
Alphonse Anon (orthographié Hanon dans certains rapports), qui en 1884 avait résidé dans la vallée de la Suippes où il était membre du groupe socialiste, avait résidé en 1887 à Reims où il fut le gérant du journal socialiste révolutionnaire La Défense des travailleurs. Cette même année 1887 il résida également à Venteuil et Chatillon (Marne) où il diffusait Le Père peinard et La Révolte. En 1891 il s’installa à Damery.
Il avait été auparavant l’objet de plusieurs condamnations dont : — le 2 mars 1877, à 6 jours de prison et 50 fr d’amende pour “détention illégale d’engins de chasse prohibés (Tribunal de Laon) ; — le 24 septembre 1881, à 15 jours de prison pour “complicité d’adultère” (Tribunal de Reims).
Alphonse Anon, qui était marié et père de 3 enfants (prénommés Voltaire, Tiberius Gracchus et Kropotkine), était l’imprimeur gérant de l’organe Le Déchard (Damery, 2 numéros les 20 février et 12 mars 1892) tiré à 4.000 exemplaires et dont l’administrateur était Michiels. Il était sous-titré Organe hebdomadaire révolutionnaire de la région est et nord ayant pour rédacteur en chef « Ek Kécsatfoux » (sic). La déclaration de publication au préfet avait été faite par Émile Hyppolyte Godart à Reims. Un « Chant du déchard » demandant à faire soigner magistrats, policiers, banquiers, etc. « par le bon docteur Guillotin » avait été publié dans le numéro 2 de ce journal auquel H. Zisly aurait colaboré.
Le 25 avril 1892, comme de très nombreux compagnons dans toute la France et préventivement à la manifestation du 1er mai, il fut arrêté pour “appartenance à une société de malfaiteurs” mais bénéficia d’un non-lieu.
C’est Anon qui avait organisé à Damery le 11 septembre 1892 une conférence de Henry Dupont sur “socialisme et anarchie” qui valut à ce dernier d’être condamné à 2 ans de prison pour incitation « à la violence et l’assassinat ».
En octobre 1892, les anarchistes de Reims auraient, selon la police, fait part de leur mécontentement envers Anon qui avait reçu « L’argent destiné à faire reparaître Le Déchard » et en aurait « disposé pour son usage personnel ».
En avril 1893, il faisait partie du groupe des « cossiers charpentiers révolutionnaires », toujours à Damery (cf. La Révolte, 8 avril 1893). En 1894 un rapport de police le qualifiait de « socialiste révolutionnaire pas dangereux ».
Il y a sans doute identité avec Anon qui adhéra par la suite au Parti communiste. Gérant de L’Enchaîné, journal communiste du Nord, Anon était, pour ce motif, emprisonné à Loos en 1930. après avoir été condamné en juillet 1930 à 3 mois de prison et 2000 francs d’amende. Il est décédé le 18 avril 1934 à l’hospice de Seclin.