Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PORTE DALMAU, Ramon

Né le 22 juin 1898 à Montblanch (Tarragone) — mort le 24 juin 1996 — Ouvrier agricole — CNT — Montblanch & Barcelone (Catalogne) — Nevers (Nièvre)
Article mis en ligne le 26 juin 2024
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.
Ramon Porte Dalmau

Fils d’un couple de métayers carlistes et catholiques, Ramon Porte Dalmau avait commencé très jeune à travailler dans les champs et parfois sur les chantiers de construction. Il avait également commencé à lire les classiques de l’anarchisme (Bakounine, Élisée Reclus, Malatesta, Kropotkine) et s’était intégré à la CNT.

En 1917, il avait adhéré à la Société des ouvriers agricoles de Montblanch, adhérente à la CNT et entre 1919 et 1923 allait participer aux luttes et grèves et aux congrès régionaux et nationaux de la CNT.

Avec d’autres compagnons — dont Joan Arans, Ricard Fornells, Josep Viadiu, Libertad Ródenas, Formós Plaja, Ángel Pestaña et Valeriano Orobón — il participait aux diverses tournées de conférences et réunions de propagande tenues en Catalogne.

Pendant la dictature de Primo de Rivera, il s’occupa de l’aide aux prisonniers tout en continuant de diffuser la presse anarcho-syndicaliste. En 1929 il fut nommé président du syndicat agricole de la région. Membre en 1930 de l’Esquerra du village, il était parvenu difficilement à acquérir une petite propriété lui permettant d’obtenir une indépendance financière. Marié il était le père de trois enfants (Ramon, Helios et Llibertat).

En juin 1931 il fut délégué au congrès de la CNT tenu à Madrid, puis, en décembre, délégué ae Catalogne au plenum des régionales de la CNT. En septembre 1932, lors du congrès régional des syndicats agricoles de la CNT tenu à Villafanca del Penedes, il fut nommé secrétaire à la propagande, poste dont il démissionna par la suite sur la pression de la FAI.
En 1932 et 1933 il fut l’orateur de nombreuses réunions (Tremp, Sant Sadurní d’Anoia, Vilafranca del Penedès, Vendrell, Montblanc, Torelló, Capellades, Igualada, Montbui et Santa Coloma de Queralt). Après la scission de la CNT, il s’aligna sur les positions trantistes (Juan Peiro) et condamna l’insurrection de Figols de janvier 1932. Il fonda également une petite collectivité agricole regroupant une douzaine de petits propriétaires, métayers et journaliers.

Après la défaite de la révolution d’octobre 1934, il cacha dans une ferme dans la montagne l’ancien cénétiste José Floch (maire de Montblanch et député) et fut arrêté à Montblanch et emprisonné 73 jours sur le bateau prison Manuel Arnús à Tarragone. En avril 1936, il fut nommé sous-secrétaire à la Propagande de la Région Catalane et en mai de la même année, il participa, comme porte-parole des Syndicats de l’Opposition Catalane, au Congrès de Saragosse de la CNT, où il rédigea la motion sur la question agricole.

Lors du coup d’État franquiste de juillet 1936 il fut nommé président. du Comité local des milices antifascistes et en août délégué à l’ordre public. Il fut par la suite rendu responsable de l’exécution le 12 août 1936 de l’évêque auxiliaire Manuel Borràs Ferré et du transfert à Barcelone, sur ordre écrit de Luis Companys, du cardinal de Tarragone Vidal Barraquer qui s’était réfugié à son domicile.

En septembre 1936, il fut délégué au plenum régional des syndicats CNT des paysans tenu à Barcelone où il avait défendu une alliance avec l’Union des Rabassaires et fait adopter une motion permettant aux petits propriétaires de pouvoir cultiver leurs terres au sein de la collectivité.
Nommé secrétaire des syndicats CNT de paysans — qui regroupait alors près de 450.000 membres — il s’installa alors à Barcelone où il allait se consacrer au processus de collectivisation et à la consolidation de l’unité syndicale avec l’Union des Rabassaires et l’UGT. Toutefois, lors du plenum des paysans de février 1937 il dut reconnaître son échec et, notamment après l’offensive stalinienne de mai 1937, fut démis de ses fonctions.

En septembre 1937 il fut nommé représentant de la CNT à la Commission permanente du Conseil agricole de la Generalitat, totalement dominée par la réaction anti-révolutionnaire.

Passé en France lors de la Retirada, il fut semble-t-il ensuite déporté en Algérie — où son fils devait décéder.

A la Libération il s’était installé à Nevers et lors de la scission de la CNT en 1945 avait adhéré à la tendance dite collaborationniste. Avant de réintégrer le secteur orthodoxe en 1950. Après avoir pris sa retraite en 1963 et avoir travaillé dans diverses entreprises, il continua de cultiver un petit lopin de terre. Le 15 décembre 1963, en tant que secrétaire du Noyau Confédéral de Dijon-Nevers, il assiste à l’Assemblée Plénière du Secrétariat Intercontinental (SI) tenue à Toulouse.

En 1984, il donna une conférence au Musée-Archives Montblanch sous le titre « Collectivisations agraires dans le Camp de Tarragone et la Conca de Barberà ». Amoureux de poésie, il collabora à différentes publications libertaires, comme Espoir, Solidaridad Obrera, Terra Lliure, etc.

Ramon Porté Dalmau est décédé le 24 juin 1996, au domicile de ses enfants, à Fourchambault.

IL avait pour compagne Gertrudis Blavi Cartaña.

En décembre 1996 la mairie de Montblanch lui avait rendu hommage en le nommant « fils préféré de la ville ».
Œuvres : — Flores y espinas. Trilogía (1983), ; — La sangre de la tierra (mémoires inédites).


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