Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

JOVER CORTES, Gregorio « GORI” ; “EL CHINO” ; “Pascual GOMEZ” ; “Victorio REJETTO” ; “SERRANO »

Né à Teruel le 25 octobre 1892 — mort en janvier 1964 — Ouvrier matelassier ; ébéniste — FAI — MLE — CNT — Barcelone (Catalogne) — Paris — Béziers (Hérault) — Belgique — Mexico
Article mis en ligne le 23 janvier 2008
dernière modification le 1er novembre 2024

par R.D.
Gregorio Jover Cortes (1927)

Gregprio Jover Cortés Gori (et El Chino) avait émigré encore enfant à Valence où il apprit le métier de matelassier et adhéra, semble-t-il aux Jeunesses Socialistes avant de s’intégrer aux groupes anarchistes. Vers 1911, il émigrait à Barcelone où il adhérait à la CNT de la branche du bois et aux groupes de défense. En 1920-1921, suite à son activisme, il devait quitter Barcelone pour échapper à la répression et retournait quelques mois à Valence. Revenu à Barcelone, il était nommé délégué du syndicat du bois au Comité régional catalan tout en appartenant avec entre autres Manuel Bermejo et José Claramonte Gomez au groupe d’action Los Valencianos. Le 12 août 1923 il participait au congrès régional de la CNT tenu à Manresa où il refusa le poste de secrétaire, prétextant qu’il était analphabète. C’est au cours de ce congrès que se produisit le coup d’État de Primo de Rivera.

Passé en France, il allait alors adhérer à Paris au groupe d’action Los Solidarios (B. Durruti, J. Garcia Oliver, F. Ascaso, etc) et servir d’agent de liaison entre l’exil et l’intérieur. C’est au cours d’une de ces missions que le 24 mars 1924 il était arrêté à Barcelone, mais parvenait à s’évader et à gagner Paris. Il fut l’un des organisateurs de l’expédition manquée de Vera de la Bidassoa (7 novembre 1924) et de la tentative d’assaut de la caserne Atarazanas (24 novembre 1924). Objet d’une mesure d’expulsion, il suivit ensuite Durruti et Ascaso en Amérique latine (Mexique, Cuba, Argentine, Chili, 1925-1926) où il participait, en particulier à Mexico avec Alejandro Ascaso et M. Garcia Vivancos, à diverses « expropriations », à la fondation d’écoles et au soutien du mouvement anarcho-syndicaliste.

Revenu en France en avril 1926, sous le nom de Victorio Rejetto, il participait en juin avec Durruti et Ascaso à la tentative d’attentat contre le roi Alphonse XIII. Arrêté avec ces derniers en juin 1926 il était condamné en octobre à 2 mois de prison. Détenu pendant un mois il serait ensuite aller à Béziers où il travaillait comme ébéniste. Toutefois début 1927 et suite à la demande d’extradition des autorités argentines, il était à la prison de la Santé où début février il entamait une grève de la faim avec Durruti et Ascaso. Suite à la campagne menée notamment par Louis Lecoin et l’Union anarchiste, tous trois furent finalement libérés
à la mi juillet 1927. Il fut par la suite expulsé en Belgique comme ses compagnons.

Retourné en Espagne avant même la chute de Primo de Rivera, il allait, au début de la République, présider la Maison du peuple de Santa Coloma. Il vivait alors sous le nom de Pascual Gomez. A partir de novembre 1932 il fut membre du comité du syndicat du métal de Barcelone. Membre du groupe d’action Nosotros (B. Durruti, F. Ascaso, J. Garcia Oliver, etc.) il allait très vite mettre en pratique les thèses de la « gymnastique révolutionnaire » défendues par Garcia Oliver et participer aux diverses insurrections libertaires de l’époque, ce qui lui valu plusieurs séjours en prison en particulier après l’insurrection de janvier 1933.

Gregorio Jover Cortes (1937)

En juillet 1936 il était président du syndicat CNT du textile, membre du Comité de défense de Barcelone et après avoir participé aux combats de rue, a été avec M. Garcia Vivancos le responsable de la Colonne Los Aguiluchos. Après la militarisation il sera nomme lieutenant colonel de la 28e Division qui allait combattre en Aragon, à Teruel, au Levant, en Estrémadure et au Centre, puis du Xe Corps de l’armée de l’est.

Exilé en France lors de la Retirada, il passait par Bourg-Madame le 10 février 1939 et, sous prétexte qu’il avait été expulsé de France douze ans avant était arrêté et était interné pendant 41 jours à la prison de Perpignan dont il fut libéré le 4 avril après avoir été condamné à 15 jours de prison. Il était ensuite au centre d’accueil de Vernet-les-Bains jusqu’au 10 juillet 1939 où il recevait l’autorisation du sous-préfet de Prades de résider à Ria (Pyrénées-Orientales). A Ria il recevait par mandat-carte des subventions mensuelles de 2.000F envoyées par le Servicio de Evacuación de los Republicanos Españoles (SERE). En octobre 1939 la police l’identifiait comme étant le Gregorio Jover ayant été expulsé en 1925 et l’internait le 18 octobre au camp de Saint-Cyprien. Puis il parvenait à s’embarquer pour Saint-Domingue puis gagnait Mexico où il participait avec J. Garcia Oliver à la fondation du Partido Obrero del Trabajo (POT). Lié au secteur collaborationniste, il fut secrétaire de la sous délégation de la CNT au Mexique, puis du Comité de relations et d’aide au nom duquel il demanda en 1945 à Giral l’entrée de la CNT dans le gouvernement républicain en exil. Déçu par l’évolution du mouvement libertaire, il se rapprochait au début des années 1950 du parti communiste et avec Manuel Rivas et Gil Roldan participait au groupe Unidad (exclu de la CNT) et éditait un journal, qui malgré son anagramme confédéral, défendait la ligne du parti. Toutefois il semblerait qu’à la fin de sa vie, il ait renoué avec ses idéaux anarcho-syndicalistes. Gregorio Jover Cortés est mort à Mexico en janvier 1964.

Gregorio Jover était le compagnon de Nieves Castella dont il eut deux enfants : Emma (née en 1923) et Liberto (né en 1924).


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