtes annuelles organisées par la CNTF et/ou les compagnons espagnols.


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