Willi Jelinek était dans les années 1930 membre de la FAUD et de l’union générale des travailleurs de Zwickau ville industrielle de Saxe, non loin de Chemnitz et de la frontière tchécoslovaque. Il collaborait alors au journal Proletarischer Zeitgeist qui regroupait les révolutionnaires anti autoritaires.
Après la prise de pouvoir par les nazis, il fuut l’objet d’incessantes persécutions par la Gestapo. et fut interné en camp.
Après la seconde guerre mondiale il était l’un des six survivants du groupe (27 d’entre eux avaient été assassinés par la Gestapo) et se trouvait en zone d’occupation russe où il tentait de relancer le mouvement libertaire à Zwickau et rétablissait des contacts avec de nombreux camarades tants à l’est qu’à l’ouest (en particulier avec W. Huppertz). Lorsque les autorités russes avaient tenté d’impulser la fusion du SPD et du KPD pour créer le SED (Parti socialiste unifié), camouflage du parti communiste, il avait dénoncé cette manœuvre en ces termes « Le parti communiste joue le rôle du renard qui veut vaincre la peur du lièvre en faisant semblant d’être devenu végétarien » et condamnait toute participation des anarchistes à un bloc socialiste-communiste. En juin 1946 il parvenait à réorganiser un cercle à Zwickau. Elu par 95% des ouvriers comme président du comité d’entreprise de son usine, les communistes tentaient de l’éliminer de ce poste, bien qu’il ait adhéré à la centrale syndicale communiste. Fin 1947 il travailla à une brochure dénonçant la dictature du prolétariat qui ne put pas être publiée en République Démocratique d’Allemagne. Etroitement surveillé il prit la précaution, avant d’être arrêté, de transmettre la liste des anciens abonnés de Zeitgeist au vieux compagnon de Mulheim Willy Huppertz.
Le 10 novembre 1948, il était arrêté par les russes avec sa femme, qui à sa libération, retrouvera son ligement vidé de tout mobilier et réquisitionné, et son gendre qui disparut sans laisser de traces. D’autre part un mouchard se faisant passer pour un anarchiste se fit remettre par Huppertz la liste des anciens abonnés ; ces derniers étaient convoqués à une soi-disant réunion à Leipzig et arrêtés. En tout 45 personnés avaient été arrêtés lors de cette rafle qui sera suivie d’une seconde vague d’arrestations au printemps 1949.
Jelinek avait été interné à Dresde puis transféré à l’ancien camp de concentration de Sachsenhausen où il retrouvait plusieurs compagnons et parvenait à organiser un petit groupe clandestin. Il était ensuite transféré au camp de Bautzen. Lors des révoltes survenues dans le camp les 13 et 30 mars 1950, il parvenait à transmettre en Allemagne de l’ouest des informations et un « appel à la Croix rouge, la ligue des droits de l’homme, à tous les démocrates, à tous les hommes du monde libre » sur la situation misérable des milliers de détenus des camps de Bautzen et Torgau. Le 24 mars 1952 Jelinek était déclaré « décédé » au camp de Bautzen. Il avait sans doute été assassiné, d’autant, que selon des témoignages, dont celui de sa fille qui était venue le voir quatre jours avant, il semblait en bonne santé.